Alors qu'il a beaucoup été question des enjeux financiers autour de la Ligue 1 et la Ligue 2, cette crise sanitaire impacte tous les échelons du football français, jusqu'à la dernière division de District, à tous les niveaux : social, sportif et économique. Avant que la FFF ne scelle définitivement l'avenir des championnats régionaux et départementaux (on ne voit pas comment il pourrait en être autrement) lors de son prochain Comité exécutif, jeudi (16 avril), nous donnons la parole à des dirigeants. Premier à se confier : Florent Cordray, le président du FC Troarn, pensionnaire de R3.
Des clubs de foot à l'arrêt
"On devait envoyer nos U18 disputer un tournoi en Belgique"
"Aujourd'hui, le club est en veille. Toutes nos activités sont à l'arrêt. Par exemple, on avait décidé d'envoyer nos U18 disputer un tournoi international en Belgique fin de saison. En R2, ils ont vécu un championnat galère avec aucune victoire. C'était une forme de récompense pour leur investissement. Bien entendu, il a été annulé. On avait déjà réglé l'inscription (autour de 1 500 €). J'espère pourvoir en récupérer une bonne partie. Il y a un sentiment de manque chez tout le monde. On aime bien aller aux terrains. On essaye de continuer à faire vivre le club à travers notre site internet. Les joueurs des différentes catégories nous envoient des photos et des vidéos en mode confinement.
Le pire, c'est que le confinement est intervenu quand les beaux jours sont arrivés. On a connu un hiver pluvieux. On n'a pas joué beaucoup de matches (aucun depuis le 8 février pour l'équipe première en R3). Chez nous, on n'a pas pu s'entraîner pendant des semaines à cause des conditions météos. Pour les enfants, ça leur manque de taper dans le ballon. C'est en ce moment que c'est agréable de jouer au foot".
L'avenir des championnats
"Reprendre sans préparation serait dangereux pour les organismes"
"Maintenant que les compétitions sont arrêtées (depuis la mi-mars), difficile d'envisager de retrouver le chemin des terrains. Il faudrait refaire une mini-préparation physique. Ça demanderait du temps. Et reprendre le championnat immédiatement, sans la moindre préparation, serait dangereux pour les organismes. Personnellement, je trouve que ça ne serait pas cohérent de reprendre. Il ne faut pas. On ne peut pas faire n'importe quoi. Ce n'est pas sérieux. Ça serait du bricolage. Ce ne serait pas un vrai championnat.
Sur le plan sportif, dans notre poule, Hérouville mérite amplement sa montée (11 points d'avance sur son dauphin, le FC Troarn, avec un nombre de matches identiques, 13/22). De toute façon, on a les points qu'on mérite. Après, je comprends le point de vue de certains clubs qui jouent leur maintien. Par rapport à vos concurrents directs, vous n'avez pas affronté les mêmes adversaires. Tout le monde ne serait pas sur un pied d'égalité. Imaginez deux équipes à la lutte. Sur le début de la phase retour, la première aurait affronté toutes les équipes de tête et la seconde toutes celles du bas. Où serait l'équité ? Ce ne serait pas juste".
Des pertes financières considérables
"L'annulation de nos manifestations ? Un manque à gagner de 6 000 €"
"Financièrement, je suis inquiet pour les « petits clubs ». Je ne sais pas où on va. J'espère que les subventions des collectivités dont celle de la mairie ne vont pas baisser. Pourquoi pas un geste de la Fédé (FFF) aussi même si je n'y crois pas trop. Cette saison, elle nous a pris 25 € par licence. J'espère que ce ne sera pas le même tarif la saison prochaine. Si vous prenez nos U15, ils n'ont disputé qu'un demi-championnat. Pour le moment, personne ne nous a demandé un remboursement d'une partie des licences. Avec ce que nous sommes en train de vivre, toutes nos manifestations vont être annulées, à commencer par notre tournoi du 8 mai. A Troarn, ça représente un manque à gagner d'environ 6 000 €. C'est une grosse perte d'argent.
Ces manifestations nous permettent, entre autres, d'indemniser nos éducateurs. C'est de l'ordre d'une centaine d'euros par mois. Ils s'investissent, consacrent beaucoup de leur temps, passent des diplômes... C'est un minimum de les dédommager. Avec le bureau, on va essayer de trouver des solutions afin qu'il y ait le moins de perte possible, peut-être en organisant un événement en début de saison prochaine, en démarchant des partenaires... On a parfaitement conscience que le contexte économique ne sera pas évident pour les entreprises mais on ne demande pas de grosses sommes, autour de 300 € qu'on perçoit sous forme de mécénat. C'est donc déductible aux deux tiers des impôts".
Avant que la @FFF ne scelle la fin des championnats régionaux et départementaux jeudi, nous donnons la parole à des dirigeants de clubs alors que cette crise sanitaire touche tous les échelons du foot, à tous les niveaux : social, sportif et économiquehttps://t.co/EVnsWuIyts
— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) April 12, 2020