Une défaite honorable 4-2 à Bordeaux et un court mais précieux succès acquis contre Guingamp (1-0) la semaine dernière sont venus jalonner l'entame de saison des filles du HAC. Pour leurs retrouvailles avec l'élite, les joueuses de Frédéric Gonçalvès affichent le bon visage même si certaines joueuses à l'image de Romane Enguehard (23 ans) démarrent à peine leur apprentissage de l'élite. "C'est un cran au-dessus, tout va plus vite", analyse l'arrière latérale polyvalente. Titulaire voilà quelques jours au Stade Océane après être sortie du banc en Gironde, la Havraise mesure déjà l'écart avec le niveau D2. "Tout se joue sur des détails, là, on n'a plus le droit à l'erreur. Autant l'année dernière, si on en commettait une, ça pouvait être rattrapé, autant là, on a bien vu que tout était tout de suite puni".
Guidée par son éternelle passion du sport héritée de sa famille (son père était footballeur), Romane Enguehard n'est pas du genre à avoir froid aux yeux. Avide de challenge, celle qui a vu le jour à Coutances en 1999 n'avait d'ailleurs pas vraiment d'inquiétudes avant d'entamer son aventure en D1 Féminine. "Atteindre ce niveau à court terme, c'était dans un coin de ma tête", confie-t-elle. "C'était vraiment un objectif en arrivant au Havre l'année dernière. Cet été, j'étais tellement ravie de ma première saison ici que je n'appréhendais pas de commencer à jouer en première division. Je savais que ça ne serait pas facile, qu'on serait confrontées à des équipes d'un top niveau, mais j'avais surtout hâte".
Ce qui est certain, c'est qu'en disant oui l'été passé à Laure Lepailleur (la manager générale de la section féminine du HAC), Romane Enguehard a pris une décision particulièrement avisée pour la suite de sa carrière. "Je jouais à Saint-Malo, déjà en Division 2", retrace la jeune femme. "Je me plaisais vraiment dans cette ville mais on était à 100% amateurs. J'étais obligée de travailler dans une entreprise de textile en parallèle du football et je devais faire 9H-18H puis enchaîner à 18 H 30". La D2 Féminine n'est aucunement organisée comme la Ligue 2 masculine, aussi, un tel rythme ne permettait pas à la Manchoise de s'investir pleinement dans le football. Chez les « Ciel et Marine », même si le club ne dispose pas d'un statut professionnel pour ses « filles », la situation a très vite changé pour la footballeuse. En 18 matches de D2, en plus de progresser au fil des mois, l'ex-joueuse de La Roche-sur-Yon a vu son choix de carrière lui ouvrir en grand les portes de l'élite.
L'arrivée en Division 1 comme un rêve
Qu'il vente ou qu'il pleuve, Romane Enguehard n'était jamais du genre à rechigner s'entraîner lorsqu'elle était enfant. Férue de football depuis ses 6 ans, la jeune femme n'a jamais dévié de sa trajectoire, comme si pour elle devenir une footballeuse de haut niveau était écrit. Et aujourd'hui, la gamine de Bain-de-Bretagne a bien grandi puisqu'elle s'apprête à aller défier ce vendredi le Paris FC, troisième du dernier championnat, au Stade Charléty. Avant évidemment d'autres rendez-vous de prestige. "Les Parisiennes sortent d'une saison incroyable, elles n'étaient pas si loin du duo Paris - Lyon la saison passée, ce sera encore un gros outsider. Ça s'annonce costaud pour nous", analyse la Havraise avec un parler et une force d'analyse qui trahissent aisément son appétence à devenir un jour ou l'autre journaliste de sports, son autre vocation.
Cette saison de D1, les Hacwomen ont l'intention de mordre dedans à pleines dents sans se prendre pour ce qu'elles ne sont pas. À ce stade, le mot "rêve" accompagne encore fort logiquement les déclarations. "On espérait toutes arriver un jour dans ce championnat", poursuit Romane Enguehard. "Ce sont de grandes équipes en face avec des joueuses qui ont fait de grandes choses mais il faut qu'on se dise que sur un match, on est capable de les titiller et de ne pas rester trop observatrices". L'idée havraise reste toutefois limpide et elle est loin d'être surprenante : il s'agira de se maintenir, rien de plus. "Tant qu'il y a deux équipes derrière nous en fin de saison, ça sera une saison réussie, c'est l'objectif et ce sera la guerre tous les week-ends. À nous de gagner nos confrontations avec nos adversaires directes".
Pour le côté plus léger de cette fin septembre, outre le duel contre le Paris FC et surtout celui qui suivra à domicile contre le grand PSG, dimanche 2 octobre, les discussions et les boutades chez les Havraises devraient vite tourner autour d'un jeu-vidéo et pas n'importe lequel. Le mastodonte d'EA Sports FIFA 23 sera en effet disponible en fin de semaine prochaine et les filles du HAC ont clairement choisi la bonne saison pour remontrer le bout de leur nez en D1 Arkema. Le championnat de France féminin sera en effet jouable depuis son salon pour la première fois. "Malheureusement, on sera la seule équipe à ne pas avoir été modélisée", glisse Romane Enguehard qui reconnaît être curieuse sans toutefois être adepte du jeu de foot. "J'ai hâte de voir le rendu et nos notes. En tout cas, j'ai pas mal de gens dans mon entourage qui me disent qu'ils vont acheter le jeu parce que je suis dedans". Sacrée récompense.
> D1 Féminine. J3 - Paris FC / Le Havre AC, vendredi 23 septembre à 18 h 30 au Stade Charléty.