13e sur 16 en N2, 11e sur 14 en U19 et 9e sur 14 en U17... Cette saison, les trois équipes du centre de formation du Stade Malherbe évoluant au niveau national bataillent pour éviter la relégation*. S'il n'est pas rare qu'une d'entre elle soit ponctuellement en difficulté dans son championnat, voir les trois en même temps lutter pour leur maintien relève de l'inédit. Que les supporters « Rouge et Bleu » se rassurent, un an après la finale de la Gambardella au Stade de France, la formation caennaise n'est pas devenue nulle du jour au lendemain. Mais à force de tirer sur l'élastique, celui-ci risque bien de céder... Et la baisse des moyens alloués au centre (qui peut s'entendre pour un club accusant un déficit structurel d'une demi-douzaine de millions d'euros) commence à se ressentir. Il suffit de jeter un coup d'œil au staff des éducateurs. L'été dernier, les départs de Fabrice Vandeputte et Cédric Hengbart n'ont jamais été compensés. Recruté il y a quelques mois pour répondre au cahier des charges de la DTN, Denis Moutier assure principalement un travail de post-formation rattaché au groupe « pro ».
Depuis deux saisons, pour des raisons autant sportives qu'économiques (il ne faut pas se mentir), le SMC a également considérablement réduit les effectifs de son centre. Ainsi, au coup d'envoi de cet exercice 2022-2023, le club normand dénombrait 54 joueurs pour composer quatre « onze » différents (réserve, U19, U17 et U16 R1), souvent le même week-end ! Un total ne laissant que très peu de marge, y compris en y ajoutant les néo-pros (Norman Bassette, Mohamed Hafid, Noé Lebreton...) et les éléments non-retenus par Stéphane Moulin en Ligue 2. Surtout qu'en la matière, le mercato d'hiver a affaibli le contingent avec les départs de Brahim Traoré (prêté au Standard de Liège), Jason Ngouabi (à Borgo, en N1) et Iyad Mohamed (prêté au Mans, N1). D'août à janvier, les deux premiers avaient participé à neuf rencontres chacun de N2, le troisième cinq.
Ajoutez à cela les absences longues durées de Vladislav Molchan (rupture des ligaments croisés), de Diabé Bolumbu (pubalgie puis genou) voire de Lamine Sy (rupture des ligaments croisés), les blessures et suspensions ponctuelles (six, rien que cette semaine) et vous vous retrouvez avec des effectifs à flux tendu. Sans compter les descentes du groupe « pro », y compris de la génération 2004 (Norman Bassette, Mohamed Hafid, Noé Lebreton), Nicolas Seube et Romain Leroux, respectivement à la tête de la « B » et des U19, disposent de 24 joueurs dont quatre gardiens pour ce week-end ! Face à ce constat, on peut regretter que des garçons comme Luca Boudonnet, Pierrick Mouniama et Robin Legendre n'aient pas été conservés. Certes, il aurait fallu leur proposer un contrat « pro » même « low-cost » ; ce qui représente un coût mais au regard de la situation actuelle, cela n'aurait pas constitué un luxe, tant du point de vue de la quantité que de la qualité.
Pour se sauver, la « B » aura besoin de la descente des pros
Bien sûr, si les équipes du centre souffrent autant cette année, ce n'est pas uniquement une question de nombre. En réduisant ses effectifs, le SMC les a également considérablement rajeunis. En U17, il est fréquent que Matthieu Ballon fasse appel à trois U15 (Cluver Sambi Mbungu, Soan Ameline, Aurèle Schehl). Du haut de leurs 16 ans, Tidiam Gomis, Tristan Rozier et Djulys Gomis ont déjà effectué une dizaine d'apparitions en N2. Si cette politique se comprend parfaitement d'un point de vue formation (l'objectif étant de sortir des joueurs professionnels) ; les meilleurs éléments accumulant du temps de jeu et de l'expérience dans une catégorie d'âge supérieure, elle touche ses limites au niveau des résultats. Quoi de plus normal quand vous affrontez des adversaires deux à trois ans plus vieux que vous, dans l'exemple des U19 et des U17 ; un gouffre à combler à cet âge.
Si cette situation n'est pas nouvelle, le président Olivier Pickeu a pris conscience de son urgence. "Tous les garçons qui peuvent jouer en U19 y joueront. C'est déjà arrivé par le passé. Maintenant, il va falloir être pédagogue pour leur expliquer que c'est tout sauf une sanction. On défend l'écusson d'un club pas le maillot d'une équipe", lance Stéphane Moulin nullement inquiet à ce sujet. "S'ils doivent rejouer dans leur catégorie pour aider le club à maintenir des niveaux de compétition, il n'y a pas de débat. C'est une priorité de la direction qui me paraît essentielle. Pour autant, on ne délaisse pas l'équipe pro".
Il est vrai que dans les faits, cela ne change pas grand-chose. Norman Bassette, Mohamed Hafid et Noé Lebreton peuvent toujours être convoqués par le coach caennais le samedi et évoluer le lendemain avec les U19 à condition qu'ils n'aient pas disputé plus d'une mi-temps en L2 ; un cas de figure qui ne s'est produit qu'à une seule reprise cette saison (pour Mohamed Hafid à Sochaux, mi-janvier). La « B », dont le maintien en N2 est beaucoup plus aléatoire en raison de l'adversité, espérera, elle, des « renforts » du groupe « pro ». "Sauf cas particuliers, si les joueurs qui ne sont pas pris par Stéphane sont aptes, ils jouent avec la réserve", nous a assuré le directeur sportif Yohan Eudeline. Un rappel pour le moins utile car à la lecture des dernières feuilles de match, la règle ne paraissait pas si évidente.
*En N2, les cinq derniers sont relégués + les deux plus mauvais 11e sur les quatre groupes. En U19, les trois derniers sont relégués plus le plus mauvais 11e des quatre groupes. En U17, les trois derniers sont relégués.