Alors qu'elle a validé son maintien en D1 ce week-end grâce à son succès 2-0 sur la pelouse de Dijon, l'équipe féminine du Havre, promue à ce niveau cette saison rappelons-le, sera, à partir de la saison prochaine, gérée par la SASP(1). Si, sur le plan sportif, Mathieu Bodmer et Mohamed El Kharraze, le directeur sportif et son adjoint, seront encore plus impliqués dans le processus de recrutement des joueuses en lien avec Laure Lepailleur, la manager général de la section, les conséquences sont aussi d’ordre financier en sortant « cette charge » du volet « Association ». "Aujourd’hui, il faut être réaliste, il n’y a pas d’économie autour du football féminin en France. La seule source de financement provient de l’argent des droits TV issu du football masculin. Et le développement de la pratique féminine reste au bon vouloir des propriétaires et des dirigeants des clubs"., explique le président Jean-Michel Roussier. Le HAC de Vincent Volpe en constitue le meilleur des exemples.
Pourtant, la Fédération réclame de plus en plus d’investissement aux clubs avec l'obligation d'avoir un minimum de 11 filles sous contrat fédéral, la création de centres de formation dédiés aux jeunes filles et d’une Ligue professionnelle 100% féminine à l'horizon 2024 (qui sera rattachée à la FFF) ; des mesures qui vont entraîner un réaménagement complet des contrats des joueuses. "Qu’on ne se méprenne pas, c’est tout à fait légitime que les filles bénéficient du même niveau de protection que les garçons voire à terme, comme l’ont obtenu les Américaines(2), d’un niveau de rémunération identique. Maintenant, la question que je pose, c’est comment on finance tout ça ?", s'interroge Jean-Michel Roussier.
Un critère « stade » à intégrer dans la future licence club
Surtout qu’une épée de Damoclès flotte au-dessus du football français ; les droits TV de la Ligue 1 masculine sur la période 2024-2028 étant mis sur le marché à la fin de l’année. "Tant que je n’ai pas le résultat de cet appel d’offres ni de celui du naming de la D1 (les droits TV 2023-2027 sont également concernés avec des réponses attendues pour le 4 mai) ainsi que les clés de répartition, je réserve ma réponse", lâche le président normand. Dans la future licence club qui concernera les pensionnaires de la première division féminine, le dirigeant havrais milite pour que la notion de stade soit intégrée.
"Les diffuseurs (actuellement Canal + contre un chèque annuel d'eviron 1 M€) se plaignent que la D1 ne soit pas un bon produit, avec des stades de m…, où il faut installer des grues, des tourelles… Pas chez nous. On est le seul club à jouer tous nos matches dans notre vrai stade (avec une moyenne de 884 spectateurs, la quatrième de D1, pour une capacité de 25 000 places). On ne va quand même pas comparer le Stade Océane au Camp des Loges (PSG) ou au camp d’entraînement des Lyonnaises(3). Et comme on est le seul club à ouvrir autant notre stade à nos filles, je veux être celui qui touche le plus d’argent sur ce critère de la licence. On ne peut pas d’un côté nous demander d’envoyer de plus en plus d’oseille et de l’autre, qu’on n’obtienne aucune contrepartie".
(1)Société anonyme sportive professionnelle.
(2)La Fédération américaine s’est engagée à payer les joueuses de l’équipe féminine autant que leurs homologues masculins pour tous les matches, qu’ils soient amicaux et:ou disputés en compétitions internationales.
(3)L’Olympique Lyonnais et le Paris Saint-Germain, les deux principales locomotives du football français chez les féminines, ne disputent que leurs grandes affiches, principalement celles de la Ligue des Champions au Groupama Stadium et au Parc des Princes.