C'est un coup de « casque » qui rapporte gros. En coupant au premier poteau un corner d'Inès Brahmia Erhel, Hilde Van Herwijen a offert la victoire au Stade Malherbe sur la pelouse de QRM (1-0). Un petit événement pour la section féminine du SMC qui n'avait plus battu son homologue quevillais depuis février 2022 ! A l'époque, Anaïs Bounouar s'asseyait encore sur son banc. Trois points forcément hyper importants dans la lutte contre la relégation, d'autant plus face à un concurrent direct. Grâce à ce succès, les coéquipières de Morgane Hauvet ont effectué un bond au classement, passant de la 11e et avant-dernière place à la 8e. Avant l'ultime rendez-vous de l'année et la réception de Bréquigny le week-end prochain, les « Rouge et Bleu » se donnent un peu d'air même si la seconde partie de tableau est incroyablement serrée avec six équipes se tenant en trois unités ! Pour rappel, les trois plus mauvaises élèves de la poule seront rétrogradées au niveau régional à l'issue de cet exercice 2024-2025.
Au regard des résultats enregistrés depuis le début du championnat de D3, on commençait à se demander comment le Stade Malherbe pourrait y échapper ? Avant la victoire de ce dimanche, les Caennaises n'avaient levé les bras au ciel qu'à une seule reprise, pour deux matches nuls et quatre défaites sans oublier une piteuse élimination en Coupe de France contre le voisin de La Mos (R2), dès leur entrée en lice. Et puis de l'extérieur, il se dégage ce sentiment : le groupe de Chloé Charlot semble s'appauvrir saison après saison. Dernier exemple en date, le départ de Gladys Celestra il y a deux semaines, l'un des éléments les plus utilisés depuis un an et demi, date de son arrivée au SMC. "Pour des raisons extra-sportives, Gladys arrête, pour le moment, le foot. On est toujours sur cette question complexe de l'accompagnement de la joueuse (en dehors des terrains)", pointe la coach normande qui se retrouve aux commandes d'un effectif extrêmement rajeuni.
"La gestion extérieure de la section ? Ça m'a énormément interpellé. Déjà, commençons par bien la réintégrer dans le giron club"
Gérard Prêcheur
Un effectif qui aurait bien besoin de deux ou trois recrues au mois de janvier pour valider l'objectif du maintien. Mais comment se renforcer quand on dispose de zéro moyen financier ? Actuellement, aucune fille ne perçoit la moindre indemnité, rémunération ou prime. Cette situation n'a pas bougé depuis la création de la section en 2019. "Aujourd'hui, que ce soit dans sa structure ou dans son mode de fonctionnement, c'est une section amateure", a posé comme constat Gérard Prêcheur dans le podcast proposé par Sweet FM et Ouest France auquel notre rédaction participe. Le directeur technique du SMC a été particulièrement étonné que l'équipe féminine soit en grande partie gérée par des prestataires extérieurs réunis autour d'Olivier Linot, héritage de l'ère Olivier Pickeu. "Ça m'a énormément interpellé. Ce sont des personnes que je ne connais même pas. Déjà, commençons par bien la réintégrer dans le giron club".
L'avenir de Chloé Charlot, en fin de contrat, à éclaircir
En sa qualité de directeur technique, Gérard Prêcheur supervise également la section. En même temps, il serait stupide de se priver de son avis. En la matière, l'ex-entraîneur des équipes féminines du PSG et de l'OL ; des Lyonnaises avec qui il a notamment remporté deux Ligues des Champions, maîtrise son sujet. "Avec Gérard, on échange. Il est déjà venu assister à plusieurs de nos matches. Il nous donne de bons conseils. Il essaye de mettre en place une identité de jeu commune, filles et garçons confondus", témoigne Chloé Charlot. Face à ce contexte sportif et économique, l'ancien directeur de l'INF Clairefontaine a alerté ses dirigeants, Ziad Hammoud en tête. "Si on veut professionnaliser cette section et accéder à la D2, c'est une question de moyens. On a droit à huit contrats fédéraux. Aujourd'hui, on en a zéro. Faites le calcul, chargés, on ne doit pas être loin des 250 000 € par saison". Une somme pas vraiment anodine quand on sait que le déficit structurel (avant la balance des transferts) du Stade Malherbe devrait avoisiner les 15 M€ à la fin de cet exercice 2024-2025.
"S'il y a le feu, il faudra faire l'effort pour l'éteindre et ensuite accorder à cette section toute l'attention qu'elle mérite"
Gérard Prêcheur
"Le président a été très clair. Il m'a demandé de lui laisser du temps pour trouver un ou deux gros partenaires (spécifiques aux féminines)", expose Gérard Prêcheur qui aimerait bien impulser un nouvel élan à la reprise en 2025. "Il pourrait y avoir un caractère d'urgence (par rapport au classement). S'il y a le feu, il faudra faire l'effort pour l'éteindre et ensuite accorder à cette section toute l'attention qu'elle mérite". Méfiance, toutefois, à ne pas bousculer trop violemment l'équilibre d'un vestiaire. Si elles ont des limites sur le plan footballistique pour aller plus haut, certaines joueuses qui le composent actuellement s'investissent énormément, avec potentiellement jusqu'à six séances hebdomadaires, dont deux sur l'heure du midi. Comment réagiront ces jeunes filles en voyant débarquer une demi-douzaine de recrues au mercato d'hiver, toutes payées alors qu'elles n'ont eu jusqu'à présent que des miettes à se partager ?
"Il y a deux approches : soit tu mets des moyens, tu proposes des contrats et tu vises la montée en D2, soit tu restes sur un projet essentiellement régional en essayant de former un maximum de joueuses issues de ton territoire", énumère Chloé Charlot. Les deux choix sont louables mais forcément, il sera plus compliqué d'obtenir des résultats avec le second que le premier. Quoi qu'il en soit, et contrairement à l'ancienne équipe dirigeante qui n'en avait, clairement, pas fait une priorité, la famille Mbappé et ses collaborateurs ont le mérite de s'intéresser à l'avenir de cette section féminine. "Elle fait partie de notre projet. Je serais mal placé pour penser le contraire", affirme Gérard Prêcheur. D'ailleurs, récemment, Chloé Charlot a eu un entretien avec Josselin Flamand, le bras droit de Ziad Hammoud qui vient tout juste d'être nommé directeur général. Si elle n'a pas été évoquée, la question de son avenir va rapidement devoir être tranchée. Alors que son contrat expire au 30 juin 2025, son année en option, conditionnée à une accession en D2, n'a aucune chance d'être levée.
> D3F. J9 - SM Caen (8e - 8 points) / Bréquigny-Rennes (4e - 16 points), dimanche 22 décembre à 14 H 30 au Stade Claude-Mercier-Venoix.