C'est ce qu'on appelle un baptême du feu réussi. Pour la première rencontre de William Prunier sur son banc, l'AS Villers a retrouvé le chemin du succès en championnat, en dominant l'US Créteil-Lusitanos (1-0). Une victoire qui fuyait les partenaires de Thierry Lemaître depuis... le 16 août et la 1re journée. Après Bruno Luzi, parti sur fond de désaccord avec le vestiaire, et Mohamed Tazamoucht, sans oublier l'intérim de quelques matches assuré par l'adjoint Erick Ledeux entre les deux, c'est donc avec un troisième entraîneur différent à sa tête que le club de la Côte Fleurie s'est relancé dans la course au maintien. Il faut dire que son prédécesseur ne laissera pas un souvenir indélébile du côté des « Jaune et Vert », tout du moins sur le plan mathématique. Sur les 30 unités mises en jeu durant le passage de Mohamed Tazamoucht, l'ASVH n'en a engrangé que trois !
"On a eu une réflexion comptable", explique le président Victor Granturco. "Pour un coach, il y a un temps pour tout : celui de s'intégrer, de maîtriser son effectif et de prendre des points". Alors que l'ex-technicien d'Evreux avait été conforté à son poste à la trêve de Noël, en dépit déjà d'un bilan peu flatteur, le début d'année 2025 lui a été finalement fatal. "Bien qu'on lui ait laissé le choix de ses recrues*, on a démarré avec un 0/6 et sans voir aucun signe d'évolution positive". Après avoir sollicité l'avis du conseil de surveillance, les dirigeants du promu villersois, loin d'être résignés pour sortir de la zone rouge, ont donc décidé de se séparer de Mohamed Tazamoucht.
"Pour un coach, il y a un temps pour tout : celui de s'intégrer, de maîtriser son effectif et de prendre des points"
Pour le remplacer, ils ont jeté leur dévolu sur un nom du football français. William Prunier, c'est, entre autres, 350 matches en D1 dans les années 1980 et 1990, la grande majorité avec l'AJ Auxerre de Guy Roux, des expériences, certes courtes, à Manchester United et à Naples ainsi qu'une sélection en équipe de France, en août 1992, contre le Brésil. "William Prunier à l'ASVH, ça a de la gueule", se félicite Victor Granturco. Les deux parties avaient déjà été en contact l'été dernier sans que les discussions n'aboutissent. C'est par l'intermédiaire de Thierry Granturco, le père de Victor et son prédécesseur à la présidence, que le lien s'est renoué. Les deux hommes ont été adversaires, du temps où l'un était pensionnaire du centre de formation de l'AJA et l'autre de celui de Lyon. Ils ont également été coéquipiers sous le maillot Bleu, dans les catégories de jeunes.
Un coach pour aujourd'hui et aussi pour demain
Dans un premier temps, William Prunier débarque sur la Côte Fleurie pour mener une mission commando. "Plus qu'un coach, c'est un meneur d'hommes dont nous avons besoin à ce moment de la saison. On veut quelqu'un capable de bousculer les bonhommes, d'aller chercher ce qu'ils ont au fond de leurs tripes, dans leur cœur. Un coach pour aller à la castagne", annonce Victor Granturco. "William ne va pas essayer de nous convaincre qu'on peut s'en sortir avec un schéma de jeu inspiré de Guardiola (l'entraîneur de Manchester City)". En engageant l'ancien technicien de Canet, Bourges ou encore Thonon-Evian au début de cet exercice 2024-2025, le board des « Jaune et Vert » espère provoquer un déclic au sein de l'effectif. "William rentre dans le vestiaire avec une facilité déconcertante. Si certains joueurs pouvaient être tentés de titiller un peu Bruno ou Mohamed, avec William, ça ne sera pas le cas. C'est un personnage, avec du charisme, une aura".
"Même en terminant en position de premier relégable, il existe une réelle possibilité de se sauver"
Bien qu'elle accuse six longueurs de retard sur le premier non-relégable, Feignies-Aulnoye, l'AS Villers (15e/16) est loin d'avoir déposé les armes. Surtout que cette saison, le maintien pourrait se jouer devant la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion). "Les échos qui nous reviennent de certains clubs ne sont pas positifs. Même en terminant en position de premier relégable, il existe une réelle possibilité de se sauver", expose Victor Granturco. De son côté, le président l'assure, l'ASVH sera "droit dans ses bottes" lors de son audition devant le gendarme financier du football français. "C'est pourquoi aussi, on n'a pas fait de folies pendant le mercato". Un hypothétique maintien administratif qui justifie en partie également le renvoi de Mohamed Tazamoucht. "Au regard de notre dynamique avec Mohamed, on avait la crainte que le groupe éclate en plein vol et qu'on sombre au classement. On voulait à tout prix éviter ce scénario pour finir à la meilleure place possible".
Au-delà de cet exercice 2024-2025, qui est encore loin d'avoir livré son verdict, les dirigeants de l'ASVH se projettent sur la suite. Ainsi, il est, d'ores et déjà, prévu que William Prunier soit toujours en poste la saison prochaine. "En parallèle de la mission maintien, on a fixé à William l'objectif de travailler sur un scénario B en cas de descente, pour qu'on soit en capacité de rapidement rebondir avec lui. Si on devait tomber en N3 ; ce qui ne serait pas une catastrophe pour un club comme l'AS Villers, William aura déjà les clés, les réseaux et la connaissance de l'effectif afin de repartir de l'avant", développe Victor Granturco. Chez les « Jaune et Vert », peu importe la division dans laquelle ils évolueront, demain se construit dès aujourd'hui.
> N2. J19 - Thionville-Lusitanos (4e - 28 points) / AS Villers (15e - 11 points), samedi 15 février à 16 heures au Stade de La Guentrange.
*L'arrière ou milieu défensif Robin Lapert (Gonfreville, R1), le milieu offensif Demba Dia et l'attaquant Mamadou Kaloga (tous les deux en provenance de l'AG Caen, N3). Dans le sens inverse, Teddy Gaudiche (JS Douvres, R1), Alexandre Dias (US Alençon, N3) et Junior Assoumou (FCUS Saint-Tropez, R2) sont partis.
William Prunier : "J'adore la difficulté, c'est mon carburant"
Pour son baptême du feu sur le banc villersois le week-end dernier, William Prunier a vu son équipe s'imposer 1-0 devant Créteil. ©Damien Deslandes
Interrogé après le succès de l'AS Villers aux dépens de Créteil (1-0) sur les raisons de sa venue sur la Côte Fleurie, William Prunier n'a pas semblé effrayé par l'ampleur de la tâche qui l'attend. "Si vous regardez bien mon parcours depuis que je suis entraîneur, vous allez constater que j'ai déjà mis les mains dans le cambouis", rappelle l'ancien international tricolore. "J'adore la difficulté, c'est mon carburant. J'aime me sentir en danger. J'étais déjà comme ça en tant que joueur". Un nouveau défi qu'il a débuté idéalement. Pour autant, le technicien prône l'humilité. "Comme me le répétait Guy Roux (son entraîneur à l'AJ Auxerre), on a juste gagné une étape. Il en reste beaucoup d'autres avant de décrocher le maillot jaune". Avec notamment plusieurs sommets à gravir.