Au Stade Malherbe, un blessé en chasse un autre. Alors que Benjamin Jeannot a été victime d'une rupture totale du tendon d'Achille il y a une semaine face au Havre, Jordan Tell, qui l'a remplacé, a, lui, effectué sa première apparition de la saison au Stade Océane. Prêté par Rennes fin août ; club avec lequel il se trouve sous contrat jusqu'en 2022, le Guadeloupéen n'avait plus foulé une pelouse en compétition officielle depuis plus d'un an (le 26 janvier avec Orléans où il fut déjà prêté lors de l'exercice précédent) ; la faute à des déchirures à répétition à la cuisse droite. Une blessure que l'attaquant caennais connaît particulièrement bien. Et pour cause, il en a subi une similaire à la cuisse... gauche à l'époque où il était pensionnaire du centre de formation du SMC.
"Ma cuisse a lâché à Orléans puis pendant la préparation avec Rennes et encore ici, quand je suis revenu. Le muscle était endommagé. Avec les docs, on a décidé que la meilleure des solutions était de pratiquer la même opération que celle j'avais eue à gauche afin de nettoyer le muscle. C'était mon dernier recours", détaille Jordan Tell. La confiance qui le lie d'ailleurs au staff médical caennais explique en partie son retour en Normandie. "Ça m'a un peu rassuré. Ça aurait été plus compliqué de signer dans un club où je ne connaissais personne".
Une succession de pépins physiques qui lui ont valu l'étiquette de joueur fragile. "Ce sont des mots qui blessent. Quand on rencontre des problèmes comme ça, on cherche à savoir pourquoi. Peut-être que c'est génétique ? C'est vrai qu'en septembre, j'ai pris un coup au moral. J'ai mal vécu cette situation mais je n'ai jamais abandonné. Maintenant, j'espère que ces problèmes sont derrière moi et que mon corps va me laisser tranquille même si je n'ai aucune garantie. Malgré ce que j'ai subi, je veux montrer à ma famille que je suis capable de retrouver un meilleur niveau. Si je n'y croyais pas, je rendrais mon contrat", annonce celui qui fut présenter au Stade Malherbe comme une « recrue » du mercato d'hiver.
Seul en pointe ou associé à un autre attaquant
Ayant vécu toute la phase aller à l'infirmerie, Jordan Tell a intégré les séances collectives depuis la reprise début janvier. Après avoir participé à une poignée de matches avec la réserve, le Guadeloupéen, repéré par Laurent Glaize et David Lasry (les anciens responsables du recrutement au centre de formation du SMC) lors de la Coupe Nationale U15 à Clairefontaine, a (enfin) obtenu le feu vert de la cellule médicale pour postuler à une place dans les « 18 ». "Auparavant, les médecins nous conseillaient de ne le faire jouer qu'une heure. Dans mon esprit, c'est soit il est apte à jouer 1 h 30 soit il n'est pas apte", lançait Pascal Dupraz il y a une dizaine de jours.
Désormais opérationnel, l'attaquant passé également par Valenciennes peut constituer un véritable renfort pour les trois prochains mois. Auteur de sept buts en l'espace d'une demi-saison sous le maillot orléanais (sans oublier deux passes décisives), le n°10 des « Rouge et Bleu » est décrit par ses formateurs comme un élément instinctif, adroit devant le but mais aussi capable de prendre la profondeur et d'apporter de la vitesse.
En résumé, un condensé de ce qui manque à ce collectif normand éprouvant toujours autant de difficultés à se montrer dangereux dans le jeu. "Jordan possède surtout une très bonne qualité de déplacements, que ce soit dans la profondeur ou en décrochage quand il dézone. Il a une bonne mise en action, il est vite en jambes", énumère Pascal Dupraz. Avec Caleb Zady Sery, Nicholas Gioacchini et Malik Tchokounté, le coach savoyard dispose, aujourd'hui, d'une arme supplémentaire dans le domaine offensif. S'il est capable d'évoluer sur un côté, le Guadeloupéen avoue une prédilection pour l'axe, seul en pointe ou associé à un deuxième attaquant. S'il s'estime apte à être titulaire et à disputer 90', reste à savoir si Jordan Tell sera capable d'enchaîner ?
> L2. J25 - SM Caen (13e - 28 points) / Troyes (5e - 41 points), vendredi 14 février à 20 heures au Stade Michel-d'Ornano.