Chaque mois, nous allons à la rencontre de l'un des espoirs du Stade Malherbe, qu'il soit déjà un titulaire en puissance de l'équipe première, un néo-professionnel en quête de temps de jeu ou un jeune de la réserve à qui l'on prédit un bel avenir. On parle de foot mais pas que…
La ville : Granville
"Sébastien Perrier m'a appris le foot"
Avant de poser ses valises au Stade Malherbe en 2017, Johann Lepenant n'avait défendu les couleurs que d'un seul club : Granville. "J'en garde de super souvenirs. C'est là-bas que j'ai commencé le foot à quatre ans et demi", témoigne le Manchois baigné dès le plus jeune âge dans l'univers du ballon rond. Il faut dire que le milieu de terrain a de qui tenir avec un papa, Ludovic, ancien joueur et entraîneur à l'USG. "Je l'accompagnais. Il a même été mon coach au début". Bien qu'il vive désormais à Caen, Johann Lepenant n'a pas rompu le lien avec ses racines. "Dès que j'ai du temps libre, j'y retourne, pour voir mes amis et mes éducateurs". Et plus particulièrement l'un d'entre eux : Sébastien Perrier. "Il m'a suivi des U11 aux U15", raconte celui qui est également passé par le pôle espoirs de Ploufragan (Côtes-d'Armor). "En quelque sorte, Sébastien m'a appris le foot, il m'a fait progresser. Je le respecte énormément pour ce qu'il m'a apporté". Le n°12 des « Rouge et Bleu » n'a, d'ailleurs, pas la mémoire courte. Quand son ex-entraîneur l'a sollicité pour devenir le parrain de la section sportive collège à Granville ; une structure qu'il a fréquentée quelques années auparavant, Johann Lepenant a immédiatement répondu favorablement.
Une personne qui compte : son petit frère, Tom
"Je pense qu'il ne me battra jamais à FIFA"
Dans la famille Lepenant, Johann n'est pas le seul à qui l'on prédit une belle carrière. Son frère cadet, Tom (15 ans), un poil plus offensif sur le terrain, marche sur ses traces. Début à Granville, centre de formation à Malherbe, internationaux en équipe de France jeunes… Les deux « frangins » possèdent de nombreux points communs. "Avec mon frère, on est très proches depuis qu'on est tout petit. On joue au foot ensemble, on regarde des matches ensemble, on partage les mêmes délires", lance l'aîné qui conserve l'ascendant… sur FIFA, la célèbre simulation sur console vidéo. "Il essaye, il essaye… Mais je pense qu'il ne me battra jamais (rires)". Deux frères soutenus de manière inconditionnelle par leurs parents : Lara et Ludovic. "Ils assistent à tous mes matches. Quand j'ai participé à l'Euro (U17) en Irlande et à la Coupe du Monde (U18) au Brésil, ils sont venus. C'est important d'avoir sa famille autour des terrains. Quand on est allés en demi-finale du Mondial (en novembre 2019, défaite 3-2 contre le Brésil, le pays hôte), ils étaient très contents pour moi mais l'inverse était aussi vrai. C'est également pour eux que je veux réaliser des bonnes prestations".
Sa particularité : sa précocité
"Le contrat pro, ça ne reste qu'un papier"
Dans l'environnement du SMC, on n'a pas attendu que Johann Lepenant effectue son baptême du feu avec l'équipe de Pascal Dupraz, mi-septembre (J3. à Rodez, victoire 3-0), pour entendre parler de lui. Pendant longtemps, le Granvillais a eu un temps d'avance. En atteste : son premier contrat « pro » paraphé à 16 ans et quatre mois. Dans l'histoire du club caennais, seul Mbaye Niang s'est montré plus précoce. Une signature qui a forcément augmenté les attentes autour du jeune milieu défensif, surtout avec cette étiquette de joueur 100% normand. Toutefois, l'intéressé se défend de ressentir "une pression particulière". "Je suis assez tranquille, posé. Je suis concentré sur mes objectifs. Vous savez, le contrat pro, c'est vrai que c'est bien pour ma famille et pour moi. C'est une marque de confiance de la part du club mais au final, ça ne reste qu'un papier. Le plus important, c'est ce qu'il se passe sur le terrain", ne perd pas de vue Johann Lepenant qui reconnaît, néanmoins, que le regard de certaines personnes a changé avec ce nouveau statut.
Le style de jeu : un milieu à l'ancienne
"J'aime bien N'Golo Kanté. Il récupère, il joue simple, il est discret"
Replacement des partenaires du geste ou de la voix, petite faute « intelligente » pour interrompre la remontée du ballon de l'adversaire, jeu simple en une ou deux touches… En observant les prestations de Johann Lepenant, l'impression se dégage de faire face à un joueur « à l'ancienne » avec déjà 15 ans de métier derrière lui. "Je suis d'accord. D'ailleurs, vous n'êtes pas le seul à me le faire remarquer. Tous mes coéquipiers, y compris en équipe de France, m'appellent Lampard* pour rigoler", confie celui qui cultive une certaine ressemblance avec l'un de ses prestigieux prédécesseurs sous le maillot « Rouge et Bleu » : N'Golo Kanté. "Je l'aime bien. Il récupère beaucoup de ballons, il joue simple, il est discret". Avant d'ajouter : "C'est sûr que vous n'allez pas me voir fixer mon adversaire puis dribbler. Ce n'est pas mon truc. Je laisse ça à Kélian (Nsona). Je suis plus dans le circuit de passes : récupérer, gagner mes duels, être propre sur ma première touche… Je suis aussi focalisé sur l'aspect tactique de l'équipe, lui permettre de garder un équilibre, assurer la couverture…". Un poste à responsabilité qui pourrait en intimider plus d'un, surtout avec des collègues qui ont pratiquement le double de son âge. "Quand tu es sur le terrain, tu ne penses pas à ça. C'est primordial de communiquer, encore plus au milieu. De toute façon, si tu le fais, c'est pour aider ton équipe".
*Entraîneur de Chelsea il y a encore quelques semaines, Franck Lampard (42 ans) a tout remporté durant sa carrière de joueur, effectuée dans un rôle de milieu de terrain : Ligue des Champions, Ligue Europa, championnat et coupe d'Angleterre… Il fut également international anglais à 106 reprises.
Les études : le bac en juin
"Au fond de moi, je sais que ça va être compliqué"
Contrairement à la plupart de ses coéquipiers, l'emploi du temps de Johann Lepenant n'est pas uniquement consacré au ballon rond. Du haut de ses 18 ans, le n°12 des « Rouge et Bleu » est toujours scolarisé. Lycéen en Terminale, il prépare un bac pro commerce pour le mois de juin. Problème, avec des séances quotidiennes, difficile pour ne pas dire impossible de caser les cours dans son agenda. "Quand tu as bien cravaché à l'entraînement, ce n'est pas toujours facile de se concentrer sur l'école. Surtout que je n'ai pas encore le permis (il est en train de le passer). Il faut que je me rende au lycée en bus et ce n'est pas à côté. J'en ai pour 20-30'. Ça demande toute une organisation", explique-t-il. Conséquence, le Manchois assiste à très peu de cours. "Je les récupère et il faut que je les bosse chez moi le soir. On a une aide au centre de formation. J'essaye de suivre mais ce n'est pas évident. Ça ne me stresse pas trop même si au fond de moi, je sais que ça va être compliqué".
> L2. J25 - SM Caen / Niort, samedi 13 février à 19 heures au Stade Michel-d'Ornano.
Johann Lepenant
> Né le 22 octobre 2002 (18 ans) à Granville (Manche).
> Milieu de terrain. Droitier. 1,76 m pour 71 kg.
> Parcours : Granville (jusqu'en 2017), SM Caen (2017 -…).
> Sous contrat jusqu'en 2023.
> International en équipe de France jeunes (U16-U17-U18).