Le moins que l’on puisse affirmer, c’est que le HAC, pour son retour en Ligue 1 après 14 ans d’absence, ne se présente pas sur la ligne de départ à armes égales sur le plan financier avec ses adversaires. Et on ne parle pas ici du PSG, Lyon ou Marseille… "On part avec 30 millions de moins", lâche Jean-Michel Roussier, référence au fameux fonds CVC. "L’iniquité de l’économie est considérable". Petit rappel des faits : en mars 2022, alors que les conséquences du désengagement de Mediapro et de la crise sanitaire se font encore pleinement ressentir, la LFP crée une société commerciale afin, notamment, d’accroître ses droits TV nationaux et à l’étranger (l’appel d’offre pour la période 2024-2028 sera lancé le 12 septembre). En injectant 1,5 milliard d’euros, le fonds d’investissement luxembourgeois CVC en devient l’actionnaire à hauteur de 13,04%. "Cet argent était normalement destiné à l’amélioration des infrastructures mais il ne faut pas se leurrer, tous les clubs s’en servent pour recruter et payer des joueurs", déplore le président havrais alors que les « Ciel et Marine » s’apprêtent à financer la réhabilitation de la Cavée Verte pour environ 3 M€.
A l’époque, les responsables du football français décident de partager la majeure partie de ce pactole entre les 20 pensionnaires de L1 présents lors de l’exercice 2021-2022. Ainsi, le PSG va percevoir au total 200 M€, Lyon et Marseille 90 M€, Nice, Lille, Rennes et Monaco 80 M€, tous les autres 33 M€ : Clermont, Lorient, Reims.... Les relégués en L2 cette saison-là (Bordeaux, Metz et Saint-Etienne) vont toucher, eux, 16,5 M€. Idem pour les promus (Toulouse, Ajaccio, Auxerre). Une distribution approuvée par l’ensemble des clubs professionnels, y compris de Ligue 2 dont le HAC. Chacun d’entre eux se voyant octroyer 3 M€.
Le HAC va toucher moitié moins que la plupart des clubs de L2
Du côté de la cité Océane, aujourd’hui, la pilule est difficile à avaler. "Ça ne passe pas", ne cache pas Jean-Michel Roussier qui n’entend pas se taire. "J’ai le mérite de ne pas avoir été en poste au moment de ce vote. Ça me libère la parole", ajoute le dirigeant arrivé à la tête du club doyen en juin de cette même année. Si l’ex-patron de chaîne de TV est autant remonté, c’est parce que Le Havre est clairement le dindon de la farce dans cette histoire. N’ayant visiblement pas imaginé qu’une équipe non présente en L1 en 2022 puisse y accéder deux ans plus tard, la LFP n’a prévu aucune part du « magot » CVC dans ce cas de figure. "Il y a de savants statisticiens à la Ligue, dans les banques, chez les avocats qui étaient persuadés que cette clé de répartition garantissait aux relégués une remontée immédiate. Problème, on a pris une des deux places".
"Cerise sur le gâteau", le HAC va même gagner moitié moins que la plupart des représentants de deuxième division puisqu’il faut se prévaloir de trois saisons consécutives à ce niveau, entre 2022 et 2025, pour toucher la dernière tranche d’1,5 M€ (les clubs ont déjà perçu deux versements de 750 000 €). Face à ce qu’il estime être une injustice économique, Jean-Michel Roussier monte au front. "Est-ce qu’on aura gain de cause ? Je n’en ai aucune idée mais j’ai la certitude que je ne lâcherai pas". Une longue bataille devant les tribunaux attend le président « Ciel et Marine ». "Désormais, le rythme de ce dossier est judiciaire et on ne le maîtrise pas". Une bataille qu’il va mener seul. "Beaucoup de dirigeants ont l’air de découvrir un truc qu’ils ont voté il y a un an".
"J’ai le mérite de ne pas avoir été en poste au moment de ce vote. Ça me libère la parole"
?️ Par rapport à l'iniquité économique liée au fonds CVC, le président Jean-Michel Roussier ne décolère pas et veut porter son combat devant la justice @HAC_Foot https://t.co/JD0HVeYZBT— FOOT NORMAND (@FOOT_NORMAND) August 8, 2023