« Tout sauf Charles Maarek ». C'est un peu le sentiment qui anime de nombreux fans des « Diables Rouges ». Depuis l'annonce de la démission de Fabrice Tardy, président et actionnaire majoritaire (51%) du club rouennais, l'actuel directeur général est le mieux placé pour prendre la gouvernance du FCR. Une option qui n'est pas du tout du goût de la Fédération des Culs Rouges, actionnaire elle aussi de la SAS à hauteur de 6,7%*. "Ce n'est pas possible de gérer un club avec quelqu'un d'aussi clivant. Je n'y crois pas une seule seconde. On ne peut pas diriger le FC Rouen contre ses supporters. Si M. Maarek devient majoritaire, la seule question qu'on se pose, c'est : quand est-ce que ça craquera ? Dans un an, deux ans, cinq ans... De toute façon, ça arrivera. Même si on réalise trois saisons magnifiques et qu'on arrive en Ligue 2, le jour où ça se craquera, ça sera affreux", redoute Grégoire Meurice, le président des Culs Rouges.
Alors que certains repreneurs extérieurs se sont manifestés à l'image de Romain Peyrusqué, l'association qui se définit comme regroupant tous les amoureux du FCR propose une alternative avec un projet « Socios ». "Au départ, on n'était pas partis sur cette optique. On a rencontré beaucoup de personnes intéressées par le club mais le problème principal, c'est qu'elles ne sont pas déjà actionnaires (de la SAS)", souligne Matthieu Gudefin, le prédécesseur de Grégoire Meurice à la tête des Culs Rouges et particulièrement impliqué sur ce dossier. "En parallèle, on a reçu plusieurs sollicitations avec des gens prêts à nous accompagner financièrement si on souhaitait monter au capital".
D'ailleurs, Maxime Barral, qui dirige un cabinet de gestion de patrimoine sur la région de Rouen, a été mandaté pour trouver des investisseurs. "L'idée, c'est de pouvoir fédérer toutes ces personnes derrière un énorme projet", indique Matthieu Gudefin dont l'association s'est également adjointe les services de Didier Poulmaire. Cet avocat avait notamment joué un rôle important en 2016 dans le rachat de Marseille par l'Américain Franck McCourt. "Même si ça ne s'est jamais fait dans notre pays, il croit énormément au modèle des Socios en France. Il pense qu'en N2, avec le potentiel du FCR, il y a un coup à jouer", poursuit l'ex-président des Culs Rouges ; une Fédération qui s'est inspirée des modèles anglais avec notamment les exemples de Portsmouth et de Wimbledon.
Des entreprises « socios » pour racheter les parts de Fabrice Tardy
Mais à quoi ressemblerait ce projet « socios » décrit comme "ambitieux et sexy" par ses instigateurs ? "Il y aurait deux étapes", lance, en préambule, Matthieu Gudefin. "Tout d'abord, on aurait des entreprises socios qui nous permettraient de racheter les parts de M. Tardy (dont la valeur nominale est de 302 500 €) afin d'être actionnaire majoritaire puis d'injecter, à minima, 400 000 € par an dans le budget pour compenser le départ M. Tardy (de manière directe ou indirecte, c'est la somme qu'apporte le futur ex-président du FCR avec son réseau)". Dans un deuxième temps, cette opération serait ouverte au grand public. "Moyennant une cotisation annuelle dont le montant reste à définir, les supporters seraient actionnaires du FC Rouen, participeraient à la vie du club, voteraient pour des décisions importantes dont la désignation du président".
Le FCR deviendrait, alors, le premier club français diriger par ses fans. Car l'un des grands axes du projet des Culs Rouges repose sur le principe d'un homme = une voix. "Peu importe le montant de sa contribution, 100€ ou 100 000€, chacun disposerait du même poids dans les votes", martèle l'ex-président de la Fédération regroupant les amoureux des « Diables Rouges ». "On aboutirait à une gouvernance originale, extrêmement moderne avec un enjeu financier non-négligeable". Et pour cause, les Culs Rouges évaluent l'apport à 100 000 € par saison.
Montant de la cotisation, durée du mandat, identité du président (qui ne sera ni Matthieu Gudefin ni Grégoire Meurice)... Bien sûr, tout n'est pas encore définitivement calé mais ce projet « Socios » est sur les rails. Désormais, les Culs Rouges aspirent à le présenter au Comité de direction où siègent notamment Fabrice Tardy et Charles Maarek. Par l'intermédiaire de l'avocat Didier Poulmaire, le dialogue, plus ou moins rompu depuis plusieurs semaines et la publication par les Rouen Fans de banderoles hostiles envers la direction, tente d'être renoué. "Fabrice Tardy a la clé de la première porte et Charles Maarek celle de la seconde", explique Matthieu Gudefin pour qui "c'est le moment de mettre les ego de côté dans l'intérêt du club". Sera-t-il entendu ?
*Six actionnaires composent la SAS (Société par actions simplifiées) depuis sa constitution en juin 2019 : Fabrice Tardy (51%), Charles Maarek (25%), Maximilien de Wailly (6,7%), Bruno Grouin (6,7%), l'association présidée par Stéphane Leroux (4%) et les Culs Rouges (6,7%).