Parmi les joueurs caennais qui ont participé à la double confrontation contre Saragosse au 1er tour de la Coupe UEFA en 1992, il fait partie de ceux possédant l'un des plus beaux palmarès (triple champion de France, vainqueur de la Coupe UEFA, demi-finaliste de la Ligue des Champions…). Passé par le FC Nantes, le PSG mais surtout l'Inter Milan, Benoît Cauet (49 ans) a véritablement lancé sa carrière avec le club normand. Responsable du scouting chez les « Nerazzuri » jusqu'à l'été dernier, l'ex-milieu défensif est revenu sur son aventure au Stade Malherbe. Quatre saisons qui l'ont profondément marqué.
Dans quelles circonstances aviez-vous été recruté au Stade Malherbe en 1990 ?
"La saison précédente, à l'OM, j'avais subi deux opérations, une à chaque genou, en l'espace de six mois. Je n'avais pratiquement pas joué de l'année. Je me trouvais dans une situation délicate. Il fallait que je me relance. Je voulais retrouver du temps de jeu. A travers l'intermédiaire de Jean-François Domergue qui était directeur sportif de Caen à l'époque et dont j'avais été le coéquipier à Marseille, j'ai eu l'opportunité de signer au Stade Malherbe. J'ai sauté sur l'occasion. Quand il a su que je pouvais me libérer, il m'a proposé de le rejoindre. Il m'a dit que le club avait besoin de joueurs jeunes, dynamiques, avec une grande volonté et l'ambition de s'améliorer. A Caen, tout était réuni pour que je puisse me développer. Ma carrière a décollé là-bas. Avec Caen, ce fut une vraie histoire d'amour de mon premier à mon dernier jour".
Sous la direction de Daniel Jeandupeux, le SMC avait la réputation d'être une formation ultra-offensive. Au milieu de terrain, vous étiez d'ailleurs souvent le seul à vocation défensive…
"Quand un attaquant était repositionné à l'arrière, on pouvait se demander ce qu'il allait se passer. Mais il y avait tout un travail technique et tactique en amont qui permettait au joueur en question de comprendre qu'il pouvait être déterminant à ce poste. Il y avait une certaine logique. On avait une équipe très bien organisée qui avait cette capacité à aller de l'avant, à attaquer. Tout le monde y trouvait son compte. Au départ, moi, j'étais un joueur plus défensif mais à la fin, j'étais l'un de ceux qui se procuraient le plus d'occasions (éclat de rire)".
Si vous deviez ressortir un souvenir de vos quatre saisons en Normandie (1990-1994)…
"Tout le monde se rappelle de la double confrontation contre Saragosse en Coupe d'Europe, car c'est historique pour le club. Mais moi, j'ai envie de mettre en avant l'ambiance qui régnait au sein de ce groupe composé de nombreux joueurs normands, du cru. On avait tous envie de tout donner. C'est ce qui nous a permis d'obtenir des résultats. Il y avait aussi les supporters. Ils étaient très proches de nous. On avait un public fabuleux. Ils nous ont toujours soutenus. Que ce soit à Venoix ou à d'Ornano, le 13e homme nous poussait. Ce que je retiens de cette aventure, c'est cet aspect humain. Le seul regret que j'ai avec Caen, c'est de ne pas avoir participé au centenaire du club (en octobre 2013). J'avais un match avec les U17 de l'Inter (qu'il entraînait) le même week-end. J'aurais aimé pouvoir participer à cette superbe fête".
"Devenir entraîneur d'une équipe pro"
Une fois ses crampons raccrochés à l'issue d'une dernière expérience en Suisse avec le FC Sion (en 2005-2006), Benoît Cauet est retourné à l'Inter. Après avoir été consultant pour la chaîne du club où il livrait notamment ses analyses tactiques durant les matches de Ligue des Champions, l'ex-Caennais a intégré l'encadrement technique du centre de formation milanais. "Pendant huit-neuf saisons, j'ai entraîné des U15 aux U18". Avec une certaine réussite puisqu'il a été sacré deux fois champion chez les U15 ! Depuis un an et demi, il est responsable du scouting du club italien des catégories U16 à U19. "Je devais aller à Jiangsu en D1 chinoise (propriété de Suning Sport qui détient également l'Inter Milan) pour m'occuper du secteur des jeunes. Mais ça ne s'est pas fait".
Désormais, Benoît Cauet nourrit une autre ambition. "Je veux devenir entraîneur d'une équipe pro (il dispose des diplômes nécessaires). Je suis presque en train de chercher un club". Une carrière qu'il aurait pu embrasser dès 2015 quand le CSKA Sofia - dont il a défendu les couleurs lors de l'exercice 2004-2005 - lui a proposé le poste. Une offre qu'il avait déclinée. Conséquence de cette décision, le Français pourrait quitter l'Inter Milan. "Je suis en discussion avec les dirigeants".
Parmi les nombreux entraîneurs prestigieux que vous avez connus comme Jean-Claude Suaudeau à Nantes, Marcelo Lippi et Mircea Lucescu à l'Inter Milan, on a l'impression que Daniel Jeandupeux a beaucoup compté…
"J'ai eu un grand rapport avec Daniel, simple mais d'une immense convivialité. Encore aujourd'hui, on s'appelle de temps en temps. Quand j'étais son joueur, je me suis mis à sa disposition pour pouvoir apporter le maximum. Il y a toujours eu un grand respect entre nous. Même lors de ma dernière saison où ça a été plus difficile au niveau des résultats, quand il y avait besoin de parler, on le faisait. On échangeait. C'est un coach qui m'a beaucoup apporté et qui m'a aidé dans ma carrière. Je lui dois énormément. Tout comme Jean-François Domergue".
De nombreux joueurs de cette époque au Stade Malherbe ont embrassé la carrière de coach (Franck Dumas, Hubert Fournier, Rudi Garcia, Philippe Montanier…), à commencer par vous avec les équipes de jeunes de l'Inter…
"C'est la preuve qu'à l'intérieur de ce groupe, il y avait des joueurs qui avaient la capacité à analyser, à comprendre. Ils possédaient déjà une certaine vision du football, une personnalité".
Quel a été le joueur le plus fort que vous avez côtoyé au SMC ? Et le plus drôle ? Le plus rugueux ?
"Caen a eu des grands joueurs qui ont évolué derrière dans des clubs importants. Je pense à Franck Dumas, Xavier Gravelaine… Ce sont des joueurs qui avaient des capacités très intéressantes. Mais je le répète, notre force, ce n'était pas forcément les individualités, mais le groupe. Je rigolais beaucoup avec Hippolyte Dangbeto. Quoi qu'il arrive, l'humour ne manquait pas dans ce groupe. Mais pour faire le pitre, Stéphane Paille était pas mal (sourire). Quand il y avait des moments difficiles, il arrivait à relâcher la tension. Le plus rugueux ? A part moi (rires). C'est vrai que je m'entraînais comme je jouais. D'une manière générale, jamais personne n'a manqué de sérieux".
Benoît Cauet
> Né le 2 mai 1969 (49 ans) à Châtellerault (Vienne).
> Ex-milieu défensif. Entraîneur.
> Parcours : ASPTT Nantes (junior-DH, 1983-1985), Marseille (centre de formation-L1, 1985-1990), SM Caen (L1, 1990-1994), Nantes (L1, 1994-1996), Paris SG (L1, 1996-1997), Inter Milan (ITA, 1997-2001), Torino (ITA, 2001-2002), Côme (ITA, 2002-2003), Bastia (L1, 2003-2004), CSKA Sofia (BUL, 2004-2005), Sion (SUI, 2005-2006).
> Avec le SM Caen : 155 matches - 9 buts.
> Palmarès : champion de France en 1989, 1990 et 1995 ; vainqueur de la Coupe UEFA en 1998, vainqueur de la Coupe d'Italie en 1998 ; champion de Bulgarie en 2005 ; vainqueur de la Coupe de Suisse en 2006.