La succession de Fabrice Tardy à la présidence
"Pourquoi irions-nous chercher des personnes extérieures ?"
"Tout d’abord, je voudrais rendre hommage à Fabrice Tardy. On se connaît depuis 20 ans. J’entretiens de très bonnes relations avec lui. J’espère qu’il restera à nos côtés, d’une manière ou d’une autre. Après, il nous a envoyé une lettre où il nous a fait part de sa démission. Il y a dix ans, je ne vais pas vous cacher que je rêvais d’être président du FC Rouen. J’étais un jeune loup. Aujourd’hui, il se peut que je devienne l’actionnaire majoritaire si les statuts du club et le droit de préemption(1) sont respectés. Et je ne vois pas comment ça pourrait en être autrement compte tenu du pacte d’associés qu’on a signé il y a seulement 20 mois (à la création de la SAS). Ce n’est pas parce que Fabrice Tardy donne sa démission que certains peuvent changer les règles sous prétexte que le possible repreneur ne leur convient pas. Ça ne fonctionne pas ainsi. Pourquoi irions-nous chercher des personnes extérieures ?
Mais si je deviens actionnaire principal du FC Rouen, je n’en serais pas le président. Ma volonté est d’apaiser la situation et certains me trouvent trop clivant. Je pense qu’ils me connaissent mal. Je ne cherche pas le pouvoir pour le pouvoir mais afin de faire avancer le club. Les gens qui pensent que j’ai un ego surdimensionné se trompent totalement. Ils vont en avoir la preuve. J’aurai un rôle qui sera à déterminer dans le club. C’est mon ami de longue date, Maximilien De Wailly (également actionnaire de la SAS à hauteur de 7%) qui endossera le costume de président. Vous savez, comme tout le monde, on sera jugés sur nos résultats. Je donne rendez-vous à tout le monde dans deux-trois ans".
(1)Dans le cas où l’actionnaire principal du FCR, soi Fabrice Tardy qui possède 51% du capital (pour une valeur nominale de 302 500 €), souhaite vendre ses parts, les autres actionnaires seraient prioritaires pour lui racheter selon les statuts de la SAS. Cette interprétation des statuts n’est pas partagée par tous les acteurs de ce dossier. Pour eux, le président du club rouennais a le choix de céder ses parts à un investisseur extérieur.
La situation financière du club
"A la fin de cette saison, le FC Rouen aura des capitaux propres largement positifs"
"Financièrement, avec Fabrice Tardy, on nous reproche tous les maux. Quand on écoute certains, on a l’impression que le FC Rouen est en faillite, qu’il va droit vers un dépôt de bilan. Ils se trompent. Si le FC Rouen allait si mal que certains veulent bien le dire, il y aurait des retards de salaires, des fournisseurs non payés… Est-ce que vous avez entendu parler de ça ? Non. Je tiens à rappeler qu’on a terminé le précédent exercice (2019-2020) de la SAS dans le positif (avec un budget déficitaire de 112 000 € compensé par des fonds propres à hauteur de 292 000 € selon le rapport de la DNCG). Certains me diront que c’est grâce à la Covid (référence aux indemnités de chômage partiel pour les joueurs suite à l’arrêt du championnat). Moi, je répondrai que dans le même temps, on a perdu environ 150-200 000 € de billetterie et de nombreux partenariats d’entreprises.
Et à la fin de cette saison, je peux vous assurer que le FC Rouen aura des capitaux propres largement positifs, de plusieurs centaines de milliers d’euros. On passera sans problème devant la DNCG. Après, je reconnais qu’on a commis quelques erreurs. C’est vrai, on a envoyé les comptes avec du retard (la veille de l’audition). C’est pourquoi on nous a infligé une amende de 750 € mais le club n’est pas en danger. Pour moi, c’est une tentative de déstabilisation du club. Mais les gens qui font ça ne comprennent pas qu’ils font avant tout du mal au FC Rouen. Ils donnent une image déplorable du club, il le fragilise. Maintenant, à écouter certains supporters, ils voudraient que tous les matches soient gratuits, ne rien payer et que le club ait des comptes équilibrés. En France, on n’a pas cette culture allemande ou anglaise. Pendant ce temps-là, nous, les dirigeants, on doit se débrouiller. Mais l’argent ne tombe pas du ciel. En face des dépenses, il faut des recettes. Et quand on veut augmenter les places d’un euro ou augmenter le tarif sur des matches de Coupe de France, on nous traite de voleur".
L’hostilité d’une partie des supporters à son égard
"Est-ce qu’on peut m’apporter une preuve pour étayer cette soi-disant mauvaise réputation ?"
"Est-ce que ces gens qui me critiquent ont déjà discuté avec moi ? Juger sans connaître ce n’est pas correct. Et je ne parle pas juste de se croiser au stade un samedi, un soir de match. Je ne pense pas que les supporters qui ont déjà eu l’occasion d’échanger avec moi aient ce point de vue. Depuis 2018 (date de son retour au FCR), qu’est-ce que j’ai fait de mal ? La première saison, le club est passé de CFA2 en CFA. La saison dernière, on a fait un peu rêver les gens avec notre parcours en Coupe de France, notre 1/16e de finale. On était aussi bien placés pour monter avant l’arrêt du championnat (à cause de la crise sanitaire). Ne vous trompez pas, je ne m’attribue pas ces résultats mais je ne comprends pas pourquoi on raconte toutes ces conneries sur moi.
On me dit que j’ai mauvaise réputation. Mais à cause de qui, de quoi ? Est-ce qu’on peut m’apporter une preuve pour étayer cette soi-disant mauvaise réputation ? On va encore me parler d’Oissel (où il a été président entre 2015 et 2017) et du trou que j’aurais laissé en partant. Mais si c’était vrai, comment le club serait passé devant la DNCG ? Comme il serait monté la saison suivante (en N2) ? Qu’est-ce qu’on raconte d’autres sur moi ? Ah oui, que depuis deux ans, c’est moi qui fais l’équipe. Vous n’avez qu’à appeler David Giguel (l’entraîneur) pour vérifier. Personnellement, je prône l’union sacrée. Avec les supporters, on a un point commun, c’est notre amour pour le FC Rouen. On a la chance d’avoir un beau public, un grand public mais j’estime que chacun doit rester à sa place. Et puis il y a deux ans, quand il a fallu constituer un capital de 400 000 € pour constituer la SAS alors que le club était en CFA2, il n’y avait pas grand-monde. J’ai mis 100 000 € et encore 50 000 € derrière. Il faut que les gens s’en souviennent. Aujourd’hui, quand j’entends : « Maarek, barres-toi », je trouve ça un peu facile. Sous prétexte qu’un investisseur me proposerait trois fois le montant de mes parts, je devrais partir. Mais mes parts ne seront jamais à vendre. Je suis revenu, je ne partirai plus(2)".
(2)Charles Maarek a été membre du Comité directeur du FC Rouen dans les années 2010.