Quatre apparitions, la dernière le 22 octobre pour la réception de Rodez, pour un total de 30' de temps de jeu dont quasiment la moitié contre QRM à l'occasion de la 10e journée... Voici le bilan de Norman Bassette en Ligue 2 depuis le début de la saison. Insuffisant pour de nombreux supporters « Rouge et Bleu », notamment sur les réseaux sociaux, qui le réclament à cor et à cri. Depuis la précédente campagne de Gambardella qui avait vu la relève caennaise rallier le Stade de France, l'international U18 Belge - qui possède déjà tous les codes pour se faire aimer des fans - est devenu l'un des chouchous de d'Ornano. Sa prestation en demi, avec un doublé à la clé aux dépens du Stade Rennais, avait marqué les esprits ; celle en finale face à Lyon avec plusieurs occasions non converties beaucoup moins.
Peu importe. Si le public malherbiste chérie autant son attaquant, c'est avant tout parce qu'il affectionne « ses » jeunes dans un club au long passé de formateur (de Fabrice Divert à Thomas Lemar en passant par Raphaël Guerreiro et tant d'autres). Mais aussi, on ne va pas se mentir, parce qu'il est déçu par les performances des hommes de Stéphane Moulin. Il faut dire qu'après une entame de championnat enthousiasmante (leader invaincu fin août), la dynamique normande n'est guère brillante. Les coéquipiers de Romain Thomas ont glané autant de points lors des 11 dernières journées que sur les six premières (12).
Depuis le début du mois de septembre, le collectif « Rouge et Bleu » n'affiche que le 16e bilan de Ligue 2 (3V-3N-5D) ! Au-delà des résultats, c'est le spectacle proposé qui ne convient pas aux supporters caennais. A leurs yeux, il n'y a pas assez de buts (10e attaque de L2 avec 19 réalisations), d'occasions et surtout d'émotions ; leur carburant. Le MNK l'a d'ailleurs fait savoir via un communiqué ce week-end. Pour le kop normand, quitte à être frustré par les performances de ses protégés, autant voir des jeunes pousses issues du centre de formation. Et les dernières sorties du SMC et plus particulièrement de certains éléments du compartiment offensif, à l'image des entrées catastrophiques de Samuel Essende et de Benjamin Jeannot à Saint-Etienne, n'ont contribué qu'à renforcer ce sentiment.
Un prêt en National exclu cet hiver
Si l'on dit souvent que les absents ont toujours tort, Norman Bassette bénéficie lui du phénomène inverse. Moins il est utilisé par le staff, plus la Twittosphère l'exige sans que l'on sache si elle l'a régulièrement vu à l'œuvre, à l'entraînement ou avec la « B », depuis le coup d'envoi de cet exercice 2022-2023. Mais au sein de l'Etat-major malherbiste, on réfléchit différemment. Si les dirigeants caennais, qui se sont battus pour lui faire signer son premier contrat « pro », sont convaincus du potentiel de l'international U18 Belge, ils s'interrogent sur le timing idéal pour le lancer. Alors que l'équipe de Stéphane Moulin est loin de tourner à plein régime, que se passera-t-il en cas de contre-performances du n°77 des « Rouge et Bleu » ? Car pour le SMC, l'enjeu est double : sportif bien entendu et également économique.
Dans un club qui présente encore un déficit structurel de 7,5 M€, Norman Bassette représente une valeur marchande. Et malgré son statut de « prospect », sa cote sur le marché des transferts pourrait pâtir de mauvaises prestations. Même si le poste est différent, l'exemple le plus récent à suivre est celui de Johann Lepenant. Une fois que le milieu relayeur a incorporé le onze de départ normand, il ne l'a plus jamais quitté. Pour Yohan Eudeline, interrogé sur la gestion des membres de la génération 2004 dans le dernier numéro de notre magazine (n°53), on assure que leur tour va venir.
"Ces joueurs et leur entourage sont peut-être impatients car ils veulent aller tout de suite chez les pros. Ce n'est pas une question de niveau mais de palier. On va les intégrer progressivement. On est très content de nos jeunes. Leur évolution est top, ils progressent", annonce le directeur sportif du SMC qui exclut la possibilité d'un prêt en National au mercato d'hiver. "Je préfère qu'ils restent avec nous, qu'ils s'entraînent avec les pros et qu'ils jouent avec la réserve". Justement, pour ces jeunes éléments dont Norman Bassette représente la figure de proue, le N2 constitue peut-être le niveau adéquat à ce stade de leur carrière. "Pour moi, c'est le meilleur apprentissage. Si tu y joues un an et demi - deux ans, derrière, tu seras armé quand tu vas arriver en pro", souligne Yohan Eudeline. Pour Norman Bassette, auteur de deux buts en cinq titularisations avec la « B », une place en équipe première passe vraisemblablement par de bonnes performances avec la réserve.
> L2. J18 - SM Caen (7e - 24 points) / Bordeaux (2e - 31 points), mardi 10 janvier à 20 H 45 au Stade Michel-d'Ornano.
Patrice Sauvaget : "Retranscrire ce qu'on faisait de bien chez les jeunes en pro"
Si son entrée en jeu contre Quevilly-Rouen (J10. 0-1, le 1er octobre), début octobre, avec notamment cette tête sur le poteau fut prometteuse, Norman Bassette (18 ans) a-t-il, aujourd'hui, réellement le niveau pour postuler à une place régulière dans la rotation des attaquants du Stade Malherbe ? Forcément, les supporters « Rouge et Bleu » qui réclament sa présence vous répondront que oui, argumentant qu'à leurs yeux, il ne pourra pas faire pire que certains de ses coéquipiers. Au sein du staff caennais, on est nettement moins catégorique. "Je sais que vous n'aimez pas ce mot mais Norman est un jeune joueur", rappelle en préambule Patrice Sauvaget qui a pris le relais de Stéphane Moulin sur le banc normand depuis que ce dernier a dû se mettre en retrait pour raisons personnelles.
"Norman a une marge de progression importante. Maintenant, il y a un monde d'écart entre les U19 et le monde pro. La difficulté, quand on passe de l'un à l'autre, c'est de retranscrire ce qu'on faisait de bien chez les jeunes en pro avec l'intensité, l'engagement, le défi athlétique que cela requiert", poursuit le coach caennais. La réserve (N2) constitue alors une étape intermédiaire cruciale dans la progression du joueur. "C'est la découverte du monde adulte. Il y a des marches à gravir et ce palier est très important. Il y a des passages à respecter. Il doit gagner un peu en maturité, améliorer sa qualité de déplacements, sa régularité et sa fiabilité devant le but... L'apprentissage du haut niveau peut prendre plus ou moins de temps chez certains. Il y a des étapes à respecter. Cela nécessite du temps, du travail, de la sueur..." Quoi qu'il en soit, Patrice Sauvaget est convaincu que Norman Bassette avance dans la bonne direction. "C'est un bosseur, il est toujours demandeur de conseils. Concernant son état d'esprit, il n'y a aucun souci".