Son ambition avec le HAC
"Je me méfie des grands discours avant le début du championnat"
C'est un Paul Le Guen emprunt d'humilité qui s'est présenté devant les médias lors de sa présentation samedi dernier (8 juin). "Mon petit nom fera de l'effet sur les deux premiers matches. Je suis dans le foot depuis suffisamment longtemps pour savoir que c'est par des résultats que les gens reviendront au stade". Et ne comptez pas sur l'ex-coach de l'OL pour créer le buzz. "Je me méfie des grands discours avant que le championnat ne commence. Je ne vais pas faire la promesse qu'on va monter en Ligue 1. Les déclarations pompeuses m'agacent", prévient-il. Et quand on lui demande quel est son projet pour le HAC, le Finistérien explique "ne pas aimer ce mot". "Je me suis lancé comme défi de ne pas l'utiliser. Maintenant, bien sûr que j'ai envie qu'on propose un beau football". Les supporters « Ciel et Marine » aussi.
L'effectif
"Réduire cet effectif pléthorique"
Entre les éléments en fin de contrat(1), les prêtés (Steeve Yago), les retours de prêts (Bevic Moussiti-Oko), la blessure longue durée de Victor Lekhal (indisponible, au minimum, jusqu'à Noël), ceux qui pourraient partir pour services rendus (Jean-Pascal Fontaine) ou pour percevoir un transfert (Pape Gueye), Paul Le Guen ne va pas manquer de travail pour constituer un effectif en mesure de se mêler à la lutte pour l'accession en Ligue 1. Le chantier prioritaire ? "Réduire un effectif pléthorique", lance l'ancien coach de l'OL. "Il y a beaucoup trop de joueurs sous contrat à mes yeux, une trentaine. Forcément, ça génère des mécontents. J'aimerais travailler avec une structure d'effectif comprenant 22-23 joueurs de champ plus trois gardiens. Le nombre d'arrivées ? Il dépendra des départs. On ne va pas empiler les joueurs. On va essayer de se presser lentement".
(1)Dénys Bain, Zinédine Ferhat, Alexandre Bonnet et Harold Moukoudi se trouvent tous les quatre en fin de contrat. Ce dernier s'est déjà engagé avec Saint-Etienne jusqu'en 2023.
Le recrutement
"Je l'ai dit au président, je veux Dénys Bain"
Parmi les éléments libres, Paul Le Guen aimerait beaucoup conserver Dénys Bain. Problème, le solide défenseur central est extrêmement courtisé, à commencer par le voisin régional du Stade Malherbe. "Je l'ai dit au président, je le veux mais je n'ai pas dit absolument. Je suis pragmatique. Je suis capable de comprendre les contraintes économiques du club. Maintenant, j'ai appelé le joueur, deux fois. J'ai essayé de le convaincre de rester. Je pense que les arguments étaient bons. J'espère que l'écoute l'a été aussi. J'arrive un peu en retard dans la bagarre mais j'ai envie d'essayer". De là à le faire changer d'avis ? Il existe un pas que les différents protagonistes se refusent pour le moment de franchir.
L'avenir de Christophe Revault
"Je suggère au président de lui confier d'autres missions"
Paul Le Guen débarquant donc avec des prérogatives élargies, on est en droit de s'interroger sur l'avenir de Christophe Revault, le directeur sportif en place depuis 2010 ? "Je connais particulièrement bien Christophe. Ce fut l'un de mes coéquipiers (au PSG lors de la saison 1997-1998) puis l'un de mes joueurs (à Rennes entre 1998 et 2000). Je sais ce qu'il incarne pour ce club. C'est l'une de ses figures emblématiques(2)", souligne le nouveau patron technique du HAC. Toutefois, pour l'ex-gardien toulousain, il n'y aura pas de place au sein du staff (lire encadré). "Mais bien entendu que je suggère au président de lui confier d'autres missions". Interrogé sur ce sujet, Vincent Volpe a reconnu "ne pas avoir de réponse à donner pour le moment" même si un rôle de scout au sein de la cellule de recrutement a été évoqué par Paul Le Guen.
(2)Formé à La Cavée Verte, Christophe Revault a gardé les cages havraises pendant 11 saisons (1989-1997 puis 2007-2010) avant de raccrocher les gants en 2010, disputant 216 matches. Le gardien international (deux sélections) a également assuré deux intérims sur le banc (à chaque fois réussi) : en novembre-décembre 2012 (six victoires en sept rencontres) puis en octobre-novembre 2015 (quatre victoires en cinq rencontres).
Ses expériences à l'étranger
"Quand je suis arrivé, le Cameroun était dernier de sa poule"
Depuis son départ de Lyon en 2005, Paul Le Guen n'a pas connu la même réussite dans sa carrière de technicien. C'est en tout cas ce que semble retenir le grand public. Une image que le principal intéressé combat férocement. "Quand je suis arrivé au Cameroun, la sélection était dernière de sa poule de qualification pour la Coupe du Monde 2010. Pourtant, on s'est qualifiés. A la tête du Sultanat d'Oman, je suis resté quatre ans et demi. Est-ce que vous pouvez imaginer durer aussi longtemps sans réaliser un travail de fond", interroge le consultant pour L'Equipe TV tout en connaissant la réponse à l'avance. Et avec Bursaspor où il fut démis de ses fonctions au bout de dix mois. "La saison d'avant, le club s'était sauvé à la dernière journée. On a réalisé une première partie de saison très correcte. Ça s'est dégradé ensuite en raison notamment de problèmes extra-sportifs", avance Paul Le Guen dont le débit s'accélère à l'évocation de ses expériences à l'étranger.
*Consultant pour RMC, Christophe Dugarry (champion du Monde 1998 et champion d'Europe 2000 pour les plus jeunes de nos lecteurs) a virulemment critiqué le choix de carrière de Paul Le Guen, égratignant au passage la ville du Havre. "Il a envie de se relancer et il part au Havre ? Oh lala… Les mecs, ils n'ont pas de vie sans déconner. Tu ne vas pas t'enterrer au Havre. Tu as fait ta carrière de footeux. Tu as été entraîneur. Fais autre chose. Profite". Interrogé sur ce sujet, le nouveau coach du HAC n'a pas voulu rentrer dans cette polémique. "Il pense ce qu'il veut. Peu importe. Chacun fait son parcours, sa vie. Ce n'est pas parce qu'il a dit ça que j'ai envie de lui balancer une vacherie en retour".
Un staff renouvelé quasiment à 100%
Au Havre, Paul Le Guen emmène notamment dans ses bagages son fidèle adjoint Yves Colleu.
Au Havre, Paul Le Guen a décidé de s'entourer d'hommes de confiance. Tout d'abord avec Yves Colleu, son adjoint qui l'accompagne partout depuis ses débuts sur un banc à Rennes en 1998. Un autre de ses « historiques » occupera le rôle d'entraîneur des gardiens en la personne de Christian Mas. Ce dernier a déjà travaillé avec l'entraîneur breton au PSG, à Oman et à Bursaspor. La grande nouveauté réside dans le poste de préparateur physique qui a été confié à Olivier Rodriguez.
"Je lui donne sa chance. Il a beaucoup travaillé dans l'univers du tennis. Je trouve qu'il a un profil très intéressant pour nous rejoindre dans le foot et pour nous bousculer. Je voulais un œil différent", indique le patron technique du HAC séduit également par le profil « journalistique » du nouveau membre de sa garde rapprochée. "Olivier est chroniqueur pour le site Atlantico. Il écrit de bons articles. Ça m'a aussi convaincu. Je vous suggère de lire celui sur le foot féminin". Unique rescapé du staff précédent*, Romain Hecquet aura toujours en charge l'analyse vidéo.
*Tous en fin de contrat, Lilian Nalis, adjoint d'Oswald Tanchot, Stéphane Bernard, le deuxième adjoint, Steven Mandin, le préparateur athlétique, et Frédéric Gueguen, l'entraîneur des gardiens, n'ont pas été conservés.