"C'est un vrai problème". Quand il évoque le sujet, forcément sensible du manque d'arbitre, Pierre Leresteux ne passe pas par quatre chemins. Avec 944 « hommes en noir » à ce jour, la Ligue de Normandie (LFN) enregistre une baisse de 2,4% par rapport à la saison dernière. Une lente érosion qui se veut constante depuis plusieurs années. Alors, bien sûr, si cette tendance est nationale, elle n'en demeure pas moins préoccupante. "On ne couvre pas toutes les rencontres chaque week-end (entre 200 et 300)", se désole le président de la LFN. Le championnat de R3 et les compétitions de jeunes sont principalement touchés. "Tous les ans, on a une centaine de candidats qui postule mais dans le même temps, on a autant de départs. Pour assurer tous nos besoins, il nous en faudrait 1 200".
Il faut dire, comme le souligne Pierre Leresteux, qu'il n'est "pas évident d'être arbitre" aujourd'hui, référence, entre autres, à ces sept agressions dont ont été victimes des directeurs de jeu durant l'exercice précédent. "Chaque dimanche soir et lundi matin, je crains de recevoir un coup de fil pour me signaler une agression". Pour lutter contre cette diminution, la Ligue multiplie les actions. "On a été les premiers à signer une convention avec les procureurs de Caen et de Rouen afin que les plaintes soient traitées le plus rapidement possible", rappelle le dirigeant normand. "On a aussi mis en place une cellule d'écoute et de soutien". La saison passée, elle a réceptionné 310 appels même s'il convient de préciser qu'ils ne se rapportent pas tous à des « faits graves ».
Création d'une web-série pour promouvoir la fonction
A raison d'un numéro par mois, à chaque fois sur un thème différent, une web-série, Au cœur de l'Arbitrage Normand, vient également d'être lancée pour promouvoir la fonction. Le premier épisode s'est concentré autour d'un stage réunissant 25 féminines sur les installations du siège de la LFN, à Lisieux. En juin, un reportage en immersion, micro et caméras à l'appui, sera réalisé pour mieux comprendre comment un « homme en noir » vit « son » match. Mais pour recruter dans ce secteur et, peut-être encore plus important, pour fidéliser ceux qui empruntent cette voie, Pierre Leresteux prône, avant tout, une responsabilité de l'ensemble des acteurs du monde du ballon rond. A commencer par les présidents à propos de "l'accueil des arbitres et le comportement du public". Sur les rencontres des jeunes, l'attitude des parents est aussi pointée du doigt.
En parallèle, le président de la Ligue milite pour un changement du statut de l'arbitrage dans les clubs, notamment concernant ceux évoluant au niveau départemental. "Je pense qu'il en faudrait deux distincts : un premier pour les clubs nationaux, de R1 et de R2 ; un second, spécifique, pour ceux de R3 et de district. Aujourd'hui, on est en train de tuer les petits clubs. Pour eux, le règlement est beaucoup trop draconien. Dès qu'un club n'a pas le nombre d'arbitres suffisant, il est sanctionné par des amendes, des interdictions de recruter voire de monter", regrette Pierre Leresteux. Le dirigeant normand s'est engagé à poser le sujet sur la table auprès de ses homologues lors de la réunion des présidents de ligue qui se tiendra à Lisieux, le 11 novembre.