« Par rapport à la situation économique du Stade Malherbe, il y a deux façons de l'analyser : comment le club se portait-il avant la crise sanitaire ? Et quelles sont ses perspectives aujourd'hui ? Bien sûr, la pandémie et l'arrêt des championnats ne l'ont pas aidé. Mais à ce niveau, tous les clubs sont logés à la même enseigne. Maintenant, il ne faut pas se mentir, ce n'est pas la pandémie qui l'a mis en difficulté, tant sur le plan sportif que financier. Je n'ai aucun mal à l'avouer, au fond de moi, j'ai un peu la haine contre ceux qui ont repris le club et qui l'ont coulé, (Gilles) Sergent (président du SMC la saison dernière) et compagnie… Quand je vois le travail qui avait été fait auparavant, ça me fait mal au cœur. Le Stade Malherbe ne mérite pas ça. Mais je n'ai entendu personne dire : "On a merdé. On s'est trompés".
J'ai cru comprendre qu'il fallait dégraisser. Mais vous ne vendrez pas cinq-six joueurs. Le seul qui peut te rapporter de l'argent, c'est Jessy Deminguet. Lui, il est au-dessus. Et peut-être Nicholas Gioacchini. Mais il est très jeune. Tu ne vas pas le transférer à dix millions… Et derrière, quel groupe tu construis si tu n'as pas d'argent ? Dans une interview à Ouest-France (le 4 mai), j'ai lu que Pascal Dupraz (l'entraîneur du SMC) souhaitait entre six et huit recrues. Compte tenu des finances, ça sera obligatoirement des joueurs libres. Le problème, c'est que tous les clubs se positionneront dessus. Qu'est-ce qui va faire la différence ? C'est l'attractivité des clubs. Il y a quelques années, Malherbe, avec la stabilité qui le caractérisait, possédait beaucoup d'atouts. Désormais, cette stabilité n'existe plus.
Rebâtir avec des jeunes du centre de formation ? Encore faut-il qu'ils aient le niveau. Quand je lis l'interview de Pascal, j'ai l'impression que ce n'est pas le cas pour tous. D'ailleurs, ce n'est parce que vous signez pro que ça signifie que vous avez le niveau pour jouer en Ligue 2 ou en Ligue 1. Dans un championnat comme la Ligue 2, vous ne pouvez pas partir qu'avec des jeunes. Vous êtes obligé d'avoir des cadres, de trouver un équilibre…
Dans ces conditions, quelles ambitions peut nourrir le Stade Malherbe ? En Ligue 2, je ne l'imagine pas ne pas jouer la montée. Quand tu vois ses infrastructures, Malherbe ne peut pas se contenter de juste évoluer à ce niveau. Ce n'est pas possible. Mais c'est loin d'être évident de remonter. Regardez Lens, Auxerre…* Maintenant, ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas dire la vérité aux supporters. Il ne faut pas raconter n'importe quoi et se donner des ambitions qu'on est incapables d'assumer. Si tu leur expliques pourquoi tu ne peux pas prétendre à la montée la saison prochaine ni celle d'après, ils continueront d'encourager leur club en connaissance de cause… tout en espérant autre chose.
De toute façon, à mes yeux, la seule solution pour que le Stade Malherbe redevienne compétitif dès la saison prochaine, c'est qu'il soit racheté ».
*Avant de décrocher son billet pour la L1, Lens a attendu cinq saisons. De son côté, Auxerre évolue en L2 depuis l'exercice 2012-2013.