En général, après dix journées disputées, l'heure est à dresser un premier bilan. Si l'exercice est hasardeux tant le football est imprévisible, il offre la possibilité néanmoins de dégager une tendance. Mais avec ce Stade Malherbe version 2023-2024, il se révèle tout bonnement impossible. Par quel biais analyser le début de championnat des Caennais ? Il y a eu, tout d'abord, ces quatre victoires consécutives, la plupart avec la manière (Paris FC, Pau, AC Ajaccio) même si les scénarios ont été favorables (supériorités numériques, penaltys accordés), puis cet incroyable enchaînement de résultats négatifs avec un point engrangé sur les 18 derniers mis en jeu. C'est bien simple, sur cette période, aucune autre écurie de Ligue 2 ne présente une dynamique aussi mauvaise ! Pire, avant la trêve internationale, le club normand a touché le fond à Rodez (J10. défaite 5-3, le 7 octobre).
Hormis ce sursaut d'orgueil dans les dix dernières minutes de la première mi-temps qui lui a permis de remonter deux buts de retard et même de virer en tête à la pause, le SMC a livré une production catastrophique. Une copie qui interroge. Compte tenu de leur prestation, certains « matelots » voudraient faire couler le bateau « Rouge et Bleu » qu'ils ne s'y prendraient pas différemment ! Comment expliquer que les partenaires de Romain Thomas soient passés d'un extrême à un autre, en un laps de temps aussi court ? Ne nous mentons pas, l'absence de Bilal Brahimi, et son volume de jeu, pèsent énormément. Certes, il ne s'agit que d'un joueur mais il faudrait être aveugle pour ne pas s'apercevoir de son importance dans le collectif « caennais ». Néanmoins, il va encore falloir apprendre à composer sans lui puisque son retour n'est pas envisagé avant le 11 novembre et la réception de QRM.
"C'est évident dans une saison d'avoir des périodes creuses"
Jean-Marc Furlan, entraîneur du SM Caen
Au-delà du cas du milieu offensif Franco-marocain, pour Jean-Marc Furlan, si son équipe tourne nettement moins rond, c'est la faute à une baisse de régime sur le plan physique. "On était moins bien athlétiquement. Par rapport à nos premières rencontres, les gars avaient plus de jus. Là, il y a un peu plus de fatigue. C'est logique au regard de notre charge de travail", justifie le coach normand qui n'oublie pas de rappeler, sans le citer, que l'arbitrage n'a pas toujours plaidé en faveur des siens ces dernières semaines (Saint-Etienne, Guingamp). Ces critiques envers les « hommes en noir » lui ont d'ailleurs valu un match de suspension ; une sanction qu'il purgera le week-end prochain à Valenciennes. "C'est évident dans une saison d'avoir des périodes creuses. Mon obsession, c'est d'être performant sur la deuxième partie du championnat", martèle-t-il.
Des retrouvailles avec l'AJA qu'il n'a pas souhaité commenter
Si on entend le discours du technicien aquitain, on se demande, compte tenu de sa trajectoire, dans quelle position le Stade Malherbe abordera la phase retour ? A ce rythme, il ne sera plus question de monter à l'étage supérieur, voire de barrages d'accession (même si cet objectif n'a jamais été officiellement affiché), mais plutôt de lutte pour le maintien sachant que les quatre plus mauvais élèves de cet exercice 2023-2024 seront relégués en National. Forcément, avec cette accumulation de défaites, cinq sur les six dernières sorties du SMC, tous les regards sont braqués vers Jean-Marc Furlan dont la communication et le comportement sur le terrain, lors des séances comme sur les matches, interpelle plus d'un observateur.
"Il m'est arrivé de me casser du jour au lendemain en jetant la clé à mon président"
Jean-Marc Furlan, entraîneur du SM Caen
Et on a déjà vu un adversaire plus docile que l'AJA pour se refaire une santé. Meilleure formation de Ligue 2 à l'extérieur (4V-1N), Auxerre est invaincue depuis huit journées (5V-3N) et vient d'aligner quatre succès de rang. "Je connais cinq-six individualités qui sont titulaires à l'heure actuelle et qui sont des joueurs de Ligue 1", rapporte l'entraîneur caennais qui n'a pas souhaité commenter ses retrouvailles avec son ancien club. Pour la première fois depuis un an et son licenciement, il va croiser sa route. Le coach l'assure, il laissera ses sentiments aux vestiaires. "Quand j'étais joueur, j'étais un tueur à gages. Et même mes meilleurs amis, je les massacrais".
Un nouveau faux-pas contre l'AJA peut-il lui être fatal ? Le simple fait de se poser la question constitue peut-être une esquisse de réponse ? Dans les colonnes d'Ouest France, Pierre-Antoine Capton, le copropriétaire du Stade Malherbe, indique son intention de faire le point après les trois prochaines rencontres (deux déplacements à Valenciennes et Troyes suivront). En attendant, l'intéressé ne se sent nullement menacé. "J'ai 65 ans, ça va, sincèrement, j'en ai vu d'autres", avance le technicien caennais. "Il m'est arrivé de me casser du jour au lendemain en jetant la clé à mon président : « J'arrête l'aventure, je t'ai assez vu »". Reste à savoir qui décide, aujourd'hui, au sommet de l'Etat-major « Rouge et Bleu » alors qu'il se murmure dans les couloirs de d'Ornano que le choix cet été de Jean-Marc Furlan était plutôt celui de Pierre-Antoine Capton que du président Olivier Pickeu ? De cette question dépend peut-être l'avenir à court terme de l'entraîneur normand.
› L2. J11 - SM Caen (11e - 13 points) / Auxerre (2e - 21 points), samedi 21 octobre à 15 heures au Stade Michel-d'Ornano.