Le XI de départ du Stade Malherbe en finale U19 en 2018
> Marvin Golitin (Bobigny, N2) - Hugo Vandermersch (SM Caen, L2), Thomas Chesnel (Mandel, D3 belge), Pathy Malumandsoko (Apollon Kalamarias, D2 grecque), Tony Villeray (Sète, N1 - Killian Denoual, 64', sans club) - Yaya Touré (FC Slavia Karlovy Vary, D3 tchèque), Birahima Niakaté (Laval B, N3) - Kevin Monzialo, Mathéo Remars (Saint-Brieuc, N1 - Evens Joseph, 73', Sète, N1), Herman Moussaki (Boulogne-sur-Mer, N1) - Kevin Mbala (Bastia-Borgo, N1 - Jad Mouaddib, 46' - Excelsior Virton, D2 belge). Remplaçants : Sullivan Péan (SM Caen, L2) - Joé Kobo (Jura Sud, N2). Entraîneur : Michel Rodriguez.
*Entre parenthèses, le club actuel du joueur et le niveau auquel il évolue.
Ils sont professionnels avec le Stade Malherbe...
C'est l'une des curiosités de cette génération 1999-2000, ils ne sont que deux à appartenir, aujourd'hui, à l'effectif « pro » du Stade Malherbe. En tête de gondole, citons, bien entendu, le pilier Hugo Vandermersch (2024)(1). Depuis qu'il a été lancé dans le grand bain, un soir d'août 2019, à Niort, le latéral (22 ans) n'a quasiment plus jamais quitté le onze de départ caennais, peu importe le coach en place (Rui Almeida, Pascal Dupraz et désormais Stéphane Moulin(2)), sauf à cause de sa rupture des ligaments croisés, fin avril. Derrière, on retrouve Sullivan Péan (2024), l'un des grands artisans du maintien en Ligue 2 lors de l'exercice précédent. Redescendu n°2 dans la hiérarchie des gardiens cette saison, le Manchois (22 ans) - qui devrait garder les cages caennaises ce week-end, contre Nîmes, en raison du forfait de Rémy Riou - pourrait, néanmoins, devenir, à moyen terme, le premier portier formé au club titulaire en équipe première depuis... Fabrice Catherine en 2002 !
(1)Entre parenthèses, l'année de la fin de contrat des joueurs évoluant au SM Caen.
(2)Fabrice Vandeputte qui avait assuré l'intérim à la fin de la saison dernière après le renvoi de Pascal Dupraz n'a pu s'appuyer sur Hugo Vandermersch ; celui-ci étant blessé.
Sullivan Péan a gardé les cages caennaises à 12 reprises la saison dernière en Ligue 2 dont le match du maintien contre Clermont. ©Damien Deslandes
... et prêtés en National
C'est certainement le joueur sous contrat avec le Stade Malherbe qui réalise la meilleure saison sur le plan individuel ! Prêté pour la deuxième fois consécutive au FC Annecy ; une équipe savoyarde à la lutte pour la montée en Ligue 2 (troisième après 20 journées), Godson Kyeremeh (2023) est l'une des révélations du championnat de National dont il est le meilleur passeur avec six assists (à égalité avec Damien Durand du Red Star). Au regard de ses performances (avec également quatre buts en championnat à son actif), la question du retour de l'ailier (21 ans) dans son club formateur va rapidement se poser. Surtout que peu de joueurs dans l'effectif caennais (voire aucun) possèdent son profil.
Apparu à quatre reprises en Ligue 2 dans l'ultime ligne droite de l'exercice précédent dont deux fois comme titulaire sous les ordres de Fabrice Vandeputte, Kevin Mbala (2002) a été prêté à Bastia-Borgo (N1) dans la foulée de la signature de son premier contrat « pro » à l'été 2021. Avec 13 matches dont sept comme titulaire (676'), le Francilien (21 ans) - qui a débloqué son compteur but en championnat au mois de novembre - tire son épingle du jeu au sein d'un effectif corse à la lutte pour son maintien (17e/18).
Avec le FC Annecy (N1), Godson Kyeremeh a inscrit quatre buts et délivré six passes décisifs.
Ils ont rebondi dans des divisions inférieures
A l'image de Tony Villeray qui s'est engagé avec Sète (N1) durant les fêtes de Noël, ils sont plusieurs finalistes du championnat de France U19 en 2018 à tenter leur chance en National, National 2 voire en N3. Après une expérience peu concluante à Beauvais (N2) lors des six derniers mois (seulement quatre matches) après son départ du SMC, celui qui peut évoluer en charnière centrale ou en arrière gauche (21 ans) a rebondi dans l'Hérault. Il a connu son baptême du feu avec son nouveau club face à Avranches, mi-janvier. Encore Caennais jusqu'au mercato d'hiver, Evens Joseph (22 ans) l'a rejoint en Occitanie. Après un prêt la saison dernière à Boulogne-sur-Mer (N1), l'attaquant a, cette fois-ci, définitivement quitté son club formateur. Il ne sera jamais parvenu à confirmer les promesses qu'il avait laissé entrevoir lors de ses débuts en « pro » en 2018-2919, avec 13 apparitions en Ligue 1.
S'il s'entraînait quasiment tout le temps avec la réserve (N2) jusqu'à la résiliation de son contrat (qui se terminait en juin), l'hécatombe au sein du groupe de Stéphane Moulin (blessés, suspensions, cas positifs à la Covid-19...) lui a permis de figurer à cinq reprises sur une feuille de match de L2 pour trois apparitions (43' de temps de jeu). En National, les Sétois vont croiser quelques anciens camarades de promotion du centre de formation « Rouge et Bleu ». A commencer donc par Godson Kyeremeh et Kevin Mbala... Mais aussi Mathéo Remars. Unique buteur de la demie contre Auxerre il y a quatre ans, celui qui s'est révélé à Dives-Cabourg (22 ans) a connu une première expérience à ce niveau avec Quevilly-Rouen lors de l'exercice précédent avant de s'engager avec Saint-Brieuc cette saison. Dans les Côtes-d'Armor, le milieu offensif est devenu un élément majeur du collectif de Didier Santini (sixième joueur le plus utilisé). Au regard de sa trajectoire, on parie qu'il poussera les portes du monde professionnel à moyen terme.
Tony Villeray a connu son baptême du feu avec le FC Sète (N1) face à Avranches, mi-janvier.
Un monde professionnel auquel aimerait bien regoûter Herman Moussaki (23 ans), l'un des éléments les plus expérimentés de cette génération (20 apparitions en L1-L2 entre 2018 et 2020). Prêté en 2020-2021 à Boulogne-sur-Mer, celui qui était titulaire lors du match de la relégation du SMC en deuxième division contre Bordeaux, en mai 2019, s'y est définitivement engagé cette saison. Si individuellement, les statistiques de l'attaquant sont correctes (41 apparitions dont 36 titularisations, six buts), son équipe est actuellement scotchée en position de lanterne rouge. Avec Créteil-Lusitanos où il est prêté par le Paris FC (sous contrat jusqu'en juin), après un passage par la réserve de Lille (N2), Andy Pembélé (21 ans) se situe également dans la zone des relégables. Dans ce contexte, l'ailier essaie de se faire une place (11 apparitions pour huit titularisations mais aucune en 2022 - 740').
Un échelon en dessous, en N2, Marvin Golitin (22 ans) n'a pas raté une seule minute cette saison dans les cages du FC 93 Bobigny où il avait été prêté en 2020-2021 par le Stade Malherbe ; un exercice largement tronqué par la crise sanitaire. C'est au sein de cette quatrième division, avec Jura Sud, que Joé Kobo (22 ans) tentera de (re)lancer sa carrière. Sa signature vient d'être officialisée sur les réseaux sociaux. Hormis quelques mois avec la réserve de Lille (quatre titularisations en N2, entre novembre 2019 et janvier 2020), ce milieu relayeur n'avait pas eu de club depuis son départ de Caen à l'été 2019. Après deux saisons au FC Rouen, essentiellement dans les rangs de la « B » (R1), Birahima Niakaté (23 ans) a rejoint le Stade Lavallois. Mais pour le moment, le milieu récupérateur-relayeur doit se contenter des rangs de la réserve (N3).
Ils ont choisi de relever un défi à l'étranger
Son départ pour la Juventus à l'été 2018 avait alimenté les débats à l'époque. Alors que les dirigeants « Rouge et Bleu » lui proposaient un contrat stagiaire, Kevin Monzialo (21 ans) avait préféré signer « pro » avec l'écurie italienne. Au final, il ne sera resté qu'une saison à Turin. Ses statistiques n'affichent qu'une apparition... avec la Primavera (les - 23 ans, équivalent de la réserve) ! Depuis, l'international U18 a enchaîné les prêts en Suisse : aux Grasshopper Zurich (D2) puis à Lugano (D1), où il s'est définitivement engagé en janvier 2021, pour un temps de jeu toujours aussi famélique. Lors du dernier mercato d'hiver, il a de nouveau été prêté à Sankt-Pölten, en D2 autrichienne !
Lui aussi aurait pu filer rapidement à l'étranger dans la foulée de la finale du championnat de France U19. Courtisé par la Fiorentina, Thomas Chesnel (21 ans) avait été retenu par le Stade Malherbe où il se trouvait sous contrat aspirant. Passé stagiaire pro, le défenseur central - plombé par de multiples pépins physiques dont une commotion cérébrale - ne parviendra jamais à s'imposer avec la réserve caennaise. Après un rebond de quelques mois à Vire (N3), en pleine pandémie, Thomas Chesnel a découvert la D3 belge, au KFC Mandel United, en 2021 (huit apparitions cette saison dont la moitié comme titulaire). Cantonné avec la « B », son grand ami Loup Hervieu (21 ans) - qui ne figurait pas dans le groupe pour la finale en U19 mais fait partie intégrante de cette génération 1999-2000 - l'y a rejoint il y a quelques semaines alors qu'il se trouvait lié au SMC jusqu'en 2023.
Après deux saisons blanches au Stade Malherbe, Pathy Malumandsoko évolue depuis quelques mois en D2 grecque, à l'Apollon Kalamarias.
Avec Thomas Chesnel, Pathy Malumandsoko (21 ans) formait la charnière centrale de l'équipe de Michel Rodriguez. Mais il n'a pas rencontré plus de succès que son compère de la défense avec son club formateur. Après deux saisons blanches sous le maillot « Rouge et Bleu », le capitaine de cette génération a rompu l'été dernier son contrat professionnel qui courrait jusqu'en 2023. Depuis le mois de septembre, il évolue à l'Apollon Kalamarias, en D2 grecque (neuf titularisations depuis la mi-novembre). Titulaire lors de la finale en 2018 mais rarement utilisé avec la réserve, en N3 (trois apparitions en août-septembre 2019), Yaya Touré (21 ans) défend, désormais, les couleurs du FC Slavia Karlovy Vary, en D3 tchèque. Actuellement à la recherche d'un nouveau challenge, Killian Denoual (22 ans) a, lui aussi, tenté une aventure à l'étranger la saison dernière, en D2 finlandaise, avec le Mikkelin Palloilijat (27 titularisations - 3 buts).
Lui non plus n'a jamais porté le maillot « Rouge et Bleu » en équipe première. Pourtant, Jad Mouaddib (22 ans), annoncé un temps à Reims en 2019, avait finalement paraphé un premier contrat « pro » d'un an avec le Stade Malherbe. Malgré un prêt convaincant dans la foulée avec Granville (N2), durant l'exercice 2019-2020, le frère aîné de Jaly, actuellement à l'US Avranches, ne trouvera jamais de prolongement. Après six mois au chômage, le meneur de jeu avait tenté l'aventure en Roumanie, à Constanta (D1), avant de poser ses valises à l'Excelsior Virton, en D2 belge (huit apparitions depuis début novembre, la moitié comme titulaire).
Michel Rodriguez : "La plupart de ces garçons vivent du football, ce n'est pas anodin"
Après trois saisons au Stade Malherbe, Michel Rodriguez dirige depuis 2020 les U19 de Montpellier.
A la tête des U19 de Montpellier depuis 2020, Michel Rodriguez était l'entraîneur de cette génération 1999-2000 du Stade Malherbe en 2018. Pour l'éducateur, il ne faut absolument pas banaliser les carrières naissantes de ses anciens protégés. "Sans parler de la division dans laquelle ils pratiquent, aujourd'hui, la plupart de ces garçons vivent du football, c'est leur métier. Ce n'est pas anodin. Pour moi, c'est un gros point positif. On peut être fier de ça. Quand on arrive à sortir un, deux ou trois pros par génération et que les autres évoluent à bon niveau, je considère que c'est une réussite". Toutefois, au regard du potentiel affiché à l'époque, ne pouvait-on pas espérer mieux pour quelques-uns d'entre eux ?
Surtout que l'exercice suivant, certains ont récidivé avec une nouvelle demi-finale (dont Pathy Malumandsoko, Thomas Chesnel, Tony Villeray, Yaya Touré, Loup Hervieu, Andy Pembélé et Godson Kyeremeh). "Pour ceux qui ont fini deux années de suite à la première place de leur groupe, c'est révélateur d'un niveau de jeu mais ça ne garantit rien", rappelle Michel Rodriguez. "Ça reste des jeunes joueurs qui avaient 18 ans. A cet âge, hormis de rares exceptions, la formation est loin d'être terminée. Quand on en parle, on oublie souvent la post-formation et je ne suis pas loin de penser que c'est l'étape la plus importante pour s'installer dans le monde professionnel".
Pour l'ex-technicien du SMC, sans occulter les qualités individuelles de ces garçons, si les « Rouge et Bleu » ont signé une grosse saison en 2018 en U19, c'est avant tout "grâce à un collectif". "Il faut une âme pour faire un parcours", ajoute-t-il. Il convient également de signaler qu'il ne s'agit que d'un point de passage, cela ne présage en rien de la suite de la carrière de ces jeunes joueurs. "Certains sont prêts dès 18 ans, d'autres possèdent des profils avec une maturité plus tardive". Rendez-vous dans cinq ans pour voir où en sont les Tony Villeray, Loup Hervieu et autre Evens Joseph...