S'oriente-t-on vers une saison avec des stades (quasi) vides ? C'est la question qui hante de nombreux supporters et pas que... Soumis, dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, à un plafonnement de 5 000 personnes dans leur stade depuis la reprise des championnats mi-août, les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 ont bien cru l'espace de quelques heures apercevoir un semblant d'éclaircie. Mercredi 23 septembre, les députés avaient voté à l'unanimité le principe d'une modulation de cette jauge en fonction, bien entendu, de l'évolution de la situation sanitaire et de la capacité des enceintes, laissant donc espérer la possibilité d'accueillir un plus grand nombre de spectateurs.
Autant dire que pour les dirigeants du football français, ça a été la douche froide en entendant les annonces, le soir même, d'Olivier Véran, le ministre de la Santé. Selon la nouvelle classification du gouvernement pour endiguer la propagation de ce coronavirus, 14 métropoles ont été répertoriées en « Zone d'alerte renforcée » (voire carte ci-dessus)* dont Rennes, Bordeaux, Nice, Lyon, Paris et... Rouen. Marseille, elle, a été placée en « Zone d'alerte maximale ». Conséquence sportive : dans ces agglomérations, la jauge a été abaissée à 1 000 personnes. Une restriction qui, dans certains cas, s'est étendue aux départements comme en Seine-Maritime.
Directement concerné : le HAC. Sur ses deux premiers rendez-vous au Stade Océane (face à Amiens et Niort), le club doyen affiche une moyenne de 4 250 spectateurs. D'ici à leur prochain match à domicile, le 17 octobre contre Châteauroux ; le calendrier leur ayant réservé deux déplacements consécutifs avant la trêve internationale d'octobre (à Nancy samedi dernier puis au Paris FC, ce week-end), les « Ciel et Marine » espèrent que ce contexte sanitaire évoluera favorablement. Dans deux semaines, l'Etat, en concertation avec les préfectures, réévaluera la situation pour chaque département. Si cette mesure se prolongeait dans le temps, les dirigeants havrais ne seraient pas en capacité d'accueillir l'ensemble de leurs abonnés et de leurs partenaires simultanément.
Le scénario catastrophique du huis clos
De l'autre côté du pont de Normandie, la tendance est un peu plus optimiste. Le Calvados restant, lui, pour le moment, en « Zone d'alerte », d'Ornano est toujours autorisé à accueillir 5 000 spectateurs (hors délégation des deux équipes, techniciens, journalistes...)*. Du côté des « Rouge et Bleu », on prie très fort pour un maintien de cette capacité. Car, que ce soit pour le Stade Malherbe, le HAC ou n'importe quel club « pro », la menace de matches disputés à huis clos plane au-dessus d'eux. D'ailleurs, cette solution a déjà été appliquée pour toutes les rencontres de Coupes d'Europe et celles de l'équipe de France ainsi qu'à Nice. Elle le sera à Montpellier dimanche prochain pour le derby contre Nîmes. Chez nos voisins européens, le retour du public a été repoussé en 2021 en Allemagne, sine die en Angleterre. L'Espagne ne l'envisage pas, elle, avant l'apparition d'un vaccin. Comme pour tous ses homologues français et continentaux, une telle extrémité aurait des conséquences catastrophiques sur les finances de nos deux clubs professionnels normands.
En se basant sur le rapport de la DNCG pour l'exercice 2018-2019 (le dernier à être allé à son terme), les « recettes matches », derrière les droits TV et les partenaires privés, représentaient le troisième pôle de rentrée d'argent du HAC avec 737 000 €, soit une moyenne de presque 39 000 € par match (une estimation sur la base de 19 journées à domicile). Présentant la troisième plus forte moyenne de spectateurs la saison passée à l'arrêt du championnat (10 212), le SMC avait enregistré en 2013-2014 2 167 000 € (sa dernière complète en L2 avec une affluence comparable, 10 794) !
Mais Le Havre et Caen ne sont pas les seules « écuries » de la région à être impactées. Tournant avec une moyenne comprise autour des 2 200-2 500 spectateurs à Diochon depuis la reprise de son championnat de N2, le FC Rouen va peut-être aussi être contraint de réduire la voilure, au moins pour un temps. "C'est une difficulté supplémentaire qu'il va falloir prendre en compte", ne cache pas le président Fabrice Tardy, quelque peu sonné au lendemain de ces nouvelles annonces gouvernementales. "Est-ce qu'on a anticipé cette éventualité ? Oui. Maintenant, on ne va pas toujours imaginer le pire sinon on peut envisager un nouvel arrêt des compétitions". Son homologue de l'US Avranches, Gilbert Guérin, jure depuis le début à qui veut bien l'entendre que cette saison n'ira jamais au bout. Quelque chose nous dit que de plus en plus d'acteurs du ballon rond commencent à penser comme lui.
*Compte tenu du passage du département du Calvados en « Zone d'alerte », la mesure d'un siège d'écart entre chaque « famille » ou chaque groupe de 10 personnes a été automatiquement rétablie. Lors d'une réunion avec la Ville de Caen, la préfecture du Calvados et les organisations sportives, un compromis a aussi été trouvé concernant la vente de boissons et d'alimentation. Autour du Stade Michel-d'Ornano, elle a été interdite de même que les buvettes fixes comme pour toutes les autres salles sportives (Palais des Sports, patinoire...) de l'agglomération caennaise. Un système de buvettes « itinérantes » avec des personnes employées par les clubs passant dans chaque tribune est autorisée.