Voilà onze mois, l'US Granville a certainement opéré l'un des plus importants virages de son histoire récente. Au moment d'écarter Sylvain Didot de son banc, elle a donné davantage de poids à son entraîneur-adjoint Mathias Jouan, lequel continue d'insuffler aujourd'hui des préceptes mis en place juste avant qu'Olivier Cahoreau, l'entraîneur principal, ne débarque dans la Manche début mars. Après avoir sauvé le club de la relégation, le duo Cahoreau-Jouan est resté sur sa belle lancée, si bien qu'après 12 matches de National 2, l'équipe granvillaise occupe une très belle quatrième place. "On a le sentiment d'avoir fait une bonne première partie de saison, que ce soit dans la production du jeu ou dans les résultats obtenus", se satisfait Félix Ley, l'une des recrues de l'été. "On est dans ce qu'on veut faire donc c'est plutôt satisfaisant". Battu à seulement deux reprises, le collectif manchois vient de passer Noël à un petit point du podium, il y a donc de quoi être heureux, surtout au regard de la position qu'occupait l'équipe voilà un an.
Ce qui apparaît évident après quatre mois de compétition, c'est que l'US Granville a réalisé un mercato estival de grande qualité. En plus d'aller chercher des joueurs à-même de lui apporter une plus-value sportive, le club normand a aussi engagé des joueurs qui collent à son projet de jeu et qui, surtout, s'y sont très vite adaptés. "J'étais à la recherche d'un club quand Mathias m'a appelé", témoigne Félix Ley, sans doute la recrue la plus clinquante au regard de son passé en National (Concarneau, Borgo). "Il m'a proposé leur plan de jeu, la manière dont allait jouer l'équipe et c'est principalement ça qui m'a fait venir". Outre l'ancien Concarnois, les recrues Allan Bidard, Sacha Lemarié, Esteban Gonçalves, Siad Gourville ou encore Thomas Valtriani ont tous joué un rôle central depuis l'entame du championnat.
"On a le sentiment d'avoir fait une bonne première partie de saison, que ce soit dans la production du jeu ou dans les résultats obtenus"
Félix Ley
Dans leur gestion, Olivier Cahoreau et Mathias Jouan ont non seulement été capables de faire venir des joueurs de qualité, mais ils ont su le faire sans porter atteinte aux éléments performants dont ils disposaient déjà. Devant par exemple, Vincent Créhin vit une seconde jeunesse et a déjà inscrit six buts. Derrière, Paul Reulet fait partie des tous meilleurs gardiens du championnat et a livré des prestations qui ont assurément rapporté des points à son équipe. On pense notamment au penalty qu'il a su arrêter lors de la dernière victoire en date contre la réserve du FC Lorient (J11. 2-1, le 2 décembre 2023). "On a fait ce qu'il fallait, on a travaillé comme il le fallait pour en être où on en est aujourd'hui", se réjouit le portier de 29 ans. "La route reste encore très longue, il y a des équipes qui commencent à se réveiller derrière comme Vire ou Beauvais qui enchaînent les victoires. Il faut rester vigilants".
Le podium en ligne de mire : un objectif viable ?
Auteur de cinq victoires depuis août et d'autant de matches nuls, l'US Granville a-t-elle les moyens de faire mieux en 2024 et d'aller chercher une place sur le podium...voire plus encore ? "On est quand même à sept points du premier (Boulogne), donc champion, c'est un grand mot", avance Félix Ley avec prudence. "En tout cas, on est sur un bon rythme qui nous permet de nous éloigner le plus rapidement possible de la zone dangereuse. On va se concentrer d'abord là-dessus car c'est l'objectif qui a été fixé par le club en début de saison". "Il ne faut pas s'interdire de rêver, entre guillemets, et de se dire 'pourquoi pas nous ?'", avance de son côté Paul Reulet avant de rejoindre son partenaire. "Le plus important, c'est qu'on ait le maintien le plus rapidement possible et après on pourra se fixer des objectifs un peu plus hauts. C'est ce qu'on avait fait avec Caen quand on avait fini septièmes [de Ligue 1, en 2015-2016]".
"C'est forcément la meilleure année et de loin, tant sur le plan des entraînements et des matches. Je pense que c'est le meilleur Granville dans lequel j'ai joué"
Paul Reulet
Dès la reprise du championnat le samedi 13 janvier prochain, les Granvillais vont potentiellement en savoir plus sur leurs possibilités en 2024. Ils recevront en effet au stade Louis-Dior l'une des équipes surprises de ce début de saison, le FCM Aubervilliers, présentement deuxième à cinq points. Une victoire des Corsaires leur permettrait de basculer vers la phase retour avec une ambition débordante, un revers, en revanche, aurait vite fait de calmer les ardeurs manchoises. "Si on continue et que les résultats suivent, on verra où on peut se situer, en attendant, Aubervilliers, leur série est même meilleure que la nôtre puisqu'ils ont gagné leurs cinq derniers matches", expose Félix Ley, à juste titre.
Si Granville souhaite boxer jusqu'en mai tout en haut du tableau, il faudra forcément maintenir le même cap et progresser en même temps que ses principaux adversaires. "Lorsqu'on a fait le bilan, on a réalisé que les deux défaites ont été concédées à l'extérieur, il faut rester solide à domicile et réduire au maximum le nombre de défaites", analyse Félix Ley. "En termes d'attaque, on n'est peut-être pas dans le haut (l'USG possède la sixième attaque du championnat ex aequo), on peut s'améliorer sur ce point je pense". Toujours est-il qu'avec sa défense robuste et les préceptes de possession de balle instaurés par le duo Cahoreau/Jouan, les Granvillais disposent d'un potentiel rarement vu ces dernières années. Présent au club depuis 2020, Paul Reulet est bien placé pour le savoir après avoir connu le Covid, une fracture et l'éviction de Sylvain Didot début 2023. "C'est forcément la meilleure année et de loin, tant sur le plan des entraînements et des matches. Je pense que c'est le meilleur Granville dans lequel j'ai joué, c'est le groupe avec le plus de talent que j'aie connu. J'étais déjà confiant en début de saison, je le suis encore aujourd'hui".