Il y a une semaine, la FFF a communiqué sur la reprise du N2 et de la D2 Féminine. Qu'en est-il pour les autres championnats, à l'arrêt depuis la fin octobre à cause du contexte sanitaire ?
"Si on a une réponse positive dans les prochains jours, je pense que c'est possible de terminer la phase aller de certains championnats. Maintenant, la saison se finit fin juin, voire fin mai dans beaucoup de cas. Quand vous regardez le calendrier, il y a déjà des compétitions qui ne pourront pas aller à leur terme. On commence à être juste niveau temps. A un moment, il faudra bien prendre des décisions... Si début mars, on ne peut pas reprendre, il faudra bien réfléchir à autre chose. Si les championnats ne reprennent pas, il n'y aura pas d'autre solution que la saison blanche".
Quand vous dites « Il faudra bien réfléchir à autre chose », à quoi pensez-vous ?
"Peut-être qu'on pourra reprendre une pratique mais sans la compétition officielle. Les clubs pourront organiser des tournois de jeunes, interrégionaux. On les laissera décider, être créatifs. L'idée, c'est de revivre, de rouvrir les portes des stades, que les bénévoles reviennent. Je crois que les gens ont envie de se retrouver".
Entendez-vous la frustration des clubs, de leurs licenciés, des jeunes qui sont privés de matches depuis quatre mois ?
"Je la comprends. Tout le monde souhaite jouer, les jeunes notamment. Les gamins ne comprennent pas qu'on ne les fasse pas jouer. C'est un handicap très lourd. Je vous assure que si on pouvait autoriser les matches, on le ferait. On reprendra dès que possible, quand le ministère nous donnera le feu vert. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus. La covid, qui l'a inventée ? Ce n'est pas vous (en s'adressant aux journalistes), ni moi. Bien sûr, on souhaite tous que cette maladie disparaisse. Mais aujourd'hui, c'est la covid qui dirige le sport français. Ce n'est pas la Fédé qui dirige le football, c'est le virus. Notre liberté d’action est relativement modeste. On ne peut prendre aucun risque avec la santé des joueurs et de leurs familles. Quand on voit les dégâts occasionnés par cette maladie depuis le mois de mars (2020). La priorité, c'est de rester discipliné".
"L'équipe de France ne viendra pas en Normandie avant la Coupe du Monde au Qatar"
Alors que Pierre Leresteux en avait exprimé le souhait il y a quelques mois, l'équipe de France ne devrait pas disputer de rencontre en Normandie avant plusieurs années. "Ça se fera mais pas dans les délais prévus initialement. On a pris du retard (avec la Covid-19). Jusqu'à la Coupe du Monde au Qatar (novembre - décembre 2022), on ne va disputer que des matches officiels, sachant qu'on en doit quatre par an au Stade de France", explique Noël Le Graët, le président de la FFF. Pour rappel, la dernière prestation des Bleus dans notre région remonte en août... 2012, au Stade Océane, au Havre. Les hommes de Didier Deschamps, pour sa première sur le banc tricolore, avaient été tenus en échec par l'Uruguay (0-0).
Quels sont les retours du ministère des Sports ?
"On est en contact en permanence. Le ministère des Sports souhaiterait nous donner satisfaction. Mais au-dessus, il y a le ministère de la Santé à qui revient toujours la décision finale. Il nous est arrivé de trouver des accords au niveau du sport et la Santé nous a dit niet. Du coup, on oublie".
Alors que tous les événements sportifs se déroulent à huis clos dans notre pays depuis la fin octobre(1), vous avez émis le souhait, en début de semaine, qu'il y ait du public pour France - Ukraine qui doit se tenir le 24 mars, au Stade de France...
"J'ai demandé 30%. Le Stade de France a une capacité de 80 000 places avec 18 portes d'entrées. Pour accueillir 24 000 personnes, je pense que c'est jouable. Mais on ne fera pas toute une histoire si c'est non. On s'adapte à toutes les décisions du ministère des Sports".
Récemment, les clubs normands ont reçu un courrier indiquant qu'en raison de la crise sanitaire et de ses conséquences, le FAFA(2) (Fonds d'aide au football amateur) allait être divisé par cinq ou six la saison prochaine...
"La Fédération tiendra tous ses engagements votés lors de la dernière assemblée générale en juin (2020) qui courent jusqu'en juin de cette année. La difficulté, elle réside pour la saison prochaine. Il existe encore de nombreuses incertitudes. Il faut savoir que chaque match à huis clos de l'équipe de France représente une perte de 2 M€. Et elle n'a plus joué devant du public depuis novembre 2019. Ensuite, il ne vous a pas échappé que la Ligue (de football professionnel) a subi un important revers avec une chaîne de TV (Mediapro). Elle a perdu 400 M€. Cela impacte directement la Fédération car on a un accord avec la Ligue(3). C'est une somme non-négligeable, 16 M€ à destination du FAFA que pour le moment, on n'a pas. Quoi qu'il en soit, on fera le maximum pour donner satisfaction à l'ensemble du territoire. Il n'est pas question de supprimer quoi que ce soit pour les amateurs. Il y a sûrement d'autres économies à faire. Et puis, la Covid ne va pas durer éternellement. Il faut passer l'été et espérer redémarrer la saison prochaine dans de meilleures conditions".
Vous faites référence à la défaillance de Mediapro. Celle-ci a également un impact sur les pensionnaires des championnats de National 1 et de D1 Féminine qui devaient percevoir une part de ces droits TV (respectivement 5 et 6 M€). La FFF est-elle en mesure d'aider ces clubs ?
"Si vous ne me parlez que d'argent, mes réponses vont être courtes (sourire). On voudrait bien pouvoir en inventer (de l'argent). Au niveau de la Fédération, on a déjà versé une bonne partie de ce qui était prévu aux équipes de D1 Féminine et de National. Les pros avaient voté des sommes importantes. Pour le moment, cela ne va pas dépasser 3 M€ pour ces deux championnats (selon nos informations, plus aucune subvention n'est prévue). La Ligue (LFP) ne peut plus, elle n'a plus d'argent. S'il reste des fonds de tiroir, on fera en sorte de faire quelque chose mais ça risque d'être très compliqué".
(1)Ministre des Sports, Roxana Maracineanu a indiqué vouloir organiser des matches tests pour le retour du public dans les enceintes sportives. Toutefois, aucun calendrier n'a été communiqué.
(2)En 2020, le FAFA avait soutenu pour 580 000 € de projets d'équipement en Normandie (terrains synthétique, vestiaire, mini-bus...).
(3)2,5% du montant des droits TV du foot pro sont reversés à la FFF pour soutenir le milieu amateur.
"J'ai des jeunes dans mon équipe prêts à prendre la suite"
Après Frédéric Thiriez et Michel Moulin, les deux autres prétendants à l'élection à la présidence de la FFF (le 13 mars), Noël Le Graët a fait étape, ce jeudi, avec une partie de son équipe (Brigitte Henriques, Laura Georges...), à Lisieux, siège de la Ligue de Normandie. Président sortant, l'ancien dirigeant de Guingamp brigue un quatrième mandat à la tête de l'instance nationale qu'il dirige depuis 2011. "J'avais envie", répond simplement ce dernier quand on lui demande les raisons de sa candidature. "Je ne pense pas que ça soit le moment de passer la main. Avouez que la période est difficile. On passe plus de temps dans les ministères que sur les terrains de foot". Toutefois, Noël Le Graët, 79 ans au compteur, songe à sa succession. "J'ai des jeunes dans mon équipe comme Marc Keller (le président de Strasbourg). Ils sont prêts à prendre la suite rapidement s'il le faut".