Il pense peut-être à ce jour depuis ce dimanche 30 avril 2017 où une blessure aux ischio-jambiers lui a fait raccrocher les crampons quelques semaines plus tôt que prévu. Six ans après avoir pris sa retraite de joueur, Nicolas Seube s'apprête à retrouver d'Ornano avec la casquette de coach. Il ne s'agira pas d'une première. En avril 2022, il était sur le banc des U18 pour cette demi-finale de Gambardella remportée aux dépens de Rennes (3-3, 5-3 tab), devant 11 000 spectateurs. Ils devraient être encore plus nombreux samedi soir pour son baptême du feu à la tête des « pros ». Une rencontre, contre Bastia, ô combien symbolique pour cet « enfant » du club. Car s'il est né, a grandi et été formé à Toulouse, c'est sous le maillot « Rouge et Bleu » que Nicolas Seube s'est construit comme footballeur.
16 saisons consécutives, 520 matches, des hauts (quatre montées en Ligue 1, finale de la Coupe de la Ligue en 2005), des bas (trois descentes en L2)... cet ancien latéral, passé milieu de terrain au cours de sa carrière, a vécu énormément de choses avec le Stade Malherbe. Et dire que tout avait commencé à l'été 2001 par un voyage de 10 heures, au volant de sa Renault Twingo, pour rallier la Normandie en provenance de sa Haute-Garonne natale. Quelques semaines auparavant, le futur n°2 emblématique du SMC avait réalisé un essai fructueux sous les yeux de Guy David. "Si on se maintient, l'an prochain, je te prends", lui avait lancé le directeur sportif de l'époque. Alors que Caen s'était sauvé à l'avant-dernière journée, grâce à une victoire face à Angers, Guy David avait tenu sa parole. Le début d'une longue histoire d'amour.
Une nomination qui n'est pas sans rappeler celle de l'un de ses prédécesseurs : Franck Dumas
Dans 48 heures, Nicolas Seube ouvrira un nouveau chapitre. Un chapitre pour lequel il se prépare, d'une certaine façon, depuis 2017 ; année où il a entamé sa reconversion en tant qu'éducateur. Tour à tour, adjoint avec les U17, en charge des U19 puis de la réserve (N2-N3), le technicien s'était également vu confier la direction du centre de formation depuis deux ans et demi. Toutefois, que ce soit pour les bons (finale de Gambardella en 2022) comme pour les mauvais résultats (relégation de la « B » en N3 la saison passée), impossible de tirer des conclusions de ces expériences avec les jeunes tant le contexte, les objectifs et les moyens sont incomparables avec le monde « pro ». Un monde « pro » que l'intéressé aspirait à retrouver un jour avec le costume d'entraîneur. Il ne s'en est jamais caché. La fin précipitée de la parenthèse Jean-Marc Furlan et la crise de résultats traversée par le SMC (11 matches de rang sans victoire en championnat, 4N-7D) ont accéléré le processus. D'ailleurs, sa nomination et les conditions de celles-ci ne sont pas sans rappeler celle de l'un de ses prédécesseurs, Franck Dumas en 2005 ; un ex-joueur iconique du club propulsé sur le devant de la scène comme coach, sans la moindre expérience à ce niveau, alors que l'équipe est piégée dans une situation sportive précaire, pour ne pas dire plus.
Conscient qu'il n'y a pas de timing idéal pour se lancer
Car la mission allouée à Nicolas Seube est périlleuse : stopper l'hémorragie, redonner confiance à un collectif à l'image du capitaine Romain Thomas en perdition sur le terrain et assurer le maintien (oui, car aujourd'hui, c'est bien de ça dont il s'agit). C'est pourquoi aux yeux de nombreux observateurs, le technicien prend un énorme risque ; celui d'écorner, en cas d'échec, son image de « héros », surnom que lui ont attribué les supporters « Rouge et Bleu » et qu'il n'apprécie d'ailleurs que modérément. Mais le nouvel entraîneur du Stade Malherbe n'envisage pas les choses sous cet angle. Alors qu'il n'avait pas reçu de proposition en 2021 suite au renvoi de Pascal Dupraz (c'est Fabrice Vandeputte qui avait été nommé), il est parfaitement conscient qu'il n'y a pas de timing, de contexte ou de conditions idéales pour se lancer dans le grand bain. Il a donc décidé de saisir l'opportunité qui se présentait, quitte à ce que celle-ci marque le début de la fin de son aventure avec son club de toujours.
A l'image de la composition du staff, Il ne s'est pas engagé sans un minimum de garanties
Cependant, le futur « patron » sportif caennais ne s'est pas plongé dans l'arène sans un minimum de garanties, obtenues notamment auprès de l'actionnaire Pierre-Antoine Capton. D'ailleurs, l'officialisation tardive de sa nomination témoigne de l'âpreté des négociations avec le président Olivier Pickeu. Si l'absence du diplôme requis pour exercer chez les « pros » (ce qui nécessitera, au passage, de s'acquitter d'une amende de 12 500 € par match à partir du 11 décembre !) brouille un peu les cartes sur la durée de son engagement à ce poste, Nicolas Seube n'est pas venu pour un « one-shot ». Il s'imagine s'installer, au minimum, sur le moyen terme avec l'objectif d'incarner un projet, d'imposer ses idées, de bâtir le Stade Malherbe de demain même si comme pour tous les coachs, il sera avant tout jugé sur ses résultats.
Pour l'aider dans a tâche, et contrairement à Jean-Marc Furlan, l'ancien capitaine du SMC ne débarque pas seul. Il a choisi une partie des membres de son staff. Selon les informations d'Ouest-France, Manu Lepresle, le préparateur physique du centre de formation, l'accompagne. Il devrait travailler aux côtés de Benoît Pickeu qui resterait, malgré cette arrivée, en place. A l'inverse, Denis Moutier, proche du clan Pickeu, pourrait, lui, effectuer le chemin inverse et prendre en mains une équipe de jeunes. Après un intérim de trois semaines, Patrice Sauvaget va, lui, retrouver le costume qui lui sied le mieux : celui d'adjoint. Un atout non-négligeable pour Nicolas Seube qui apprécie l'Angevin. Certains diront sans doute qu'on sur-interprète ces mouvements au sein du staff mais, à notre avis, ces présents comme ces absents en disent long sur le nouvel équilibre des forces qui est en train de se dessiner au sein du club caennais. Le changement d'entraîneur n'est peut-être pas le seul à intervenir dans les prochains mois au Stade Malherbe.