19 574 spectateurs pour commencer contre Brest, puis 18 707 pour le premier succès de la saison aux dépens de Lorient et encore 18 071 pour la victoire face à Clermont avant de frôler la barre des 22 000 (21 919) à l'occasion de la réception de Lille il y a trois semaines... Le moins que l'on puisse dire, c'est que pour le retour du HAC en Ligue 1 après 14 ans d'abstinence, le public « Ciel et Marine » est au rendez-vous. "Ça fait longtemps qu'on l'attendait cette Ligue 1", lâche Sophie, alias « Soso » pour les familiers des travées du Stade Océane. Fidèle parmi les fidèles depuis une quinzaine d'années, Johan a du mal à réaliser. "Ça me paraît trop grand pour nous. C'est curieux, j'ai presque l'impression qu'on n'est pas à notre place, que ce n'est pas réel".
Au point de tomber quasi dans la nostalgie. "L'intimité de la Ligue 2 me manque presque". On vous rassure, Johan s'est habitué à voir « son » équipe ferrailler dans l'élite du football français. Et à l'approche du week-end, l'excitation chez les aficionados havrais grimpe en flèche. "On était depuis tellement longtemps en Ligue 2 qu'on était entré dans une forme de train-train. On ne craignait pas de descendre (en dépit de quelques frayeurs comme en 2020-2021), on n'espérait pas monter (même s'il y a eu quelques frissons à l'image des exercices 2015-2016 et 2017-2018). Là, avant chaque journée de Ligue 1, la pression est décuplée. Face à Lyon, je crois que je n'ai jamais été aussi tendu devant ma TV".
"Quand tu vois qu'on fait 18 000 contre Clermont. Il y a trois ans, en Ligue 2, face au même adversaire, on devait être 3 500"
Johan, supporter du HAC
Et on ne peut pas accuser les supporters « Ciel et Marine » d'opportunisme. Sans leur manquer de respect, au regard des pedigrees de ces premiers adversaires, et bien que le LOSC dispute la Coupe d'Europe, si les personnes se rendent au Stade Océane avec une telle effervescence, c'est pour encourager leur club, leur équipe, leurs joueurs. "L'engouement est assez incroyable. Quand tu vois qu'on fait 18 000 contre Clermont... Il y a trois ans, en Ligue 2, face au même adversaire, on devait être 3 500", constate Johan. "Notre stade vit enfin, il se construit une âme", enchaîne « Soso » qui usait déjà ses jeans sur les sièges de Deschaseaux au milieu des années 2000. "Il faut se souvenir qu'à pareille époque la saison dernière, on n'était que 5 000".
A guichets fermés contre Lens
Cette augmentation de l'affluence a peut-être pris racine lors de l'exercice précédent dans la folle course à la montée. "Ça a débuté en décembre-janvier (guichets fermés contre Bordeaux, le 26 décembre). Avec mon groupe d'amis, on ne s'y attendait pas. On a été étonnés. Avant, quand des gens de l'extérieur nous parlaient du HAC, c'était toujours négatif", relate « Soso ». L'arrivée à la tête du club doyen d'un nouvel Etat-major il y a 15 mois n'est certainement pas étranger à ce changement de perception. "Mathieu Bodmer (le directeur sportif), le coach (Luka Elsner) et la direction (le président Jean-Michel Roussier) y contribuent grandement. Ils abattent un travail de fou. Ils sont hyper-appréciés", confirme Johan.
"Certains estiment que ces gens n'ont pas leur place mais moi, je me dis qu'il faut bien commencer par aller au stade un jour"
« Soso », supportrice du hac
Aujourd'hui, cette passion s'exporte même à l'extérieur. Et ce ne sont pas les kilomètres qui arrêtent les plus fervents des fans. "Je suis allée à Montpellier, Rennes, Marseille", rapporte « Soso ». "A Montpellier (en ouverture du championnat), ce qui m'a le plus surpris, c'est le nombre de supporters qui avaient le nouveau maillot alors qu'il était sorti le mercredi d'avant. Mais à Rennes, c'était encore plus impressionnant. Tout le monde était en bleu". Il faut dire qu'au Roazhon Park, pour le deuxième déplacement de la saison, le parcage visiteur affichait complet. Ils étaient près de 1 500 à s'être rendus en Bretagne. "J'ai été agréablement surpris de cette mobilisation", reconnaît Johan. Un contraste saisissant avec la précédente visite des Havrais dans cette même enceinte en 2008. "On n'était que 300 ou 400. Pourtant, le match tombait à une date identique (le 13 septembre)".
Cette accession en Ligue 1 a également ramené un nouveau public, plus novice, dans les tribunes d'Océane. "Certains estiment que ces gens n'ont pas leur place mais moi, je me dis qu'il faut bien commencer par aller au stade un jour", se montre ouverte d'esprit « Soso ». Johan, lui, se félicite de voir cette génération de jeunes supporters garnir les rangs des historiques Barbarians, Kop « Ciel et Marine » et Kop Océane. "Ils n'ont pas encore tous les codes, il faut faire leur éducation (sourire) mais ils vivent des émotions", met en avant Johan. "Ils aiment le foot, leur ville et le club. A terme, ça ne peut que nous faire du bien". Car pour se maintenir en première division, le HAC aura plus que jamais besoin du soutien de son 12e homme. A commencer par Lens, vendredi, dont la ferveur des fans n'est plus à démontrer. "Ça promet d'être chaud niveau ambiance", en salive d'avance « Soso ». Pour relever ce défi, tant sur le terrain que dans les gradins, le public havrais a d'ores et déjà répondu présent puisque cette rencontre se tiendra à guichets fermés !
› L1. J9 - Le Havre AC (13e - 9 points) / Lens (14e - 8 points), vendredi 20 octobre à 21 heures au Stade Océane.