Englué dans les profondeurs du classement de Ligue 2 (17e et avant-dernier, à égalité avec la lanterne rouge martégale, à six longueurs du barragiste et du premier non-relégable), le Stade Malherbe a actionné le levier du mercato d'hiver pour essayer de s'extirper de cette zone rouge. Après le défenseur Axel Moussounda et le milieu offensif Yassine Benrahou, le club caennais a enregistré une troisième recrue durant ce mois de janvier (peut-être pas la dernière d'ici lundi soir) avec Adriel Ba Loua (28 ans). Evoluant au Lech Poznan, leader du championnat polonais à la trêve de Noël, depuis 2021, cet ailier a cassé son engagement avec son précédent employeur pour parapher un contrat de deux ans et demi avec les « Rouge et Bleu ». Comme ses deux nouveaux coéquipiers, c'est un élément en manque de temps de jeu qui débarque en Normandie. C'est un euphémisme. Bien sûr, quand on cherche à se renforcer à cette période de l'année, il est compliqué de débaucher un titulaire indiscutable d'une autre équipe, à moins de sortir la planche à billets.
Mais Adriel Ba Loua affiche, tout de même, des statistiques de minutes jouées faméliques. Lors de cet exercice 2024-2025, il ne compte que sept rencontres à son actif pour cinq titularisations (348'). Juste assez pour claquer une passe décisive. Sa dernière apparition remonte au 26 octobre ! Dans ces conditions, et au-delà des qualités et des défauts du principal intéressé, il est légitime de se demander comment ce joueur, en posant ses valises fin janvier, peut avoir un impact immédiat sur les prestations de ce SMC qui a un besoin urgent de points. Même s'il faut reconnaître que l'injection de « sang neuf » au sein de ce groupe caennais profondément malade, peu importe sa provenance, était vitale.
Sept rencontres dont cinq titularisations à son actif cette saison, la dernière remonte au 26 octobre
Malgré tout, avec seulement 2 500' de temps de jeu depuis l'été 2022, soit l'équivalent de 28 matches pleins en deux saisons et demie (ce qui est peu), on a l'impression d'un élément dont le prisme de la carrière est derrière lui. Ses performances les plus marquantes ont été établies entre 2018 et 2021, à l'époque où il évoluait dans le championnat tchèque (12 buts pour 24 passes décisives avec Karmina et le Viktoria Plzen) ; ce qui lui avait, d'ailleurs, valu son transfert au Lech Poznan pour 1,2 M€. Dans son analyse data (qu'on retrouve en intégralité sur les réseaux sociaux), notre chroniqueur Stat Malherbe mentionne que sur ses meilleures actions issues de la plateforme spécialisée Wyscout, 18 des 20 minutes sélectionnées sont antérieures à son arrivée en Pologne !
Comment Bruno Baltazar va l'utiliser ?
Bien entendu, pour les supporters « Rouge et Bleu », on espère se tromper sur la dynamique d'Adriel Ba Loua. Une chose est acquise, Bruno Baltazar le connaît parfaitement. Les deux hommes fréquentaient le même championnat jusqu'en décembre : la Ekstraklasa, la D1 polonaise. Pour l'anecdote, la dernière fois que l'Ivoirien a foulé une pelouse en compétition officielle, c'était contre le Radomiak Radom, l'ancien club du coach portugais. D'ailleurs, on est curieux de savoir comment le technicien l'utilisera dans les prochaines semaines ?
Retrouver les qualités qui l'ont fait briller en République Tchèque
Depuis trois ans, celui qui fut formé à l'ASEC Mimosas où il a été recruté par un certain Pascal Théault (lire ci-dessous) s'est fixé dans le couloir droit, en faux pied, lui le gaucher. Un poste que pourrait aussi occuper Yassine Benrahou, dans un profil, on vous l'accorde, totalement différent. Si Bruno Baltazar aspire à aligner ces deux recrues simultanément, le milieu franco-marocain devrait être recentré, soit en soutien de la pointe Alexandre Mendy ou alors dans un milieu à trois, avec une pointe basse (Yann M'Vila ?), associé à Bilal Brahimi à la construction. A moins que l'ex-ailier du Lech Poznan bascule sur le flanc gauche comme au début de sa carrière.
Dans tous les cas, si Adriel Ba Loua veut gagner sa place dans le onze de départ caennais, il va devoir retrouver les qualités qui l'ont fait briller en République Tchèque (parmi les meilleurs excentrés au nombre d'attaques réussis par match : 7,5) : sa pointe de vitesse, son nombre de dribbles tentés, sa présence dans la surface de réparation adverse ; plus pour délivrer des assists que pour marquer... Car avec l'ancien attaquant de Velje-Kolding au Danemark, le Stade Malherbe s'est attaché les services d'un passeur et non d'un buteur. En témoignent ses expected goals sur sa période polonaise : cinq réalisations pour neuf xG attendus.
Découvert par un certain Pascal Théault
« D'Avila », comme il aime qu'on l'appelle, Adriel Ba Loua, ballon entre les pieds, à l'époque de l'ASEC Mimosas où il a été détecté, recruté et entraîné par Pascal Théault. ©Pascal Théault
S'il veut se renseigner sur l'histoire de son nouveau club, Adriel Ba Loua possède dans ses contacts l'homme idoine. Né à Yopougon en Côte-d'Ivoire, le néo-Caennais a été formé à l'ASEC Mimosas ; une académie dirigée par un certain Pascal Théault. L'ancien capitaine, directeur du centre et responsable de l'équipe « pro » du SMC connaît parfaitement bien la dernière recrue de son club de cœur. Et pour cause... "C'est moi qui l'ai détecté, recruté et entraîné à ses débuts quand il avait une dizaine d'années", rappelle cette légende des « Rouge et Bleu ». "Il était tout frêle, tout petit, il faisait une tête de moins que les autres mais il allait déjà très vite pour un ailier". D'ailleurs, cette semaine, le père de Robin et Théault, les deux coachs de l'AF Virois (N3), a eu le plaisir de recevoir une photo de « D'Avila », comme il le surnomme, en compagnie du préparation physique Manu Lepresle, un autre historique de la maison malherbiste.
S'il ne garde pas spécialement un lien avec ses anciens protégés, Pascal Théault a reçu un coup de téléphone il y a quelques années d'Adriel Ba Loua. « Coach, j'ai compris ce que vous me demandiez », lui avait-il lancé, référence à ses consignes défensives rabâchées par son formateur. "Ce fut un combat. On s'est bagarré", se souvient le directeur de l'ASEC Mimosas. "A l'académie, nous avions un stade avec une petite tribune en bois où je m'installais pour suivre les matches. La mi-temps où Davila évoluait de ce côté, à chaque fois qu'il faisait une course de repli, il tournait sa tête comme pour savoir si j'avais bien vu ses efforts. C'était mignon". Même si on ne l'attend pas forcément sur cet aspect-là du jeu, les supporters caennais espèrent que leur nouveau joueur n'a pas oublié les recommandations de l'ex-éducateur du Stade Malherbe.