Tout est allé très vite pour la section féminine du FCR. Alors que sa survie était en question il y a trois ans, la voilà désormais à jouer les premiers rôles en R1. A cinq journées de la fin du championnat, les « Diablesses Rouges » sont candidates de la montée en troisième division. Pour comprendre, il n'y a qu'à regarder les statistiques. La saison 2024-2025 ressemble à un exercice presque parfait. Depuis le 15 septembre, date de la première journée, les Rouennaises ont remporté 14 de leurs 17 matchs, pour seulement trois défaites contre Evreux, leur concurrent direct au fauteuil de leader (2-1, 22 septembre), face au voisin de Plateau Est (1-0, 19 janvier) ainsi qu'à Cherbourg, 9e (2-1, 23 mars). Avec 58 buts marqués pour seulement 13 concédés, la troupe de Stéphane Arnold détient la meilleure attaque et la défense la plus imperméable de la poule. L'EFC 27, en embuscade, le talonne avec 57 réalisations au compteur. Si l'on ne se fie qu'aux chiffres, rien ne peut arrêter le FCR. "C'est vrai que les stats sont bonnes, mais il y a eu quelques couacs. On a perdu des matchs auxquels on ne s'attendait pas forcément", tient à tempérer le coach rouennais.
Le technicien s'avoue prudent, mais ne boude pas son plaisir de détenir l'arme offensive la plus puissante du championnat. A chaque fois qu'elles l'emportent, les « Diablesses Rouges » inscrivent au moins trois buts. Seule exception, leur succès, fin mars, sur la plus courte des marges aux dépens de l'AG Caen (1-0). Les protégées de Stéphane Arnold ont fait aussi du Stade Pierre-Lefrançois une forteresse imprenable. C'est assez rare pour que cela mérite d'être souligné. "Dans cette équipe, tout le monde peut marquer. C'est notre force. On ne dépend pas d'une ou deux joueuses", poursuit l'entraîneur rouennais. "On savait qu'on allait avoir la possession du ballon cette saison. On a beaucoup travaillé sur les animations offensives pour amener un maximum d'incertitude aux adversaires".
"On a fait un travail en sous-marin pour greffer de jeunes joueuses prometteuses"
Le travail semble payer. De ses années de gloire en D2, de 2008 à 2019, dont une demi-finale de Coupe de France face à l'ogre lyonnais en 2015, jusqu'à aujourd'hui, le FCR a connu plusieurs ascenseurs émotionnels. Lorsque la section féminine est redescendue à l’échelon régional en 2019, il a fallu tout reprendre à zéro. Reconstruire pas à pas. C'est seulement il y a trois ans que les filles ont sorti la tête de l'eau. Après une pige de deux saisons et demie chez le voisin de QRM, le coach - qui avait déjà passé six ans à la tête de l'équipe rouennaise, du temps de la deuxième division - a voulu repartir sur un nouveau cycle. Des joueuses de Quevilly, d'Evreux et d'Yvetot ainsi que des jeunes prometteuses en provenance des Sapins ont garni l'effectif. A Stéphane Arnold d'expliquer sa stratégie : "Avec Charlène Boussuge (dirigeante), je suis revenu avec la ferme intention de relancer la section féminine qui était en voie de disparation. On a fait un travail en sous-marin pour greffer de jeunes joueuses prometteuses. Dès le départ, le nouveau groupe a matché". Sixième du championnat il y a trois ans, deuxième la saison passée, le FCR a retrouvé le sourire, et surtout, de nouvelles ambitions.
L'Evreux FC 27 n'accuse que trois points de retard
"On n'était pas programmées pour finir à cette place l'année dernière. Cela a été beaucoup plus vite que prévu. Désormais, on veut progresser et avancer". Le statut de l'équipe a changé à vitesse grand V. "Il a fallu assumer", déclare sans manquer d'humilité le technicien de 43 ans. "On est attendu chaque week-end. Les adversaires sont très motivées pour nous battre et nous, on ne peut pas s'endormir". Vous l'aurez compris. Au bord de la noyade il y a trois ans et demi, le FCR a retrouvé ses plus belles couleurs cette saison, dans un championnat très intense et "plein de surprises". "Si on avance comme on le fait depuis le début de saison, il n'y a pas besoin de se tracasser. Mais forcément, chaque week-end, on a toujours un œil sur ce qu'il se passe derrière".
"Le premier faux pas de l'une des deux équipes aura des conséquences lourdes"
Car la menace formée par les Ebroïciennes peut faire peur. Dauphin avec seulement trois longueurs de retard, l'EFC 27 a encore l'espoir de passer devant et de disputer les barrages d'accession en D3. "Elles n'ont rien à perdre. Le premier faux pas de l'une des deux équipes aura des conséquences lourdes", commente Stéphane Arnold. "C'est très bien. Ça laisse de l'enjeu et de l'adrénaline pour cette fin de saison". Le match nul de l'EFC 27 sur le terrain de l'Avant-Garde Caen (2-2) lors de la dernière journée de championnat laisse au FCR une infime marge de manœuvre. A lui de ne pas craquer dans le temps additionnel. "Les filles sont jeunes (la moyenne d'âge du groupe tourne autour des 18-20 ans). Elles n'ont jamais joué de titre et n'ont jamais été mises en avant comme ça. Tout cela est nouveau", avance l'entraîneur avec prudence. Il reste attentif à l'état de ses troupes dans le sprint final et essaie de ne pas se projeter trop loin.
Si au soir du 18 mai ; date de la dernière journée de championnat, il est toujours en tête du classement, le FCR jouera les play-offs d'accession à la D3. Il affrontera le leader du championnat régional de Bourgogne Franche-Comté. A l'heure actuelle, il s'agit de l'AS Chatenoy-le-Royal, proche de Chalon-sur-Saône. "Je sais juste que c'est un club 100% féminin qui a déjà joué les barrages d'accession, mais c'est la totale inconnue. Je commencerais à me renseigner qu'à la fin du mois d'avril", expose l'entraîneur. Ce qui est certain, c'est que le match aller aura lieu à la maison, la manche retour en Bourgogne. "Voir aussi loin, c'est manquer d'humilité. Il ne faut pas brûler des étapes. La saison est loin d'être finie". A commencer par le prochain rendez-vous, ce dimanche, avec un derby 100% rouennais contre le voisin de Plateau Est. L'occasion pour le FCR de prouver une fois de plus sa suprématie locale.
> R1F. J18 - FC Rouen (1er - 42 points) / FC Rouen Plateau Est (3e - 33 points), dimanche 20 avril à 15 heures au Stade Pierre-Lefrançois.