448. Voici le nombre de licenciés futsal recensés au sein de la Ligue de Normandie (LFN) à ce jour. Une goutte d'eau par rapport aux 118 280 « adhérents » répertoriés par l'instance régionale sur cet exercice 2023-2024. Mais ce chiffre n'est pas représentatif de son véritable poids. Et pour cause, à l'exception du championnat de R1 (deux poules comprenant au total 14 équipes), aucune licence spécifique n'est obligatoire sur notre territoire. Il faut dire que le panel des compétitions n'est pas non plus très conséquent. "Actuellement, le futsal est considéré dans nos calendriers comme une pratique associée", indique Clément Lerebours, référent de cette discipline auprès de la LFN. "Notre commande, c'est de proposer cette activité sur la période hivernale afin de la mettre en avant, de la faire découvrir aux plus petits, de la faire connaître aux éducateurs..."
D'ailleurs, les premiers frémissements se font ressentir. Des coupes départementales ont été créées dans les cinq districts (Calvados, Eure, Manche, Orne, Seine-Maritime) pour les catégories U13, U15 et 18, autant chez les féminines que chez les garçons. Les vainqueurs se retrouveront ensuite le week-end des 20-21 avril pour la Coupe de Normandie. Porté par la FFF, un Challenge national, équivalent de la Coupe de France, existe également pour les joueuses ; la finalité régionale se tiendra à Lisieux dimanche 31 mars. Cette saison, il sera décliné aux U18 masculins. "L'idée sur les prochaines années est d'ancrer de façon plus permanente le futsal avec une vraie offre, notamment pour les U15, les U18 et les seniors", espère Clément Lerebours. "Dans le meilleur des mondes, avec un championnat chaque semaine comme pour le foot classique. Peut-être qu'il faudra passer par une phase de transition avec deux rendez-vous par mois".
"L'idée sur les prochaines années est d'ancrer le futsal avec une vraie offre pour les U15, les U18 et les seniors"
Clément Lerebours
Si Hérouville, à la lutte pour son maintien en D1, constitue la locomotive du futsal normand, il existe peu de clubs 100% dédiés à la pratique sur le territoire. "On préconise d'avoir une section accolée à une structure déjà existante pour s'appuyer sur des dirigeants en place, sur un cadre administratif, sur une trésorerie... Alors que quand on démarre de zéro, ce n'est pas même histoire", rapporte le conseiller technique de la LFN qui rêve d'avoir une place-forte dans les trois grandes agglomérations de la région avec aussi le Kindarena à Rouen, le pôle Simone-Veil (ou les Docks Océane) au Havre et, bien entendu, le Palais des Sports de Caen. Le natif du Mont-Saint-Aignan en est convaincu : le futsal est "le sport de demain". Au-delà de son aspect spectaculaire et de son attrait pour les sponsors, il dispose de plusieurs atouts pour séduire l'ensemble des acteurs : joueurs, techniciens, dirigeants...
Un déficit d'infrastructures pour développer la pratique
"Peu importe le niveau des gamins, comme ils sont moins nombreux sur le terrain, ils touchent plus de ballons, c'est beaucoup plus ludique", avance Clément Lerebours comme premier argument. "Pour des jeunes qui sont en rupture avec le foot, ça représente une alternative. De même que pour des clubs qui ont du mal à composer une équipe à 11 dans certaines catégories, faute de licenciés. On peut également imaginer jouer en semaine. Il y a une plus grande souplesse dans le calendrier". Pour le référent normand de cette discipline, le futsal n'est pas un concurrent de la pratique dite classique, sur gazon, mais à l'inverse, un parfait complément, notamment pour la progression des plus jeunes. "C'est un outil indéniable au service du joueur de demain, pour sa formation avec de la prise de décision dans un espace réduit, de la maîtrise de ses émotions, de la justesse technique... Tout le monde en a bien conscience, y compris à la DTN (Direction technique nationale)".
"On a notre place dans les gymnases. Le futsal, ce n'est pas la grosse balle jaune qui casse tout"
Clément Lerebours
"Pour avoir eu la chance d'échanger avec des coachs étrangers, il existe de véritables convergences avec le foot. Par exemple, au Brésil où les petits débutent par le futsal avant de se spécialiser. Au Portugal, il y a plus de licenciés au futsal qu'au football et cela n'empêche pas ce pays de performer dans les deux disciplines, avec des joueurs qui passent de l'une à l'autre". Problème, si des clubs souhaitent s'engager dans cette voie, ils sont rapidement rattrapés par leurs limites renvoyant à leurs infrastructures. « On n'a pas de créneaux ni de gymnases ». Voici en substance le discours qu'entend Clément Lerebours.
"A partir de là, soit on baisse les bras et on ne fait plus jamais rien, soit on prend ce qu'on nous propose. Nous, à la ligue, on peut les accompagner", assure le conseiller technique régional pour qui le développement de son sport passe par une meilleure promotion auprès des responsables. "Il faut faire comprendre ce qu'est le futsal aux élus. On doit travailler sur l'image de notre activité, pour mieux la faire connaître, ce qu'elle incarne en termes de valeurs. On a notre place dans les gymnases. Le futsal, ce n'est pas la grosse balle jaune qui casse tout. C'est une pratique codifiée avec du matériel spécifique". En attendant que le futsal se fasse une place de choix dans les salles régionales, aux côtés du hand et du basket notamment, la présence de l'équipe de France dimanche et lundi dans un Palais des Sports de Caen à guichets fermés les deux soirs (6 300 spectateurs au total) reste encore la meilleure publicité qui soit.
Clément Lerebours, un peu de Normandie en équipe de France
A la tête des U19, Clément Lerebours a qualifié à deux reprises l'équipe de France pour l'Euro. © Damien Deslandes
Pour parler de futsal en Normandie, difficile de trouver mieux que Clément Lerebours. Référent pour cette discipline auprès de la Ligue depuis maintenant dix ans, il possède également la casquette de sélectionneur de l'équipe de France U19 qu'il vient d'emmener deux fois de suite à l'Euro. "J'ai commencé en 2015 comme adjoint de Raphaël Reynaud en U21. J'ai remplacé un collègue qui ne pouvait se déplacer sur une dernière partie de saison", rembobine le principal intéressé qui entretient des relations étroites avec l'actuel responsable des « A ». "Quand la filière s'est structurée avec la création de toutes les équipes de jeunes, Raphaël a fait appel à mes services".
Le temps d'un match, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agissait de celui qui allait se révéler décisif pour la qualification à la Coupe du Monde 2024, contre la Slovaquie, Clément Lerebours a même eu le privilège d'intégrer le staff des Bleus. "Raphaël étant suspendu, il voulait un adjoint supplémentaire pour faire le lien entre lui et le banc", explique le conseiller technique régional de la Ligue de Normandie. Equipé d'une oreillette et d'un micro, il a donc relayé les consignes à Djamel Haroun, le n°2, et aux joueurs. "Etant dans ma bulle, je ne me suis pas vraiment rendu compte de l'ambiance et de l'impact énorme qu'il pouvait y avoir dans une énorme salle comme à Laval (3 500 spectateurs)". Pour autant, celui qui a eu également la chance de commenter des rencontre sur la chaîne L'Equipe en garde "un souvenir extraordinaire".