A l’arrêt sportivement depuis des mois à cause de la crise sanitaire, le FC Rouen fait parler de lui en coulisses. Et une question brûle les lèvres de tous les amoureux des « Diables Rouges » : qui sera le prochain « patron » de leur club ? Depuis l’annonce de la démission de Fabrice Tardy, président et principal actionnaire du FCR (il possède 51% des parts de la SAS, société par actions simplifiées, pour une valeur nominale de 302 500 €), de nombreux repreneurs extérieurs se sont manifestés. Parmi ceux-là, figure Romain Peyrusqué (24 ans). Faisant partie des adjoints de René Girard au Paris FC (L2), ce jeune homme est un phénomène de précocité dans un staff professionnel.
Ayant également en charge le recrutement du club francilien dans une quinzaine de pays à l’étranger, le natif du Béarn possède une autre facette. "Je suis un entrepreneur, un investisseur", se décrit celui qui est tombé sous le charme des « Diables Rouges » pendant ses quatre années d’étude à la fac de sports de la ville aux 100 clochers. "Je me suis pris d’amour pour ce club. J’ai eu un coup de foudre. J’ai découvert son histoire. J’ai été frappé par la ferveur populaire qui l’entoure. Pour moi, le football appartient aux supporters".
Et le principal intéressé en est convaincu : "Je crois posséder tous les ingrédients pour refaire du FC Rouen un club brillant et performant sur la scène nationale". Ayant déjà présenté son projet à de nombreux acteurs du dossier, le jeune technicien assure vouloir mettre en place "une vision innovante et moderne afin que le FC Rouen renoue avec son lustre d’antan". Avant de poursuivre : "Je propose quelque chose de solide, de carré avec une gestion rigoureuse. Il faut que le club puisse générer des actifs. Il ne peut pas vivre seulement avec la billetterie. Mon modèle économique est novateur mais il a déjà fait ses preuves", annonce-t-il citant en exemple Lille, les Néerlandais de l’Ajax Amsterdam et les Allemands du RB Leipzig.
Un partenariat avec un club de Ligue 1 ou de Ligue 2
Premier axe de ce « modèle » : "La formation de jeunes joueurs du cru". "Il faut réussir à garder les meilleurs du secteur. On est à Rouen, la 12e métropole de France, on a de très bons joueurs dans le coin", souligne Romain Peyrusqué qui ne s’interdit pas d’aller recruter également de jeunes talents à l’extérieur. "Tout d’abord, pour bonifier l’équipe puis pour faire une plus-value avec une éventuelle revente", détaille l’ex-responsable du développement individuel des jeunes au Paris FC. "Vous allez me dire qu’une telle politique est utopique en N2 mais en N1, ça ne l’est plus du tout. Vous pouvez réaliser des transferts qui vont vous rapporter 200, 300, 500 000€".
Afin de structurer le FC Rouen, le jeune technicien envisage également d’établir un partenariat avec un club de Ligue 1 ou de Ligue 2. "En quelque sorte, ça serait un club mentor. Il pourrait nous conseiller sur la gestion économique et sportive. Et cela permettrait de favoriser le prêt de jeunes joueurs chez nous". Forcément, à l’évocation de cette idée, on pense au Paris FC où travaille, aujourd’hui, Romain Peyrusqué même si l’intéressé ne souhaite pas le confirmer.
Dans tous les cas, le candidat à la reprise du FCR entend s’appuyer "sur des gens compétents, en qui j’ai confiance et qui ont déjà travaillé avec moi. Des acteurs du foot professionnel, qui ont déjà fait leurs preuves. Ce ne seront peut-être pas des noms clinquants mais des travailleurs, pas des gens qui parlent mais des gens qui font". Toutefois, à ce stade du dossier, Romain Peyrusqué estime qu’il est prématuré de lâcher leur(s) identité(s). On est quand même bien curieux de savoir.
Rachat du FCR : le président Fabrice Tardy a la main sur ce dossier
Si le discours de Romain Peyrusqué est séduisant, ce projet de reprise a-t-il une chance d’aboutir ? Rien n’est moins sûr. En vertu d’un pacte d’associés signé il y a 20 mois, au moment de la création de la SAS (le 1er juin 2019), les actionnaires actuellement en place posséderaient un droit de préemption ; une priorité pour racheter les parts de Fabrice Tardy. Malgré les candidatures extérieures, le futur ex-président du FCR semble privilégier cette option interne. Deuxième actionnaire le plus important du club (25%), Charles Maarek, associé à Maximilien de Wailly (6,7%), a déjà fait part de son intérêt. Toutefois, cette lecture des statuts n’est pas partagée par tout le monde.
"Je les ai fait étudier par un avocat d’affaires parisien renommé, il y a une opportunité juridique de faire quelque chose. Si M. Tardy veut vendre ses parts à un tiers, il en a la possibilité. C’est lui qui a la main", assure Romain Peyrusqué qui respecte, toutefois, le choix du dirigeant rouennais. "Au-delà du côté juridique, il y a l’aspect moral. Je comprends parfaitement que M. Tardy entretient une relation particulière avec les actionnaires qui sont déjà en place. Avec certains, ils se connaissent depuis 20 ans".
Si la tendance n’est pas positive pour son offre, l’actuel membre du staff du Paris FC n’entend pas baisser les bras. "Je maintiens corps et âme que je veux reprendre ce club", confirme le technicien qui se projette même dans le futur. "Si je ne peux pas racheter le FCR aujourd’hui, ça sera peut-être à l’avenir. Ce club a une grande histoire. Et j’aime son ambition. Il sera toujours dans mon cœur". Quelque chose nous dit que ce feuilleton est loin d’être terminé.