Après une première saison délicate sous le maillot « Rouge et Bleu », Alexandre Mendy vient de boucler la meilleure phase aller de sa carrière chez les « pros » comme en témoignent ses lignes statistiques bien garnies. De quoi fermer quelques bouches, à commencer par celle de Stat Malherbe ? Il y a tout juste un an, notre chroniqueur titrait dans nos colonnes : « Alexandre Mendy, attaquant le plus maladroit de Ligue 2 ». A cette époque, l’ancien Bordelais n’avait toujours pas débloqué son compteur à la mi-saison alors que son nombre de buts attendus selon les expected goals était de 3,03 xG. Cette tendance se confirmera lors de la deuxième partie du championnat. Au terme de l’exercice 2020-2021, il n’avait signé que quatre réalisations alors que, toujours selon ces mêmes expected, goals, il aurait pu en inscrire 9,2, soit un écart défavorable de 5,2 buts. Aucun autre attaquant de L2 ne présentait un bilan aussi défavorable.
Sans surprise, alors qu’il totalise neuf buts en 17 rencontres, Alexandre Mendy s’est débarrassé de cette étiquette d’attaquant le plus maladroit de L2. A mi-parcours, c’est le Grenoblois Achille Anani qui occupe cette place peu flatteuse. Le Caennais se retrouve, lui, avec un écart favorable puisque si l’on se fie aux expected goals, il n’aurait dû en marquer que 7,84. Toutefois, il n’est pas le plus adroit pour autant. Parmi les 56 attaquants du championnat ayant disputé plus de 500 minutes, le n°19 du SMC se classe 10e d’un classement dominé par l’Auxerrois Gaëtan Charbonnier.
Graphique des attaquants de L2 les plus adroits et les plus maladroits en 2020-2021 et en 2021-2022.
Le poids de la réussite des penalties
Au regard de ses statistiques en nette progression, on peut se demander comment Alexandre Mendy est devenu efficace en l’espace de quelques mois, sachant qu’il n’avait jamais inscrit plus de quatre buts en une saison chez les « pros » ? Tout d’abord, l’ex-Niçois est le joueur de Ligue 2 ayant le plus frappé de penalties(4), soit des tirs à forte probabilité de marquer (76% de chance). Avec 75% d’efficacité dans cet exercice (3/4), le Caennais est dans la moyenne contrairement à la saison passée (50%, 1/2). Si l’on s’attarde sur sa manière d’exécuter les penalties, on observe qu’il les tire très souvent de la même manière : à sa gauche d’une frappe sèche sans enrouler le ballon.
Il adopte toujours la même routine, de manière immuable ou presque, avec les mains sur les hanches et une petite course d’élan. Il cherche à prendre le dessus sur le portier adverse en visant le petit filet, le plus souvent à gauche. Lors du dernier match à d’Ornano et la réception de Guingamp (J18. victoire 2-0, le 11 décembre), Alexandre Mendy a été mis en échec par Enzo Basilio après avoir pris une course d’élan plus importante qu’à l’accoutumée, favorisant la lecture de la trajectoire par le gardien adverse grâce à un meilleur temps de réaction. Quelques minutes plus tard, « l’Arbre », comme le surnomme certains supporters, a obtenu une seconde chance sur penalty. Cette fois-ci, il est revenu à sa routine et a trouvé le chemin des filets.
Comme expliqué dans les lignes précédentes, le nombre conséquent de penalties tentés et (souvent) réussis par l’international Bissao-Guinéen impacte l’appréciation de son adresse. Si on exclut les coups de pied arrêtés, le Caennais tire peu au but : 1,7 fois par match, et ses occasions sont très qualitatives (avec une forte probabilité de marquer). La shooting map (voir ci-dessous) de ses 75 dernières frappes, hors penalty, permet de constater que ses tentatives sont proches des cages adverses, y compris dans les 5,50 mètres. En analysant ce visuel, on constate également que la majorité de ses tirs sont cadrés lorsqu’il se trouve dans une position axiale. A l’inverse, quand il se situe à droite des cages, aucune de ses frappes n’attrape le cadre.
Une préférence pour s’exprimer dans la zone de vérité
Cette saison, sur les six buts inscrits par Alexandre Mendy dans le jeu, cinq le sont en une touche, en provenance de la droite du terrain (y compris suite à des corners). Une récurrence qui se vérifiait déjà lors de ses passages à Brest et à Guingamp. Les conditions de réussite de ses tirs comme de ses échecs sont trop souvent identiques. Il marque rarement de manière variée. Son rendement est unidimensionnel.
Pour autant, doit-on le blâmer pour cela ? Ses compétences sont connues de tous depuis longtemps. Dans l’animation offensive malherbiste, c’est un point d’appui qui a besoin d’être alimenté par des centres. Il ne procurera pas des occasions tout seul. Cela ne l’empêche pas de trouver des espaces pour recevoir des passes dans des zones dangereuses où très peu de joueurs s’imposent ; ce qui constitue une rareté. Sa force athlétique et sa compréhension situationnelle sont des atouts dans ce championnat de Ligue 2 même si son profil enferme le projet de jeu de Stéphane Moulin dans une voie quasi-unique.
La shooting map des 75 derniers tirs d'Alexandre Mendy (en haut à gauche). La matrice représentative des tirs et de leur dangerosité des attaquants de L2 (en haut à gauche) et la localisation des penalties frappés par Alexandre Mendy lors des cinq dernières saisons.
*Alexandre Mendy est en feu ?
> L2. J22 - SM Caen (15e - 22 points) / AC Ajaccio (2e - 41 points), lundi 24 janvier à 20 H 45 au Stade Michel-d'Ornano.