Le Challenge des centres de formation : qu'est-ce que c'est ?
Porté par la Ligue de football professionnel (LFP), en partenariat avec la Direction technique nationale (DTN), le Challenge des centres de formation est une nouvelle compétition à destination des équipes réserves de Ligue 1 et de Ligue 2. Elle devrait voir le jour dès la saison prochaine. Sont concernés les structures de catégorie Prestige ou de catégorie 1 (la catégorie 2 est donc exclue). Entre 16 et 20 clubs sont éligibles dont le HAC et le Stade Malherbe. Point important, elle ne vient pas en remplacement d'une participation aux championnats fédéraux (N2-N3) mais s'inscrit en parallèle. Règlement, formule, calendrier (lire ci-dessous)... Présenté aux directeurs de centres de formation à la mi-mars à l'occasion de leur séminaire annuel, qui avait lieu à Lisbonne, ce projet est très avancé au point qu'il pourrait être définitivement adopté début juin.
Règlement, formule, calendrier...
Sur la base de 18 équipes participantes, deux poules de neuf seront composées. Elles ne s'affronteront qu'une fois, avec autant de rencontres à domicile qu'à l'extérieur. A noter qu'en cas de match nul à l'issue des 90', une séance de tirs au but les départagera (quatre points pour une victoire dans le temps règlementaire, aucun pour une défaite, deux pour un succès après les tab, un pour un revers après les tab). Chaque club affrontera deux adversaires issus de sa région ou des ligues limitrophes pour limiter les frais de déplacements (aucune dotation financière n'est prévue pour ce challenge) et deux autres hors secteur géographique afin d'être confronté à différents types de football.
Le calendrier prévoit des confrontations s'étalant de la mi-octobre à la fin mars. Les week-ends de Coupe de France ; compétition à laquelle les réserves ne participent pas, seront priorisés. Les matches sont fixés au lundi, à 14 H 30, même si une grande flexibilité sera laissée aux clubs pour s'entendre entre eux pour les décaler à un autre jour, y compris le week-end. Ils se disputeront sur une pelouse naturelle ou un hybride, les terrains synthétiques sont proscrits. Une phase finale avec des demies, comprenant le vainqueur de chaque groupe, et une finale seront organisés au mois de mai.
Quels sont les objectifs de ce Challenge des centres de formation ?
A écouter ceux qui en sont à l'origine, ils sont nombreux :
> offrir du temps de jeu à des jeunes joueurs, considérés comme prometteurs mais peu utilisés chez les professionnels. Seuls des garçons en catégorie U19 et U21 auront le droit d'y participer (ex : pour l'exercice 2024-2025, ceux nés de 2004 à 2006 tels que Tidiam Gomis, Mohamed Hafid et Diabé Bolumbu à Caen, Steve Ngoura, Mokrane Bentoumi et Yoni Gomis au Havre). Parmi les 17 éléments figurant sur chaque feuille de match (avec la possibilité de faire entrer tous les remplaçants), chaque entraîneur - qui devra, au passage, être titulaire du BEFF ou du BEPF (les diplômes permettant respectivement de diriger un centre de formation et d'exercer en L1, L2 et National) - pourra convoquer quatre joueurs hors de ces catégories, plus ou moins âgés mais pas en-dessous des U17 (génération 2008),
> proposer des oppositions se rapprochant de celles que ces jeunes sont censés retrouver au plus haut niveau (L1-L2) ; les championnats fédéraux (N2-N3) ayant la réputation (fondée ou pas) d'axé le jeu sur le physique au détriment de la technique,
> bien que cela n'a pas été annoncé ainsi par la DTN, l'un des autres buts poursuivi par ce Challenge des centres de formation consisterait à lutter contre l'émergence de compétitions parallèles. Aujourd'hui, le National 2 est trop relevé pour les réserves (parmi les cinq évoluant encore dans cette division, seule l'AJ Auxerre pourrait se sauver !) tandis que son petit frère, le N3 n'est pas jugé apte à répondre aux exigences du haut niveau même si la réforme des championnats fédéraux pourrait changer la donne d'ici deux ans.
Partant de ce constat, le Paris SG, Monaco et Nice, dans un passé récent, ont désinscrit leur réserve des compétitions fédérales, préférant disputer des matches amicaux face à des équipes européennes de la même catégorie d'âge. Plusieurs autres clubs songeaient à les imiter. Pour freiner cette fuite en avant, dans le cahier des charges de ce challenge figure l'obligation d'avoir une équipe engagée dans un championnat senior ; une terminologie qui a toute son importance. Ainsi, le PSG, l'ASM et les Aiglons devraient bien y prendre part via leur « B », gérée par leur association respective (celle des Monégasques et des Aiglons jouant même au niveau régional).
L'avis de François Rodrigues
"C'est important de redynamiser la post-formation"
Pour François Rodrigues, le directeur de La Cavée Verte HAC, l'actuel championnat de N3 n'est plus très formateur pour ses jeunes joueurs. ©Damien Deslandes
Au HAC, on voit d'un bon œil l'apparition de ce challenge. "Je souhaite qu'on s'y engage. A moi de me montrer convaincant auprès de mes dirigeants", lance François Rodrigues. Pour le directeur du centre de formation des « Ciel et Marine », il n'y a que des avantages. "Ça nous permettrait d'affronter des adversaires hors de notre région ; ce qui favoriserait les échanges avec les différents centres, dans une vraie compétition comportant un enjeu sportif, sur des installations de bonnes qualités".
Pour les éléments concernés, cette nouvelle compétition revêt aussi un intérêt aux yeux de celui qui a également en charge la réserve havraise. "En Ligue 1, Luka Elsner a la possibilité de convoquer 20 joueurs, avec des matches souvent fixés le dimanche. Forcément, certains ne bénéficient pas beaucoup de temps de jeu. Ce challenge permettrait de disputer des matches contre de belles oppositions", avance le technicien citant l'exemple de Steve Ngoura. Dans le groupe « pro » sans interruption depuis la 18e journée à l'exception de la réception de Montpellier (J27. le 31 mars), l'attaquant (19 ans) n'a cumulé que 102' en L1 sur cette période.
"Après deux-trois saisons dans ce championnat, un sentiment de lassitude s'installe chez certains jeunes"
Surtout, François Rodrigues estime que l'actuel championnat de N3 n'est pas très formateur pour ses jeunes pousses. "On est sur du jeu direct, souvent haché, avec énormément d'impact physique mis par nos adversaires... Au début, quand les garçons découvrent le foot senior, c'est bien de se faire rentrer dans la gueule mais de là à ce que ce soit chaque week-end", regrette l'éducateur normand qui pointe aussi un phénomène d'usure. "Chez nous, on peut commencer à jouer en réserve dès 17-18 ans. Après deux-trois saisons dans ce championnat, un sentiment de lassitude s'installe chez certains jeunes, une baisse motivation. C'est important de redynamiser la post-formation". Reste à savoir si c'est à travers ce challenge que les clubs français y parviendront.