Son arrivée était assurée depuis quasiment un an et pourtant des trois membres du staff qui ont accompagné Stéphane Moulin au Stade Malherbe (avec aussi les adjoints Serge Le Dizet et Patrice Sauvaget), c'est sans doute celui que l'on connaît le moins. Si après 14 années au SCO, Benoît Pickeu, car c'est, bien entendu, de lui dont il s'agit, a changé d'environnement, il n'est pas totalement dépaysé pour autant. "J'attaque ma 15e saison avec Stéphane. A l'époque, j'ai commencé avec lui avec la réserve d'Angers. Ce qui est beau, c'est qu'on est partis d'une relation professionnelle et qu'au fur et à mesure du temps, avec également Serge et Patrice, on est tous devenus amis", souligne le nouveau préparateur physique du club caennais. "Il n'y a jamais eu de soucis entre nous et il n'y en aura jamais. Il n'y a aucun non-dit".
Forcément quand on évoque Benoît Pickeu, on l'associe immédiatement à son grand frère, Olivier, le président des « Rouge et Bleu ». Une situation dont s'accommode parfaitement ce cadet d'une fratrie comprenant aussi une sœur, Joëlle, et un deuxième frère, Pascal. "Peut-être que quand j'étais plus jeune, c'était un peu plus compliqué d'être le frère de... Encore que, je savais à quoi m'en tenir. Je l'ai très vite intégré. Ça m'a poussé à être plus pointilleux et exigeant avec moi-même". De toute façon, si Benoît collabore avec Olivier, cela ne doit rien au hasard. Les deux hommes sont liés par un pacte.
"C'est quelque chose qu'on avait projeté avec Olivier en 1998 (!), quand il était joueur à Lille. Moi, j'étais encore étudiant en Staps, je passais mes diplômes. Lors d'une discussion, je lui demande ce qu'il envisage après sa carrière. Il me répond qu'il n'a pas du tout envie de devenir coach mais de manager un club. Je lui dis que s'il part dans cette voie, je vais m'orienter sur la préparation physique pour m'occuper de celle de son futur club. On se tape dans la main", raconte Benoît Pickeu. Quand il est intronisé manager général du SCO en 2006, Olivier décroche son téléphone pour appeler son cadet. « Tu n'as pas oublié ce qu'on s'était dit », lui lance-t-il. Professeur d'EPS dans la région lilloise suite à l'obtention de son Capes, le « petit » frère n'a effectivement pas oublié. "Perso, j'étais prêt à sauter le pas. Je faisais déjà de la préparation physique, de manière bénévole, dans le foot et l'athlétisme".
Spécialiste du 800 m avec un record personnel à 1'50''98
Le football et l'athlétisme, ses deux sports de prédilection. "J'ai joué au foot jusqu'à l'âge de 16 ans à la JA Armentières (Nord). J'étais n°4 ou n°6. Bon, je n'étais pas un technicien", reconnaît, avec le sourire, Benoît Pickeu qui, deux ans avant sa majorité, va troquer les crampons pour les pointes. "J'ai un peu mal tourné (rire). Je me suis dirigé vers l'athlétisme avec mon deuxième frère, Pascal. Il y avait besoin de quelqu'un pour les interclubs. Pendant mes années d'athlétisme, je me suis éclaté", confie ce spécialiste du tour du piste et du 800 mètres avec des records personnels à 49'22 et 1'50''98. Les connaisseurs apprécieront. "Je pratiquais le 400 m pour travailler ma pointe de vitesse sur le 800. Avec mes qualités, il m'aurait fallu du 600 m mais ça n'existait pas".
Un parcours qui a forcément influencé le nouveau membre du staff du SMC, surtout que les passerelles entre les deux disciplines sont nombreuses. "Au départ, la prépa physique dans le foot est arrivée par l'athlétisme", rappelle celui qui a eu pour entraîneur à Armentières Philippe Lambert, l'ex-préparateur physique des Bleus entre 2010 et 2012. S'il possède ses certitudes ; "Je suis un grand adepte du renforcement musculaire", Benoît Pickeu considère que la préparation athlétique doit s'adapter au projet de jeu du coach. Et avec Stéphane Moulin, les joueurs doivent être en capacité de répéter les courses à haute intensité.
"Serge (Le Dizet) a une phrase que j'aime bien et que je reprends souvent : « Le foot, c'est avant tout courir ». C'est comme au water-polo, si le garçon ne sait pas nager...", compare le frère cadet d'Olivier avant d'approfondir. "Il y a courir et courir ensemble. C'est quelque chose qui est mis en place à travers les entraînements techniques mais aussi avec les séances physiques". Pas forcément évident quand on découvre un groupe d'une trentaine d'éléments. "Après, je ne suis pas seul. Je suis accompagné, notamment par le staff médical, avec le médecin Cyril Bellot et les kinés Alexis Dubois et Félix Berhault. La communication entre nous est hyper importante car ils connaissent les joueurs, leur corps". Autant de personnes aux petits soins pour permettre aux coéquipiers de Prince Oniangué de performer le week-end.