On est rentré dans le sprint final, l'heure décisive, le money time : appelez ça comme vous voulez ! Et pour la deuxième année de suite, le championnat National va donner de sacrées sueurs froides à ses pensionnaires puisqu'un tiers des équipes de cette troisième division vont glisser en N2 d'ici quatre journées, conséquence de la réforme du football français enclenchée la saison dernière. De l'US Orléans (10e) au SO Cholet (18e) en se focalisant bien sûr sur notre pensionnaire normand qu'est l'US Avranches (16e), analysons ensemble la fin de championnat et les chances de chacun dans la lutte pour se maintenir. Pour rappel, les équipes classées de la 13e à la 18e place seront reléguées. A moins que...
HORS DE LA ZONE DE RELÉGATION
10e - US Orléans (38 points)
Au ralenti au pire des moments possibles, l'US Orléans reste sur six matches sans victoire (2N-4D) et alors que le maintien ressemblait à une formalité début mars, les joueurs du Loiret se sont mis en difficulté. Alors qu'il faudra sans doute 41-42 points pour être sûr de s'en sortir, il est toutefois difficile d'imaginer le club récemment racheté par l'homme d'affaires Cyril Courtin s'enfoncer dans la zone rouge. Reste à se méfier d'un calendrier piégeur (trois déplacements à Versailles, Epinal et GOAL pour une seul réception : celle du leader, le Red Star). Chances de maintien : 90%.
Malgré une série négative de six journées consécutives sans victoire et un calendrier compliqué, l'US Orléans garde la main dans la course au maintien. ©Damien Deslandes
11e - Berrichonne de Châteauroux (36 points)
Alors que Brice Cognard et ses partenaires pouvaient plier l'affaire ou presque en terres avranchinaises, il y a cinq jours, ces derniers sont passés à côté de leur sujet et ont surtout contribué à relancer leur adversaire en s'inclinant 1-0. Avec ses résultats en dents de scie tout au long du championnat, la Berrichonne vient de s'incliner deux fois de suite et, comme Orléans, s'est peut-être essoufflée au pire des moments. Il faudra sans doute deux succès aux hommes d'Olivier Saragaglia pour s'en sortir, même si un seul pourrait aussi suffire. Si le déplacement à l'AS Nancy s'annonce périlleux, les Castelroussins auront encore trois réceptions à négocier, qui plus est contre des adversaires moins bien classés qu'eux à l'heure où sont écrites ces lignes (Epinal, Villefranche et Cholet). Glisser dans la zone rouge s'apparenterait dès lors à une fin de saison catastrophique. Chances de maintien : 80%.
En s'inclinant face à l'US Avranches, Geoffray Durbant et les Castelroussins ont gaspillé une balle de maintien. ©Damien Deslandes
12e - Villefranche-Beaujolais (35 points)
Tout le monde veut prendre la place des Caladois ! La position de premier non-relégable qu'occupe Villefranche est dans le viseur de beaucoup de formations et pour la sécuriser, les hommes d'un Alain Pochat sur le retour comptent en premier lieu sur un nouveau succès contre Avranches, ce vendredi. De ce duel dépendront certainement beaucoup de choses. Derrière, l'ancien Malherbiste Sullivan Péan et ses partenaires iront à Châteauroux avant d'aller à Epinal et de conclure chez eux contre une équipe de Nancy qui sera peut-être encore concernée par la montée. Oui, la réception à venir des Manchois s'apparente à une finale. Chances de maintien : 55%.
ZONE DE RELÉGATION
13e - Nîmes Olympique (35 points)
L'équipe qui terminera à cette 13e place le 18 mai sera sans doute très frustrée. Pour l'heure, le premier membre de l'interminable zone de relégation du championnat s'appelle Nîmes. Les anciens pensionnaires de Ligue 2, et même de Ligue 1, sont tout proches de subir une troisième relégation en quatre saisons. S'ils viennent de signer un succès revigorant du côté d'Orléans (J30. 1-0), les « Crocos » vont devoir prendre garde à ne pas rater leur fin de saison. D'autant que celle-ci s'annonce corsée avec la réception du Red Star, en quête de titre, un déplacement à GOAL, la réception de Sochaux et un ultime voyage à Martigues qui luttera potentiellement encore pour monter en Ligue 2. Oui, trois membres du Top 8 sont au programme pour Formose Mendy et les siens. Chances de maintien : 40%.
14e - GOAL FC (34 points)
Alors que le FC Rouen est le seul promu à ne pas occuper la zone rouge à quatre journées du terme, ses homologues que sont le GOAL FC, Marignane Gignac Côte Bleue et le SA Epinal n'en ont pas moins surpris leur monde cette saison. Alors qu'on leur promettait l'enfer pour leur découverte du niveau dans une saison à six descentes, les joueurs de GOAL (Grand Ouest Association Lyonnaise) ont réussi un exercice honorable. La surprise pourrait ainsi venir des Rhodaniens qui n'ont pas devant eux un calendrier insurmontable (déplacements à Dijon et à Versailles, réceptions de Nîmes et Orléans). Chances de maintien : 45%.
15e - Marignane Gignac Côte Bleue FC (34 points)
Comme expliqué ci-dessus, beaucoup n'auraient pas donné cher de la peau du promu sudiste en début de saison et plus encore fin 2023 quand le club était aux prises avec d'importantes difficultés financières. Depuis, tout semble rentré dans l'ordre, et alors que Marignane Gignac Côte Bleue semblait malgré tout incapable d'aller chercher le maintien dans un championnat redoutable, les hommes de Brahim Hemdani ont peu à peu grappillé leur retard et ont même un temps sorti la tête hors de l'eau avant d'y replonger dernièrement. Si le maintien sera dur à accrocher vu la concurrence, le simple fait d'être pleinement dans le coup fin avril reste un exploit en tant que tel. Avec les réceptions à venir de Sochaux et de Rouen, et des voyages à Martigues et au Mans, le MGCBFC va aussi s'épargner des duels frontaux. Et si c'était là sa chance ? Chances de maintien : 40%.
16e - US Avranches MSM (32 points)
Sans le non-match que personne n'avait vu venir à Fenouillère contre Epinal (J29. défaite 2-0, le 12 avril), l'US Avranches serait dans une position moins périlleuse au classement à quatre journées du terme, mais grâce aussi à un match fou au Mans (J28. victoire 4-3, le 5 avril) et un succès étriqué aux dépens de Châteauroux (J30. 1-0), les hommes de Michel Audrain sont toujours en vie, et c'est ce qui compte. Quoi qu'il reste de cette saison, la vie sera loin d'avoir été un long fleuve tranquille pour les Manchois, pour des raisons autant humaines que sportives. Le club doyen du championnat n'a jamais autant tremblé pour sa survie ces dix dernières années et semble tout proche de retrouver un National 2 abandonné en 2014 : une époque incroyablement lointaine quand on parle de football.
Si les statistiques ne plaident aucunement en la faveur des Normands, le club a pour lui de ne pas avoir baissé les bras. Des joueurs à la direction en passant par le banc de touche, personne n'a abandonné l'idée d'arracher le maintien sur le fil. Mais qu'on le veuille ou non, cela passera par un authentique exploit. Les Avranchinais en sauront d'ailleurs davantage sur leurs chances après leur déplacement à Villefranche-Beaujolais. Ils auront ensuite le désavantage de recevoir deux équipes qui seront possiblement toujours à la lutte pour la montée, Nancy et Niort ; des Chamois qu'ils recevront lors de la dernière journée, une semaine après avoir été défier la lanterne rouge choletaise. Chances de maintien : 20%.
En dominant La Berrichonne de Châteauroux, l'US Avranches s'est offert une première « finale » pour le maintien face à Villefranche, ce vendredi. ©Damien Deslandes
17e - SAS Epinal (29 points)
C'est peut-être une maigre consolation pour l'USAMSM : dans cette dernière ligne droite du championnat, les Manchois ne s'élancent pas du fond de grille. Malgré son succès de l'espoir glané au nez et à la barbe des Avranchinais, le SAS Epinal reste en plus mauvaise posture car il n'a pas confirmé vendredi dernier en tombant chez lui contre le FC Versailles (1-0). Ce revers malvenu a d'ailleurs presque dilapidé les chances, déjà minces, du promu spinalien de s'en sortir. Et si Avranches doit réussir un exploit pour se sauver, le club des Vosges doit lui accomplir des prouesses. Sa survie passera potentiellement par quatre succès sur les derniers matches (déplacements à Châteauroux et au Red Star, réceptions d'Orléans et de Villefranche-Beaujolais). Dans la presse locale en tout cas, on n'y croit plus vraiment. Chances de maintien : 5%.
18e - SO Cholet (28 points)
Malgré un sursaut louable ces dernières semaines (11 points pris en cinq matches), le SO Cholet est sans doute parti de trop loin pour espérer une remontée improbable. Même s'ils venaient à gagner leurs quatre derniers matches, les joueurs des Mauges ne termineraient qu'avec 40 unités au compteur. Cela semble trop peu pour accrocher la 12e place. Parce que le championnat pourrait se poursuivre hors des terrains au-delà de la saison (lire ci-dessous), le SOC va toutefois tenter de grappiller des places et surtout de s'extraire de la dernière position qui les condamnerait quoi qu'il arrive. Lors de la réception d'Avranches (33e journée), Martin Expérience et ses partenaires pourraient bien entraîner les Manchois dans leurs abysses avant de finir la saison à Châteauroux. Avant cela, ils auront reçu Rouen et se seront rendus au Mans. Chances de maintien : 2%.
Peut-on s'attendre à des repêchages ?
Le FC Rouen du gardien Axel Maraval, en proie à d'importantes difficultés financières, repartira-t-il en National la saison prochaine ? ©Damien Deslandes
La saison dernière a vu la DNCG (Direction nationale du contrôle et de gestion) ne faire aucun cadeau aux clubs évoluant dans les championnats nationaux (N1, N2 et N3). L'Evreux FC 27 ou le CS Sedan peuvent en témoigner. Or, quand une équipe est rétrogradée administrativement parce qu'elle n'est pas en règle sur le plan économique, la Fédération française procède à des repêchages. En National, l'AS Nancy-Lorraine, reléguée sur le terrain, a ainsi dû son salut aux malheurs sedannais et l'exercice 2023-2024 pourrait lui aussi réserver quelques (mauvaises) surprises. Car c'est bien connu, le malheur des uns peut faire office de consolation pour les autres.
Les suiveurs du football normand sont bien placés pour le savoir, certains clubs font actuellement face à de grosses difficultés financières et c'est, en premier lieu, le cas du FC Rouen. Le FCR craint tout bonnement une nouvelle désillusion en coulisses et une exclusion des championnats fédéraux. Les clubs qui pourraient faire face à de sérieuses difficultés, ou qui en tout cas sont sujets à de gros doutes de la part des observateurs, sont plus nombreux que jamais. Où en seront ainsi Valenciennes (officiellement relégué de Ligue 2), Sochaux, Châteauroux, ou Nîmes lorsqu'il faudra passer devant la DNCG, dans quelques semaines ? Si tout sera mis en œuvre dans chacun de ces clubs pour qu'ils s'en sortent, d'éventuelles relégations administratives pourraient occasionner des repêchages. Rien n'empêche dès lors d'imaginer que le 13e, le 14e voire même peut-être le 15e du championnat en fin de saison se retrouvera finalement sur la ligne de départ en 2024-2025.