André Gide a un jour écrit que choisir c'était renoncer. En ce moment, l'entraîneur de l'USAMSM Frédéric Reculeau pense certainement la même chose même s'il n'a finalement pas vraiment de choix à opérer. Gardien n°1 de la maison avranchinaise depuis 2014, Anthony Beuve est en effet sur le retour après avoir manqué tout le début de saison. Inévitablement, l'intérimaire Brice Cognard va désormais devoir prendre place sur le banc. "Les choses étaient claires, on a eu le mérite d'être transparents dès le départ", indique le coach de 48 ans. "On avait dit à Brice qu'il aurait un temps de jeu plus ou moins long selon la durée de la convalescence d'Antho". Ce contrat moral sera bien évidemment respecté alors que l'échange de positions entre les deux portiers intervient plus tard que prévu. "Ça a été plus long que je l'espérais", confie Anthony Beuve. "Même si la phase de réathlétisation s'est bien passée, c'était frustrant et ça m'a un peu coupé de l'équipe et des nouveaux joueurs".
Si le retour de l'ancien gardien de l'AS Cannes est une excellente nouvelle pour l'ensemble du club et des suiveurs, difficile de ne pas avoir un pincement au cœur en voyant Brice Cognard disparaître prochainement du onze de départ. "Brice aurait eu besoin d'un peu plus de temps pour être encore plus performant, ça m'embête qu'il sorte", reconnaît Frédéric Reculeau. "Mais la satisfaction est là, c'est un garçon qui s'est montré à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre sur ce début de championnat, on a pris un garçon mature par rapport à son âge".
Pour le principal intéressé, conscient que son statut de titulaire comportait une date butoir, le retour d'Anthony Beuve est aussi l'occasion de contempler le travail accompli depuis l'été. "Je suis globalement très satisfait des matches que j'ai pu jouer", explique Brice Cognard. "J'avançais un peu à l'aveugle car je ne connaissais pas ce niveau-là malgré mon expérience en National 2. Je suis content et heureux d'avoir pu m'exprimer et montrer ce que j'ai pu faire. Ce serait mentir de dire que je ne suis pas déçu mais j'ai signé en connaissance de cause". Placé dans le viseur avranchinais par le recruteur Romain Muriel, l'ancien portier de Poissy aurait dû avoir l'occasion de garder les cages manchoises une ultime fois, ce lundi soir, contre Le Mans mais un forfait de dernière minute l'en privera finalement. Qu'à cela ne tienne, le joueur de 30 ans se tient prêt pour sa future mission : rester vif et affuté. Car le football est tellement imprévisible qu'un numéro 2 peut être sollicité à tout moment, que ce soit en semaine ou en plein match.
Le retour du patron Beuve arrive à point nommé
C'est donc dès ce lundi soir et non pas lors du déplacement d'Avranches à Bourg-en-Bresse, vendredi 4 décembre comme c'était initialement prévu, que les supporters de l'USAMSM devraient retrouver l'un de leurs chouchous. Anthony Beuve pèse tout de même 171 apparitions sous le maillot manchois et il fait véritablement partie des meubles au club, au même titre que Charles Boateng. "Il y a beaucoup de choses qui sont déjà acquises par Anthony qui ne l'étaient logiquement pas par Brice", réagit Frédéric Reculeau. "Au-delà de son leadership naturel et ce qu'il peut dégager, il a aussi cette maîtrise de jeu dont il bénéficie évidemment grâce au temps déjà passé ensemble". Peut-être moins souveraine que son aînée mentalement, l'armada avranchinaise 2020-2021 pourra forcément bénéficier de la sérénité de son gardien même si celui-ci concède avoir du temps à rattraper. "Avec la Covid, ma rééducation à Clairefontaine, j'étais peu présent au club contrairement à mon habitude", dit-il. "Les nouveaux joueurs, j'apprends à les connaître en ce moment, des prénoms m'échappent même encore parfois".
à les connaître,
des prénoms m'échappent encore parfois"
Depuis plus d'un mois, le partenaire privilégié d'Anthony Beuve s'appelle par ailleurs... Brice Cognard. Les deux hommes ont partagé des séances spécifiques avant que le natif d'Eaubonne ne retrouve tout le groupe la semaine passée. "Notre relation est cordiale, on se tire la bourre dans le bon sens du terme aux entraînements", explique l'intérimaire qui compte désormais tout faire pour apprendre de son coéquipier. "Mon idée en signant à Avranches, c'était aussi d'apprendre d'un très bon gardien comme Anthony et depuis qu'il est revenu, je suis comme une éponge, j'absorbe tout ce qu'il peut faire".
Au final, Anthony Beuve revient avec extrêmement d'humilité malgré son statut d'indéboulonnable. Alors que l'équipe a glissé vers le bas de tableau, l'ex-portier ruthénois sait la mission qui sera la sienne ainsi que celle de ses coéquipiers. "Avec les conditions sanitaires, je n'ai pas pu jouer avec la réserve pour gratter du temps de jeu, j'espère que tout se passera bien car on est sur une série un peu inquiétante, il nous faut un nouvel élan". Une chose est certaine, les 12 matches qu'a joué Brice Cognard ne signeront pas la fin de son rôle dans l'histoire. "C'est un super mec", lâche Anthony Beuve. "Même sans mes conseils, il a assuré et il a eu la chance d'avoir un entraîneur des gardiens (Arnaud Dodard). Je serai aussi à l'écoute de ce qu'il peut me dire pour m'aider à revenir en forme". Si d'aventure les règles du football évoluaient demain et permettaient à un entraîneur d'aligner deux gardiens, il est évident que Frédéric Reculeau n'hésiterait pas une seconde à associer Brice Cognard au revenant Anthony Beuve.
> N1. J14 - US Avranches (13e - 16 points) / Le Mans FC (14e - 14 points), lundi 30 novembre à 18 h 45 au Stade René-Fenouillère
Anthony Beuve a les épaules
Le gardien n°1 de l'US Avranches voit enfin le bout du tunnel, lui qui aura été victime d'une bien vilaine blessure à l'épaule voilà bientôt un an. "Je devais me faire opérer d'un tendon sectionné et il s'est avéré lors de l'opération que j'en avais trois de touchés", détaille-t-il. "J'ai pu jouer deux mois avec ça et le chirurgien n'en revenait absolument pas". Sentant que son équipe avait un bon coup à jouer dans la course à la montée la saison dernière, le « Chat », comme on le surnomme, avait fait le choix de serrer les dents quelques semaines. "Le délai était le même avec un tendon ou trois, c'était ma première blessure due à une lourde chute sur le synthétique", conclut-il, ravi de retrouver ses sensations et de revenir enfin à la compétition.
Aurélien RENAULT