Heureux comme un gamin, il a traversé le terrain en direction du banc de touche normand avant d'être enseveli par ses coéquipiers. Un bonheur communicatif partagé avec les 7 000 supporters présents à d'Ornano. Quelques instants plus tôt (89'), suite à un coup de pied arrêté ruthénois, Caleb Zady Sery avait amorcé une contre-attaque. Décalé côté droit, Anthony Gonçalves servait idéalement Steve Shamal. Même si son contrôle lui fermait légèrement l'angle de tir, l'ex-Bordelais ne tremblait pas au moment de tromper du gauche Lionel Mpasi et de sceller le score. "Je suis bien intégré dans le groupe. Ça m'a fait plaisir quand tout le monde a sauté de joie. Tout le monde sait comment j'ai galéré la saison dernière pour revenir des croisés", confie le n°23 des « Rouge et Bleu ». Car oui, Steve Shamal revient de loin, de très loin.
"Il y a de belles histoires ce soir (samedi). Il y a celle de Steve, c'est son premier match en Ligue 2, il a eu les croisés, il n'a pas joué depuis 16 mois", souligne Stéphane Moulin. "Autant dire que j'avais les crocs", lance, avec le sourire, le principal intéressé. "J'ai énormément bossé dans l'ombre, j'ai mangé mon pain noir. Ce but est une récompense". Il y a un an, quand il a débarqué en provenance de Boulogne-sur-Mer (N1), un contrat jusqu'en 2023 à la clé, celui qui est passé par les réserves d'Auxerre et de Reims avait été victime d'une rupture des ligaments croisés au genou droit quelques semaines auparavant. "Je sais qu'à mon arrivée, on s'est posé beaucoup de questions par rapport à mon transfert car j'avais signé avec les croisés. C'est normal".
Son premier match officiel depuis 16 mois
Revenu dès le mois de janvier à l'entraînement, Steve Shamal n'a pourtant pas effectué la moindre apparition avec les « pros » la saison passée. L'arrêt prématuré, à cause de la crise sanitaire, du championnat de N2 où évolue la réserve caennaise ne l'a, c'est vrai, pas aidé pour retrouver du rythme. "Honnêtement, je ne me sentais pas prêt, notamment au niveau du renforcement. Je boitais encore", reconnaît l'ancien ailier de QRM. La précarité de la situation au classement du Stade Malherbe, qui ne s'est sauvé qu'à la dernière journée, rappelons-le, n'a pas non plus favoriser son retour. "C'est difficile pour un coach de se dire qu'un mec avec les croisés va changer la dynamique de l'équipe. Dans ma tête, je me disais que je pouvais apporter quelque chose mais je ne suis pas sûr que mon corps aurait suivi. Je me serais menti à moi-même".
Débarrassé de ses douleurs à son genou, revenu à 100% de ses capacités physiques et auteur d'une préparation pleine, Steve Shamal a une carte à abattre en ce début de championnat. Avec la grave blessure de Kelian Nsona (rupture des croisés lui aussi) et en attendant qu'un excentré ne soit recruté courant août, celui qu'on peut presque considérer comme un renfort a la possibilité de gratter du temps de jeu dans un rôle où Stéphane Moulin ne regorge pas de solutions. "Je peux apporter ma percussion, ma faculté à prendre des risques", indique le natif d'Ivry qui peut occuper tous les postes de l'attaque, y compris celui d'avant-centre. "Je prends ce qu'il y a à prendre. Peu importe que je sois remplaçant, que je débute le prochain match". Après avoir été éloigné des terrains pendant quasiment un an et demi, Steve Shamal goûte de nouveau au plaisir d'être redevenu un footballeur. Et aujourd'hui, cela suffit largement à son bonheur.
« Ça faisait 16 mois que je n’avais pas joué. J’avais les crocs. Je sais qu’on s’est posé des questions à mon transfert car j’avais les croisés. J’ai travaillé dans l’ombre »
? Auteur du 4e du @SMCaen, Steve Shamal revient sur sa longue indisponibilité et confie son bonheur pic.twitter.com/YlORlFBh8H— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) July 24, 2021