La performance est suffisamment rare, surtout au Stade Malherbe, pour être soulignée. Il y a une semaine, à l'occasion de la réception du Mans, Jessy Deminguet a signé un coup du chapeau (J15. 3-3). Pour retrouver la trace du dernier joueur caennais à avoir « claqué » un triplé, il faut remonter plus de 20 ans en arrière, lors de l'exercice 1997-1998 (déjà en D2 à l'époque) avec Etienne Mendy. Avant lui, des noms aussi prestigieux que l'Anglais Brian Stein, le Suédois Kennett Anderson, le meilleur goleador de D2 en 1996 Franck Priou ou bien encore les internationaux français Fabrice Divert et Xavier Gravelaine avaient accompli cet « exploit » sous le maillot « Rouge et Bleu ».
Un « hat-trick » que le principal intéressé n'a pu savourer à sa juste valeur. La faute à ce match nul concédé face aux Manceaux alors que le club normand menait 3-1 à 20 minutes de la fin. "Dommage que ses partenaires ne couronnent pas sa prestation de très haut niveau par un succès", avait regretté Pascal Dupraz. "Bien sûr que ça fait plaisir sur un plan individuel. Ça serait mentir d'affirmer le contraire mais je suis frustré par ce résultat. Le collectif prime sur mon cas personnel", n'avait pas caché le natif de Lisieux.
Trois réalisations qui possèdent un point commun : elles ont tous été inscrites à l'intérieur des 16,50 mètres. Preuve de l'évolution récente du style de jeu de Jessy Deminguet. "Quand on est joueur de foot, on sait que 80% des buts se marquent dans la surface", rappelle comme une évidence le patron technique du SMC. Un coach savoyard qui exhorte son jeune milieu de terrain (21 ans) à se projeter dans le camp adverse. "Quelquefois, il vaut mieux mettre le ballon vers l'avant plutôt que vers l'arrière. Je suis certain que d'autres entraîneurs et éducateurs avant moi lui ont rabâché : prises de balle vers l'avant, transfert du jeu vers l'avant, projections balle aux pieds ou sans ballon vers l'avant".
Un passage de deux journées sur le banc
Des consignes que le n°8 des « Rouge et Bleu » tentent d'appliquer comme en atteste son troisième but où il profite de ce "cadeau" de Caleb Zady Sery pour pousser le cuir au fond des filets. "Ce que fait Caleb est remarquable de lucidité mais si Jessy ne fait pas un effort de 60 mètres, il ne marque pas", fait remarquer Pascal Dupraz. Un coach caennais visiblement tombé sous le charme de Jessy Deminguet. "C'est un garçon exemplaire. Ça donne déjà envie. Je préfère m'intéresser à de belles personnes plutôt qu'à des têtes de c... Je suis sûr que la prochaine fois qu'il se retrouvera à deux contre un, il rendra la pareille à Caleb". Pour autant, cela n'a pas empêché le technicien normand de le laisser sur le banc face au Paris FC (J12) et contre Orléans (J13).
"C'est parce que j'ai un embouteillage au milieu de terrain", justifie Pascal Dupraz. "Ça m'embête d'en sortir un car ils sont tous bons (Prince Oniangué, Jessy Pi, Anthony Gonçalves)". Toutefois, le gaucher est rapidement revenu dans le onze de départ à un poste inhabituel pour lui d'ailier droit. "Je l'utilise dans une position qui n'est pas forcément la sienne mais j'ai jugé qu'avec son potentiel, avec l'ouverture du jeu devant lui quand il est à droite, il pouvait être intéressant. En plus, comme c'est le chouchou, il ne faut pas que je le sorte. Sinon, je vais me faire défoncer (sourire)".
"Je n'ai pas attendu d'être son entraîneur pour voir que Jessy avait de fortes capacités", ajoute l'ex-consultant pour Canal + avant d'énumérer les qualités de son milieu relayeur. "Il est travailleur, il a du talent, il a envie de s'améliorer, il est humble". Avec une passe décisive pour trois buts sur les deux dernières journées, Jessy Deminguet n'a pas manqué cette opportunité de se relancer. A lui, désormais, (enfin) de confirmer définitivement ce potentiel qu'on lui prête depuis ses débuts chez les « pros » il y a maintenant deux ans.
> L2. J16 - Guingamp (10e - 20 points) / SM Caen (15e - 16 points), vendredi 29 novembre à 20 heures au Stade de Roudourou.