Le hasard n'a pas toujours tout bon. Le SU Dives-Cabourg, qui a hérité de l'AS Cannes en 1/8e de finale de la Coupe de France, ne vous dira pas le contraire. Il fait cependant parfois bien les choses, comme relier le temps d'un match un certain Damien Ott à l'actualité sportive normande. Le technicien, très estimé dans la région, est aujourd'hui à la tête des Cannois. Il avait été écarté de l'US Avranches en plein mois de mars 2024, alors que son équipe glissait vers une descente finalement inexorable en National 2. "Ça s’est arrêté brutalement à Avranches", concède le coach de 59 ans. "C'était une période un peu difficile à vivre, forcément, on ne peut pas être satisfait de ce qui arrive lorsqu'on se fait évincer d'un club. Donc j'ai eu une petite phase, pas de déprime, mais une petite phase de doute et une grosse phase de reconstruction. Il s'agissait pour moi de retrouver un peu de moral". Alors qu'il attendait un coup de fil venu du N1, tandis qu'il se relançait à la tête de l'équipe de l'Union Nationale des Footballeurs Professionnelle (UNFP), l'Alsacien n'a finalement reçu aucun appel. "C'est la première fois en 25 ans que je ne commençais pas une saison", précise-t-il.
Les championnats fédéraux avaient repris depuis plusieurs semaines déjà quand Damien Ott a finalement reçu l'offre qu'il n'espérait plus. S'il ne comptait pas vraiment se relancer en National 2, lui qui avait repoussé quelques propositions émanant du quatrième échelon, l'ex-Avranchinais a prêté une oreille très attentive à ce que les dirigeants de l'AS Cannes avaient à lui proposer. "Cannes, ça parle, Cannes, c'est une marque", avance l'entraîneur. "Cannes, c'est aussi un objectif et une perspective très ambitieuse. J'ai donc vraiment écouté et j'ai été convaincu par le projet". Repris voilà deux ans par le groupe du milliardaire américain Dan Friedkin, également propriétaire de l'AS Rome, le club azuréen entend bien renouer avec sa belle histoire et surtout, à terme, avec le monde professionnel. Le 14 octobre, Damien Ott, accompagné par son fidèle adjoint Salim Mezriche, a donc dit oui à l'AS Cannes sans se douter que l'histoire allait vite tourner à l'idylle.
"J'ai vraiment découvert une organisation, une famille fantastique là-bas, des personnes formidables dans l'encadrement"
En mal de résultats sous Fabien Pujo, arrivé en juillet 2024, l'AS Cannes a connu un redressement spectaculaire ces quatre derniers mois sous la direction de Damien Ott. Ce dernier a concédé un revers d'entrée contre l'actuel leader Hyères (J8. 2-1, le 19 octobre 2024)... et n'a plus posé le genou à terre depuis. "Je ne regrette vraiment, vraiment pas", assure le technicien, qui respire de nouveau l'enthousiasme. "J'ai vraiment découvert une organisation, une famille fantastique, des personnes formidables dans l'encadrement. J'ai trouvé aussi des joueurs qui sont tous dans le même bateau". S'il a dû prendre en main une équipe en cours de saison pour la première fois de sa carrière, ce n'est pas pour autant que l'entraîneur a dû laisser ses préceptes de côté, bien au contraire. "Je ne savais pas comment ça se passait lorsqu'on reprenait une équipe, mais je suis vraiment venu avec mes idées. Je suis venu pour travailler, mais aussi pour prendre du plaisir moi-même et surtout, faire jouer mon équipe comme j'ai envie qu'elle joue".
Pas de pression face au SU Dives-Cabourg
Célèbre notamment pour ses décennies de professionnalisme et notamment ses dix années passées dans l'élite, l'AS Cannes est assurément un géant endormi qui ne demande qu'à retrouver les sommets. Qu'à cela ne tienne, si la volonté des dirigeants est bel et bien de gravir de nouveau les échelons, Damien Ott ne fait aucune fixette sur les objectifs en tant que tel. "Je ne suis pas dans l'objectif de monter, ni des quarts de finale de la Coupe de France", assure l'ancien d'Avranches. "Je suis juste dans l'objectif : « Put***, les gars, jouez bien, faites-vous plaisir, et après, on regardera ce qu'il se passe ». On n'est pas là pour rêver de quarts ou quoi que ce soit, on est juste là pour jouer les matches. C'est peut-être pour ça aussi qu'on a battu Grenoble, qu'on a battu Lorient (deux pensionnaires de Ligue 2) : parce qu'on ne s'est pas projetés sur la suite. On s'est simplement dit : « On va rentrer sur le terrain, on va jouer comme on joue en championnat, et on verra ce qu'il se passe. S'ils sont plus forts que nous, on apprendra. S'ils sont moins forts, on gagnera ». Dives, ce sera pareil".
"L'aventure d'Avranches, c'était pour une personne qui était fantastique, qui restera à tout jamais gravée dans ma mémoire. C'est Monsieur Guérin"
Le SU Dives-Cabourg justement, ce n'est pas vraiment l'adversaire que les Cannois s'attendaient à recevoir à ce stade de la compétition. Quand on est un club de National 2 qui a déjà écarté des écuries de Ligue 2, on s'attend forcément à croiser la route d'une autre formation professionnelle et pas une équipe de division inférieure. La surprise a été de taille, comme en Normandie. "On a vu leur réaction lorsqu'ils ont appris qu'ils jouaient contre Cannes", confie Damien Ott. "Mais c'est tout à fait normal. Il n'y a pas de jugement, évidemment. A leur place aussi, j'aurais nettement préféré jouer à domicile contre une Ligue 1".
Lors du 1/8e de finale, Damien Ott sera face à son homologue Philippe Clément, un coach qu'il connaît peu, mais qu'il respecte énormément. "Philippe, j'ai dû le croiser car on a dû faire un match de préparation contre eux", témoigne le coach cannois. "Je connais surtout très bien Christophe Duboscq, qui entraîne leur réserve et qui va faire le déplacement. Donc Philippe Clément va tout savoir de moi (rires). Des gens comme Philippe, ce sont des personnes de valeur, de ma génération. J'apprécie ce genre d'entraîneur, on est formés de la même façon et je pense qu'on a les mêmes valeurs". Contre la bande à Philippe Clément, Damien Ott aura en tout cas la possibilité de renouer avec les quarts de finale de la Coupe de France ; ce qu'il avait réussi de façon magistrale avec l'US Avranches en 2017 avec une élimination très honorable contre le PSG à d'Ornano (4-0). L'épopée cannoise n'a cependant pas grand chose à voir avec la précédente. "L'aventure d'Avranches, c'était pour une personne qui était fantastique, qui restera à tout jamais gravée dans ma mémoire. C'est Monsieur Guérin, c'est Gilbert Guérin. Il aimait tellement la Coupe de France qu'il fallait lui offrir ce quart de finale". Pour Damien Ott, si le scénario a changé sur la Croisette, il en trace toujours les lignes avec cette passion inébranlable qui a fait sa force en Normandie.
> Coupe de France. 1/8e de finale - AS Cannes (N2) / SU Dives-Cabourg (N3), mercredi 5 février à 20 H 45 au Stade Pierre-de-Coubertin.