Adopté dès sa première sélection ou presque
Un Euro presque entièrement disputé à « domicile » il y a trois ans, un match contre la France, son pays natal, en juin 2021, un billet composté pour le prochain championnat d’Europe qui se déroule actuellement en Allemagne… Depuis sa naturalisation hongroise en 2019, Loïc Nego a vécu de nombreuses émotions sur le rectangle vert. Mais le moment le plus fort reste incontestablement ce but inscrit le 12 novembre 2020 en barrage face à l’Islande ; une réalisation qui s’est avérée décisive dans la course à la qualification au précédent Euro. Alors que les Magyars sont menés 1-0, le Havrais sort du banc à la 84’. Quatre minutes plus tard, il égalise, arrachant la prolongation. Une prolongation au cours de laquelle les hommes du sélectionneur Marco Rossi décrochent leur précieux sésame.
"J’avais senti le coup. Il y a eu un petit cafouillage dans la surface, je me retrouve au bon endroit, au bon moment. Le ballon me revient dessus, je n’ai plus qu’à le pousser au fond", se souvient le piston droit qui a su se faire immédiatement adoubé par sa nation d’adoption. "Il faut se remettre dans le contexte. C’était mon premier rassemblement (son deuxième exactement), je rentre en m’échauffant à peine. A cet instant-là, on est dans le précipice, on doit tenter quelque chose. Et je débloque la situation, pas seulement pour mon équipe mais pour tout un pays". C’est en partie grâce à ce but que Loïc Nego s’offre le droit une poignée de mois plus tard d’affronter les Bleus champions du Monde en titre, au championnat d’Europe 2021 (1-1, en phase de poules).
"C'est vrai que quand j'ai entendu La Marseillaise, j'ai éprouvé une sensation bizarre"
Une confrontation forcément particulière pour le natif de Paris ; lui qui a défendu à 59 reprises les couleurs tricolores avec les jeunes, des U16 aux U20 ! "C’est vrai que quand j’ai entendu La Marseillaise, j’ai éprouvé une sensation bizarre. Me dire que j’allais être contre la France…", confie le n°7 des « Ciel et Marine ». Pendant 1 H 30, l’ex-pensionnaire du centre de formation du FC Nantes a été opposé à des joueurs comme Antoine Griezmann avec qui il a remporté l’Euro U19 en 2010, en Normandie. Désormais, c’est le maillot de la Hongrie que Loïc Nego porte. Avec 35 capes en l’espace de quatre ans, il est même devenu un cadre des Magyars. Autant dire que c’est avec une relative sérénité qu’il a suivi l’annonce des 26 éléments retenus pour le grand rendez-vous en Allemagne. "95% du groupe était connu à l’avance". Et le Havrais ne compte pas arrêter son histoire d’amour avec la sélection de sitôt. Son rêve ? Participer à la Coupe du Monde aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique en 2026.
Pour Loïc Nego, fort de la dernière confrontation entre les deux équipes où la Hongrie avait dominé l'Allemagne (en septembre 2022, pour le compte de la Ligue des Nations), sa sélection est en mesure de réaliser l'exploit contre le pays hôte de cet Euro. ©Damien Deslandes
L'exploit contre l'Allemagne ou la porte
Entre les débuts en sélection de Loïc Nego, en octobre 2020, et aujourd’hui, la Hongrie a petit à petit changé de statut. Pour preuve, en Allemagne, les Magyars participeront à leur troisième Euro consécutif, eux qui ne s’étaient plus qualifiés pour cette compétition continentale depuis… 1972 ! "Quand je suis arrivé, j’ai tout de suite senti qu’on pouvait faire quelque chose de grand", rembobine le Havrais. Forte de l’expérience accumulée sur les précédents rendez-vous internationaux, l’équipe de Marco Rossi s’est présentée même outre-Rhin avec l’ambition de créer la surprise. "Notre objectif est de sortir des poules*". Cet objectif, elle n’était pas parvenue à le réaliser il y a trois ans malgré des prestations de très bonnes factures contre le Portugal (défaite 3-0 alors que le score était toujours nul et vierge à la 83’) matches nuls face à la France (1-1) et l’Allemagne (2-2).
"Tout le monde a le même état d'esprit, tout le monde met son ego de côté. Personne ne montre de signes d'énervement"
Toutefois, pour la Hongrie, reversée dans un groupe avec la Suisse, l’Ecosse et le pays hôte, la tâche ne s’annonce pas simple. La défaite d’entrée contre la Nati (3-1) a, d’ailleurs, quelque peu refroidi les ardeurs des Magyars. Mais l’ex-Romain, forfait depuis le coup d’envoi de la compétition, et ses partenaires ne comptent pas rendre les armes sans combattre jusqu’au bout. "On a prouvé qu’on était capable de rivaliser avec les plus grands". La future confrontation face à l’Allemagne, impressionnante contre l’Ecosse (5-1) s’annonce capitale. "Ce qui peut nous avantager sur le plan psychologique, c’est qu’on l’a déjà battue (1-0, le 23 septembre 2022, pour le compte de la Ligue des Nations)". Loïc Nego a, cependant, parfaitement conscience qu’il faut se méfier de la bête blessée, encore plus quand il s’agit de la Mannschaft. "Ce n’est plus la même équipe qu’il y a un an, un an et demi. Elle a un nouveau sélectionneur". Référence à la nomination de Julian Nageslmann en septembre 2023.
De son côté, la Hongrie s’appuie aussi sur de sérieux atouts : des individualités comme Dominik Szoboszlai (Liverpool), Willy Orban (Leipzig) ou encore Roland Sallai (Fribourg), mais, avant tout, sur un collectif selon le piston droit. "Notre principale qualité, c’est notre force mentale", lance-t-il. Au sein du vestiaire, personne ne se prend pour une star, peu importe son CV. "Quand le coach donne son onze de départ, que ce soit le capitaine, le gardien, les remplaçants ou même les joueurs qui restent en tribunes, tout le monde a le même état d’esprit, tout le monde met son ego de côté. Personne ne montre de signes d’énervement parce qu’il ne commence pas ou qu’il ne joue pas. Et si l’un d’entre nous commence à ressentir de la frustration, en regardant ses coéquipiers, il sait qu’il n’a pas le droit de tricher".
*Les premiers et les deuxièmes de chaque groupe ainsi que les quatre meilleurs troisièmes sur les six poules sont qualifiés pour les 1/8e de finale.
> Euro 2024. J2 - Allemagne (1er - 3 points) / Hongrie (3e - 0 point), mercredi 19 juin à 18 heures à la Stuttgart Arena.
Dans le vestiaire de la Hongrie, ça parlait du HAC
A ses débuts en sélection hongroise, Loïc Nego a retrouvé un ancien joueur du HAC dans le vestiaire en personne de Barnabás Bese. Même s'il n'a plus été convoqué depuis novembre 2020, le défenseur - qui a défendu le maillot « Ciel et Marine » entre 2016 et 2020 - compte 23 capes avec les Magyars. "Après ma signature au Havre, on a un peu discuté du club. Avant, je ne savais pas qu'il y avait joué", confie l'ex-Nantais qui a également côtoyé Barnabás Bese avec son ancien club du MOL Fehervar. "J'embêtais un peu Barnabás avec son Français même s'il comprend un peu notre langue".