Alors qu'il a beaucoup été question des enjeux financiers autour de la Ligue 1 et la Ligue 2, cette crise sanitaire impacte tous les échelons du football français, jusqu'à la dernière division de District, à tous les niveaux : social, sportif et économique. Avant que la FFF ne scelle définitivement l'avenir des championnats régionaux et départementaux (on ne voit pas comment il pourrait en être autrement) lors de son prochain Comité exécutif, jeudi (16 avril), nous donnons la parole à des dirigeants. Après Florent Cordray, le président du FC Troarn (R3), c'est autour de Béatrice Cardron, secrétaire de l'US Maisons (D2), de se confier.
Des clubs de foot à l'arrêt
"On ressent un sentiment de grand vide"
"Chez nous, le mercredi après-midi, lors de l'entraînement des jeunes, toutes les générations se connaissent, se côtoient, discutent... Il y a les parents, les grands-parents. Dans notre petit bourg, ça donne un peu de vie. Là, il n'y en a plus, plus de convivialité. Tout s'est arrêté. On ressent un sentiment de grand vide, même pour nous les dirigeants. On est habitués à un certain rythme. Tel jour, ce sont les enfants, un autre, les seniors, les vétérans. Si les compétitions sont définitivement arrêtées, on ne va revoir personne avant la reprise des entraînements seniors au mois d'août. Les gens vont s'évaporer dans la nature.
Autant dire que pour envisager la suite, il vaut mieux se projeter. Pour ne pas rompre totalement le lien, j'essaye de poster des photos d'archive tous les jours sur notre site. J'en ai retrouvé un carton plein au début du confinement. Je souhaite aussi tous les anniversaires de nos licenciés. C'est important de montrer que le club existe encore".
L'avenir des championnats
"On pense tous que c'est impossible de repartir. Ce serait ingérable"
"Les championnats ? On pense tous que c'est impossible de repartir. Ce serait ingérable. Il faut qu'on se prépare pour la saison prochaine. Comme beaucoup de clubs, on préférerait une saison blanche. Avec les conditions climatiques qu'on a eues en Normandie, on est très loin de la fin des championnats. Notre réserve (en D4) n'a même pas terminé les matches aller (9/22). Les championnats sont forcément un peu tronqués. Maintenant, notre équipe première est dernière dans sa poule de D2 et on n'avait pas trop d'espérance que la situation se rétablisse. Pour nous, ce sera vraiment un redémarrage total. Peu importe les décisions prises par la Fédération, on les acceptera".
Des pertes financières considérables
"Difficile de payer alors qu'on n'aura pas perçu les sommes attendues"
"Pour la rentrée en septembre, on part vraiment dans l'inconnu. Je pense que ça va être très compliqué de repartir pour de nombreux petits clubs. Seuls ceux qui disposent d'un peu de trésorerie pourront s'en sortir. A Maisons, en plus de notre loto fin mars, on a aussi une brocante prévue en juin et un tournoi début juillet. Tout va être annulé. Les manifestations ne seront pas autorisées à cette date. Ces trois manifestations représentent entre un quart et un tiers de notre budget (22 000 €). Ce sont autant de recettes en moins.
Ces rentrées d'argent nous servent pour régler les acomptes des licences. Normalement, on doit régler 80% du total de nos licences pour la mi-juillet. Chez nous, ça représente environ 2 000 €. Déjà que d'habitude, on fait plusieurs chèques à la Ligue (LFN) qui les encaisse à des dates espacées. Il y aussi les engagements pour les championnats et les coupes. Par exemple, pour la Coupe de France, on doit payer notre inscription en juin. Difficile de payer alors qu'on n'aura pas perçu les sommes attendues. Il y a aussi la période des mutations en juillet. J'espère que la Ligue va revoir son calendrier. Dans tous les cas, la prochaine saison n'aura rien à voir avec celles qu'on a connues".