Une 300e historique face au Red Star
"C’est sûr que des joueurs comme moi, il n’y en a pas beaucoup parce que c’est vraiment difficile"
Ça y est ! Depuis le vendredi 24 février dernier, le milieu de terrain défensif de l’US Avranches Charles Boateng a atteint la barre symbolique des 300 matches disputés en National. Si sa 300e apparition ne sera pas des plus mémorables (il n'a disputé que la dernière minute lors du succès 2-1 au Red Star), qu’importe, ça compte. "Autant de matches à ce niveau, c’est vraiment pas mal", réagit l’historique joueur du club avec toute la retenue qui le caractérise. "En vérité, je savais que je n’étais pas loin de ce nombre mais je ne savais pas que je l’avais atteint le week-end dernier". Le joueur de 33 ans est entré dans un cercle très fermé, quasi-verrouillé, et il en a pleinement conscience. "C’est sûr que des joueurs comme moi, il n’y en a pas beaucoup parce que c’est vraiment difficile", reconnaît-il. Dans sa "catégorie", on retrouve notamment Jean-Christophe Bouet, le gardien de Villefranche-Beaujolais qui vient de disputer son 306e match dans la division à 39 ans et surtout le défenseur du même club Jimmy Nirlo, détenteur du record avec 336 matches à 34 ans. Preuve qu'une telle longévité à ce niveau est tout bonnement exceptionnelle.
Ses débuts en National avec le FC Rouen
"Je me rappelle que mon premier but, c’était contre Bayonne"
L’histoire du Ghanéen avec le troisième échelon a commencé en Normandie mais pas sous les couleurs d'Avranches. C'est en fait dès 2010/2011 qu'il découvre le monde sans pareil du National avec le maillot du FC Rouen. Il débarque alors de Dijon où il vient de disputer une cinquantaine de matches en Ligue 2. Et s’il a hésité au moment où on lui a demandé de citer son premier rendez-vous à ce niveau avec les Diables Rouges, il s’est rapidement souvenu précisément qu’il s’agissait "d’un déplacement à Guingamp", le 6 août 2010, au sein d’une équipe où il côtoyait alors des joueurs comme William Louiron, Jean-Paul Mendy ou Michel Rodríguez. "Par contre je me rappelle très bien que mon premier but, c’était contre Bayonne", se souvient à raison l’Avranchinais, auteur de la première de ses 22 réalisations en National le 12 janvier suivant contre l’Aviron bayonnais, à Diochon. Ce que ne réalise pas le natif de Mampong en revanche, c'est le nombre de buts assez conséquent pour son poste de milieu défenseur qu'il a inscrit depuis 13 ans. "J’ai vraiment marqué 22 buts ?", s'étonne le Manchois. "J’aurais plutôt dit que j’en étais à 15 ou 16". Et pourtant...
2010-2023 : un championnat qui a progressé
"C’est devenu plus physique, c’est du combat mais ça joue quand même un peu plus"
De 2010 à 2023, Charles Boateng aura assurément été l’un des témoins privilégiés de ce qu’est devenu le troisième niveau hexagonal au fil des saisons, un troisième niveau appelé selon toutes vraisemblances à devenir professionnel dans quelques mois. À l'exception de la période 2011/2014, le Ghanéen a participé à toutes les éditions du National. "Le niveau du championnat a changé, c’était déjà dur avant mais ça l’est encore plus aujourd’hui, c’est devenu plus physique, c’est du combat mais ça joue quand même un peu plus", analyse le milieu de terrain. "Le football est toujours en train de changer et la division a beaucoup progressé. Avant par exemple, les matches n’étaient même pas diffusés et maintenant on peut tout voir sur FFF TV". Carrefour entre les joueurs qui sortent du circuit professionnel, les talents en devenir qui s'y font la main en prêt et les promesses du niveau amateur qui veulent s'y faire un nom, le championnat est très compétitif. "Pour y évoluer sur la durée, ça demande des efforts et moi j'ai la chance d'être un joueur qui ne se blesse presque jamais". Pour preuve : du 11 août 2017 au 10 février dernier, le milieu de terrain n'a manqué aucune des 179 rencontres d'Avranches en championnat. Hallucinant.
Son plus grand souvenir dans la division
"Je me rappelle avoir vu tous les joueurs, même les remplaçants, courir sur le terrain"
Les grands souvenirs de Charles Boateng dans sa grande aventure en National sont légion. Le joueur a voyagé dans de grandes enceintes comme la Meinau de Strasbourg, le stade des Alpes de Grenoble ou encore le stade Furiani de Bastia. Et s’il y a un but qu’il garde en mémoire plus qu’un autre, c’est celui de la victoire 2-0 acquise contre Annecy, alors leader, la saison dernière lorsqu’il a réussi un lob improbable pour sceller le succès des siens (voir ci-dessous). "C'est un but incroyable que j'ai marqué à domicile, je me souviens que c'était après la 90e minute", relate-t-il. "On venait de faire 0-0 à Orléans mais on avait vraiment besoin de gagner car on n'était pas bien en championnat. Mon ami Pierre Magnon avait marqué et moi je réussis à marquer le 2-0 sur un lob incroyable. Je me rappelle avoir vu tous les joueurs, même les remplaçants, courir sur le terrain." Au total, celui qu'on surnomme affectueusement « Bobo » a remporté 107 de ses 300 matches de National et espère bien voir arriver la 108e victoire dès vendredi contre le Paris 13 Atlético.
Une perte de brassard sans réelles conséquences
"Si je ne suis pas sur le terrain et que je suis sur le banc alors mon rôle c’est d’encourager l’équipe"
Aujourd’hui, l’infatigable Boateng a un peu perdu de sa superbe. Le joueur qui démarrait chaque match se pare peu à peu d’un costume différent alors que la concurrence se fait plus rude et que son âge, inlassablement, avance. Depuis la fin de l’année dernière, la légende avranchinaise a même laissé son brassard au défenseur Formose Mendy et alterne entre les statuts de titulaire et de remplaçant. Qu’importe, lorsqu’il rentre sur le terrain comme à Châteauroux en janvier ou dans la peau d’un titulaire comme c’était encore le cas voilà deux semaines face à Sedan, c’est toujours avec le même enthousiasme et "pour se donner à fond". "Je ne suis pas le genre de joueur qui fait des polémiques, il y en a qui sont comme ça mais pas moi", poursuit-t-il. "Je suis tranquille dans ma tête. Pour moi, le plus important, c’est le club. Si je ne suis pas sur le terrain et que je suis sur le banc alors mon rôle c’est d’encourager l’équipe." Pour faire encore gonfler son nombre de capes en National - ce qu'il espère réussir de tout son coeur car il se sent "en pleine forme" - Charles Boateng aura avant tout besoin que l'US Avranches se maintienne en fin de saison, ce dont le talisman manchois est "certain à 100%".
> N1. J23 - US Avranches MSM (12e - 27 points) / Paris 13 Atlético (17e - 18 points), vendredi 03 mars à 19 h 30 au Stade René-Fenouillère.