Quand vous vous présentez en conférence de presse devant Rolland Courbis, vous arrivez avec vos questions et lui, avec ses réponses. Tout journaliste qui l'a déjà « pratiqué » le sait. Jeudi après-midi, le technicien - particulièrement remonté - avait un message à transmettre. Et il ne s'en est pas privé. La raison de sa colère : "Un sprint final totalement faussé". La cause ? Les dates des finales des coupes nationales, positionnées bien trop tôt dans le calendrier et qui impactent le championnat. "Ça vous plaît qu'il n'y ait plus de suspense pour la cinquième place", interpelle le co-entraîneur caennais, référence à la défaite du PSG contre Rennes en finale de la Coupe de la France(1).
"J'observe ce qui se passe du côté de Paris, de Rennes, de Strasbourg (vainqueur de la Coupe de la Ligue). On distribue les points par-ci, par-là quand on a la chance de les rencontrer. Je me suis permis de les appeler les sympathiques distributeurs de points", lance « Coach Courbis » avec son phrasé légendaire. "Quand je regarde le calendrier, je préférerais les affronter plutôt que les équipes qui nous attendent". Pourtant, si c'est un fait que ces clubs n'ont plus rien à jouer dans cette Ligue 1, que dire de Reims (9e) et de Bordeaux (14e), les deux prochains adversaires des visiteurs des « Rouge et Bleu » à d'Ornano ?
Du coup, si on s'interroge sur l'implication des uns, ne peut-on pas imaginer des Champenois, par exemple, débarquer en Normandie ce week-end dans des dispositions identiques ? "On l'espère. Ça ne ferait qu'équilibrer les choses", rétorque-t-il. Et quand on lui fait remarquer que le Stade Malherbe a bénéficié dans un passé récent de circonstances similaires pour se maintenir(2), le consultant pour RMC voit rouge. "Un entraîneur comme (Thomas) Tuchel qui dit qu'avec son équipe, ils sont pratiquement en vacances et qu'ils ne peuvent pas être motivés tout le temps(3). C'était ça aussi les déclarations de l'époque. Même si c'est vrai, ça le dérangerait de ne pas le dire".
Dix points engrangés en six matches
Mais si ces formations sont pointées du doigt par Rolland Courbis, "si je ne le fais pas, personne ne le signale à ma place", cela ne doit rien au hasard. Certes, Parisiens, Rennais et Strasbourgeois tournent au ralenti depuis un certain temps mais ils vont surtout défier d'ici le terme du championnat Dijon et Guingamp, soit les deux concurrents directs du SMC dans la course au barrage. Les Alsaciens en déplacement et le PSG au Parc des Princes étant les deux futurs adversaires du DFCO alors que les hommes de Julien Stéphan accueillent leurs voisins bretons dans le cadre de cette 36e journée.
De là à penser que le co-entraîneur caennais tente de leur imposer un coup de pression en les rappelant à leur devoir, il n'existe qu'un pas... Dans tous les cas, l'ex-coach de l'OM n'en démord pas. "Ce sprint final m'aura quand même gonflé. Pour des tas de raisons, cette saison est pénible. Je ne prends aucun plaisir. Je ne trouve rien d'amusant dans ce challenge. Et si j'étais malpoli, je dirais même que je m'emmerde". Heureusement que les partenaires de Fayçal Fajr ont engrangé sept points en trois rencontres. Sinon, qu'est-ce que ça serait ?
"Dix en six matches", souligne, lui, un Rolland Courbis préférant mettre en avant le bilan depuis la dernière trêve internationale suite à la claque reçue à domicile contre Saint-Etienne (5-0). "Il y a eu une coïncidence pendant cette période et dix points nous sont tombés du ciel miraculeusement. Ils sont arrivés de Lourdes. On les a récupérés volontiers en remerciant ceux qui nous les ont apportés", ironise le technicien des « Rouge et Bleu ». Pour espérer se sauver, que ce soit directement ou via le barrage, le Stade Malherbe va devoir encore en gratter quelques-uns. A commencer par ce week-end avec la réception de Reims. Et trois si possible.
> L1. J36 - SM Caen (18e - 30 points) / Reims (9e - 49 points), samedi 11 mai à 20 heures au stade Michel-d'Ornano.
(1)Compte tenu des victoires du PSG dans les deux coupes nationales ces quatre dernières saisons, les cinquième et sixième places du championnat étaient devenues européennes.
(2)Lors des deux saisons précédentes, le Stade Malherbe s'est maintenu à la dernière journée en obtenant un point contre un PSG, déjà assuré d'être champion, loin d'être au complet et visiblement pas concerné à 100%.
(3)Après le match nul contre Nice (1-1) le week-end dernier, Thomas Tuchel a reconnu que son équipe jouait "un peu ses matches comme des amicaux". "On n'a plus rien à gagner, plus d'objectif à atteindre. En même temps, je peux le comprendre (...) C'est humain aussi. Ce serait mieux que la saison soit finie mais ce n'est pas le cas".