Quand il a annoncé son départ, il n'a pu s'empêcher d'essuyer une larme. "C'est un grand affectif", ne cache pas Christophe Lécuyer, le président de l'AFV. Après deux saisons sous les couleurs viroises (R1-N3) où il a enfilé les buts comme des perles (23, rien qu'en championnat), Arthur Dallois a revêti le maillot des « Diables Rouges » depuis quelques semaines. "Sentimentalement, c'est très difficile. J'étais attaché à ce garçon. Et je sais que c'est réciproque. Un lien très fort nous unit. C'est fusionnel. C'est pareil pour bon nombre de dirigeants et de coéquipiers", témoigne Christophe Lécuyer.
"Forcément qu'on est un peu tristes. Tout le monde l'apprécie. Arthur, c'est quelqu'un de généreux, de respectueux, à l'écoute des gens", ajoute Théo Burnouf, l'un de ses amis les plus proches dans le vestiaire virois. En dehors des terrains, les deux compères, en compagnie de plusieurs de leurs coéquipiers, partagent des soirées, des week-ends, des vacances... "On est tous les deux de 1995, tous les deux des passionnés de foot, tous les deux joueurs de console...". La reprise de l'entraînement du FCR le 10 juillet a donc marqué la fin (provisoire ?) d'une histoire d'amour entamée en 2015.
Le président Christophe Lécuyer s'en souvient comme si c'était hier : "On m'avait dit qu'il y avait un attaquant de libre dans la région lyonnaise (d'où il est originaire). Je récupère sa fiche via Foot National et je l'appelle". La tentative est osée. A l'époque, Vire évolue en R2. Ayant connu trois sélections en équipe de France U16, l'avant-centre a déjà refusé des offres de CFA-CFA2. Et surtout, celui qui a tapé dans ses premiers ballons à l'OL sort d'une expérience de cinq ans au centre de formation de Montpellier où il était à deux doigts de passer professionnel. Ayant participé à une poignée de séances avec l'équipe fanion, Rolland Courbis le lui avait signifié. Mais la proposition s'est envolée avec le départ de « coach Courbis » de La Paillade. Une déception très dure à digérer. Au point de presque le dégoûter du ballon rond.
A deux doigts de passer professionnel avec Montpellier
Quand il reçoit le coup de fil de Christophe Lécuyer début septembre, Arthur Dallois ne s'est, d'ailleurs, engagé nulle part. "On est restés une heure au téléphone. Je lui ai expliqué notre projet, notre ambition de monter en R1. C'était un vendredi. Il m'a répondu qu'il en discuterait avec ses parents et qu'il me contacterait le lundi". Le joueur tient parole. Et il va même plus loin en donnant son accord pour rejoindre le club du Bocage. "J'étais refait", n'en revient toujours pas, plusieurs saisons après, le président de l'AF Virois.
A partir de là, tout s'accélère. Une licence signée à distance, un trajet jusqu'en Normandie et deux entraînements plus tard, le voilà sur la pelouse de Villers-Bocage pour un troisième tour de Coupe de France (R3). C'est ce qui s'appelle un grand écart ! L'avant-centre ne manque pas ses débuts. Alors que les locaux viennent d'égaliser à l'heure de jeu, il offre la qualification à son équipe d'un ciseau retourné en pleine lucarne à l'entrée de la surface de réparation. "Tous mes dirigeants se sont retournés vers moi : « Tu es allé le chercher où celui-là »".
A cet instant, Vire découvre l'une des qualités de l'ancien montpelliérain : sa capacité à faire basculer un match à n'importe quel moment. "Arthur, tu peux très bien ne pas le voir jusqu'à la mi-temps et sur son premier ballon en seconde période, il plante", indique Christophe Lécuyer. Car Arthur Dallois, c'est un avant tout un n°9. "C'est tout sauf un individualiste mais il a un vrai talent devant le but", confirme Théo Burnouf, bien placé pour savoir de quoi il parle. Attaquant axial lui aussi, il a dû changer de poste avec l'arrivée du Lyonnais. "Je suis descendu d'un cran, en n°10. Mais ce fut un plaisir d'évoluer avec Arthur. On a formé une bonne doublette". Les défenses de N3 peuvent en attester.
Le premier contrat fédéral de l'histoire de l'AF Vire
D'ailleurs, si le FCR l'a recruté, c'est avant tout pour cette faculté à marquer. "Il a un profil atypique, longiligne, efficace. Ce n'est pas une marmule. Par contre, dans le jeu, il peut progresser. Il peut être plus influent", décrypte Christophe Lécuyer. Au cœur du projet virois, le néo-Rouennais va devoir s'adapter à un nouvel environnement et composer avec une concurrence un brin plus féroce (Adama Sidibé, Kapit Djoco...). Un contexte qui ne lui sera pas totalement étranger. Outre son passage au centre de formation du MHSC, Arthur Dallois a déjà fréquenté ce niveau.
Dans la foulée de son titre de meilleur buteur de R2 pour sa première saison avec Vire (promu au passage en R1), l'attaquant fait l'objet de convoitises. A l'été 2016, il prend la direction d'Anglet (N3) puis du Stade Bordelais (N2). Mais l'idée d'un retour en Normandie où il a noué de solides attaches le titille très rapidement. "De toute façon, il nous avait prévenus. Ce n'était qu'un au revoir. « Je reviendrai quand vous serez en N3 », nous avait-il dit", confie le président de l'AFV. Problème, Vire échoue deux fois aux portes de la montée. Pas de quoi refroidir Christophe Lécuyer qui décroche de nouveau son téléphone : "Pour accéder en N3, j'ai besoin de toi", lui lance-t-il.
Pour faire revenir l'enfant chéri au pays, le dirigeant lui propose un contrat fédéral (à mi-temps). Inédit dans l'histoire du club du Bocage. Une confiance que le principal intéressé a pleinement justifiée. Si l'idée de ne plus le voir à Pierre-Compte rend triste les Virois, ils sont également fiers qu'Arthur Dallois ait rejoint une écurie aussi prestigieuse. "Le FC Rouen lui a proposé un beau projet. Il signe dans un vrai club qui n'a pas d'équivalent en termes de public dans la région". Diochon a désormais hâte de le connaître un peu plus.