Au Stade Malherbe, la question du temps de jeu des jeunes issus de la formation est un sujet sensible. Régulièrement questionné à ce propos pendant ses deux années à la tête des « Rouge et Bleu », Stéphane Moulin peut en attester. Avec désormais Jean-Marc Furlan aux commandes, ces espoirs caennais - qui ont, aujourd'hui, pour la plupart un an de vécu avec le groupe « pro » derrière eux ; ce qui est loin d'être négligeable - peuvent-ils aspirer à un rôle plus important qu'avec son prédécesseur ? Durant la préparation, plusieurs d'entre eux ont semble-t-il marqué des points. Installé au milieu de terrain, Brahim Traoré devrait débuter la saison dans le onze type, Norman Bassette a été titularisé à deux reprises sur les quatre matches amicaux (contre l'AC Ajaccio et Laval) alors que Diabé Bolumbu, sauf recrutement au poste de latéral gauche, est parti pour être la doublure d'Ali Abdi, voire peut-être mieux dans un avenir à moyen terme.
"J'ai été très agréablement surpris par l'investissement, l'engagement et l'état d'esprit de ces garçons", se félicite le nouveau coach normand. Pour autant, le technicien aquitain ne s'en cache pas, si les finalistes de la Coupe Gambardella 2022 ont disputé autant de minutes, c'est aussi en raison d'un effectif restreint. "Je n'avais que 23-24 joueurs". Est-ce que cela signifie que leur temps de jeu va diminuer une fois le coup d'envoi de la Ligue 2 sifflé ? Pour Jean-Marc Furlan, qui a lancé de nombreux jeunes au cours de sa carrière, principalement à Troyes (Corentin Jean, Jimmy Cabot, Blaise Matuidi), tout est une question d'objectif.
"Pour moi, c'est soit tu fais jouer les jeunes soit tu vas en Ligue 1", annonce-t-il. Dans la vision de l'entraîneur caennais, les deux ne sont donc pas compatibles. "Non, absolument pas", confirme-t-il prenant l'exemple de Manchester City la saison dernière. "Cette équipe a tout gagné avec une moyenne d'âge de 31-32 ans (28 ans sur la finale de la Ligue des Champions remportée en juin). Comme le répétaient (Alain) Giresse et (Michel) Platini, un joueur arrive à maturité à 28-29 ans. Jusqu'à cet âge, il se trouve dans une phase de progression qui, à un moment, te permet de passer au-dessus de tout le monde. Ce n'est pas le cas d'un garçon de 17 ou 18 ans. Maintenant, rien ne t'empêche de les aligner mais tu n'auras pas les mêmes résultats qu'avec des joueurs matures".
Alors que le SMC cible encore une sentinelle et un attaquant d'ici le 1er septembre, on peut donc s'interroger la place qu'il restera aux jeunes pousses locales à la fin du mercato et plus généralement l'importance de la formation dans le projet Malherbe. En attendant, Jean-Marc Furlan doit gérer les egos. "Aujourd'hui, la gestion des ressources humaines pour un entraîneur est beaucoup plus compliquée. A l'époque où je jouais, on fermait notre gueule. On était sur un fonctionnement dictatorial. Maintenant, les jeunes et aussi les agents, et les parents viennent de voir (sous-entendu pour te réclamer des explications)".
Dans ce sens, le coach caennais pourrait voir sa tâche allégée dans les prochaines semaines ; plusieurs jeunes faisant l'objet de sollicitations. Le board normand a reçu "une grosse proposition" du Club Bruges pour Norman Bassette (sans qu'aucun montant n'ait filtré), le Bayer Leverkusen fait les yeux doux à Tidiam Gomis alors que Bastia voue un intérêt à Brahim Traoré... Le tout en ayant à l'esprit que le Stade Malherbe affiche toujours un déficit structurel d'environ 5 M€. Comment les responsables « Rouge et Bleu » réagiront si une offre équivalente ou supérieure leur parvient ? Quelque chose nous dit qu'on aura des premiers éléments de réponse très prochainement.