Depuis l'entame de cette saison 2021/2022, si un Rouennais a le sourire, c'est bien Abdeljalil Sahloune. Si le milieu offensif de 26 ans est aligné d'entrée ce dimanche face à Saint-Malo, il honorera déjà sa 6e titularisation en championnat, soit autant que sur les deux précédents pseudo-exercices cumulés. "Je me rends compte que cette saison est plutôt bien partie, j'espère vraiment qu'il n'y aura pas de souci avec le Covid", glisse celui qui porte le maillot rouennais depuis décembre 2018. "Ce week-end, je vais jouer mon onzième match, je n'ai raté aucune rencontre de championnat, j'espère bien jouer les trente afin de rattraper le temps perdu". Voué plus généralement à un rôle de joker de luxe sous les ordres de David Giguel, « Jaja », comme tout le monde l'appelle, est un homme de base du duo Arnaud Margueritte/Sarafoulé Mendy. Et ça change tout.
L'ouverture d'une nouvelle ère marquée par moult changements était l'occasion pour le Franco-Marocain de prendre un nouveau départ. Manifestement, il a sauté dans le bon wagon. "Je me suis dit qu'il fallait que je fasse une grosse saison", confie le milieu. "Déjà pour moi mais aussi parce que le foot va vite, les gens pensaient que je n'étais qu'un simple remplaçant, ils n'avaient pas encore vu le vrai Jaja qu'ils attendaient". Auteur d'un but (1-2 à Chartres. J3) et de deux passes décisives, Abdeljalil Sahloune est pour l'heure dans de bons temps de passage.
L'un des enjeux personnels de cette saison 2021/2022 pour l'ancien de l'ESJM Evreux sera d'honorer et de réussir ce défi qu'il s'était lancé voilà maintenant trois ans en troquant la tunique de l'Evreux FC 27 pour celle des « Diables Rouges ». "Je voulais sortir d'Evreux pour voir ce que je pouvais faire ailleurs", rappelle le joueur. "Être bon chez soi, c'est une chose, l'être dans un autre club, c'est différent. Rouen était alors le choix idéal pour moi". Arrivé en cours de saison lors de la montée en N2 en 2018/2019, Jaja a ensuite été rattrapé par la pandémie. Il n'a donc pour l'heure jamais pu disputer un championnat dans son intégralité en tant que joueur du FCR. Une anomalie qu'il espère avoir corrigée dans quelques mois. "Je me suis dit que cette saison serait la bonne, je me suis bien préparé et là, Dieu merci, ça se passe bien".
Battre l'avant-dernier du classement, une nécessité
Ce week-end, le FC Rouen va recevoir Saint-Malo (15e) à Diochon. Ce sera alors la onzième sortie de la saison mais seulement la troisième à la maison. Pour Jaja, les choses sont limpides, il faut vite "retrouver le Diochon d'avant". Le milieu offensif détaille sa pensée : "Avant, quand les équipes venaient ici, repartir avec ne serait-ce qu'un point était vraiment difficile pour elles. Il faut revenir à nos bases, savoir tout donner et gagner malgré la manière. Ce qui compte c'est les trois points, je n'en ai rien à faire si c'est à la dernière seconde, ce qu'il faut c'est gagner quand on est à domicile". Pour l'heure, les joueurs rouennais n'ont pas encore pleinement repris leurs repères au sein de leur antre en championnat. Contre Granville (revers 0-2. J6) puis contre Vitré (match nul 1-1. J9), la victoire a irrémédiablement fui Clément Bassin et consorts.
Si la victoire à la maison presse à ce point, c'est aussi parce que Rouen souhaite avoir quelque chose à jouer lors d'une phase retour très majoritairement jouée à Diochon. "Cette année, il faut monter avec Rouen", exhorte Abdeljalil Sahloune. "J'y pense et je l'espère même si c'est encore trop tôt pour en parler. Ce qu'on se dit en ce moment, c'est qu'il ne faut pas avoir trop de retard à la trêve". Aussi, si les Seinomarins pataugent à domicile devant l'avant-dernier ce week-end après n'avoir pas su battre la lanterne rouge Vitré, il deviendra difficile de prétendre légitimement aux places d'honneur.
L'étincelle à Diochon viendra alors peut-être de Jaja en personne. L'ancien Ébroïcien le clame sans détour : c'est aussi le public rouennais qui lui a fait aimer le club et l'a donc motivé à rejoindre le FCR. "Lors de ma découverte de Diochon, j'ai réalisé que c'était un vrai stade, un vrai public", raconte le joueur. "J'adore jouer devant du monde et des supporters comme ça. Quand il y a beaucoup de public, ça donne encore plus envie de faire les choses. Le public me donne de l'énergie, avec mon style de jeu, dès que je mets un crochet, ça réagit, j'entends directement des gens qui crient et ça me pousse, c'est plaisant". Affable et blagueur au sein du vestiaire, leader sur le terrain, Jaja vise clairement de flamboyants lendemains avec ses coéquipiers. Il s'accorde d'ailleurs sur les analyses autour du duel dominicain à venir : "Si on veut exister dans ce championnat, c'est simple, ce week-end, il faut qu'on gagne chez nous". Le rendez-vous est pris.
> N2. J11 - FC Rouen (8e - 13 points) / US Saint-Malo (15e - 5 points), dimanche 7 novembre à 17 heures au Stade Robert-Diochon .
Jaja et les regrets de la saison 2019/2020
Si Abdeljalil Sahloune reste aussi motivé à cet instant de la saison et malgré l'actuelle 8e place plutôt anonyme du FCR, c'est parce qu'il a conscience que des confrontations directes à la maison offrent encore à son équipe d'avoir un coup à jouer. "Tous les leaders vont venir chez nous, la saison est encore longue", juge-t-il. "Si on parvient à réussir une série à domicile, ce sera pas mal. En parallèle, c'est obligé que des équipes comme Versailles lâchent des points ici et là. Dans ce championnat, c'est comme ça. Si on réussit une série, on s'installera là-haut sans même devoir regarder ce que font les autres. Il faut qu'on se concentre sur nous".
Le joueur de 25 ans reste aussi fortement marqué par l'issue de la saison 2019/2020 qui avait vu la pandémie stopper le championnat prématurément et offrir la montée en National au Stade Briochin alors même que le FCR semblait dans le coup pour la lui contester. "En 2019/2020, je pense que si la saison va à son terme, on n'est pas loin. Je ne vais pas dire qu'on serait monté parce que ce serait trop facile. Cependant, le public aurait senti qu'on jouait la montée, ça aurait poussé et venir gagner à Diochon aurait été dur pour nos adversaires. Clairement, on aurait joué quelque chose à la fin de ce championnat". Le sort en a voulu autrement. Pas du genre à se laisser ronger par l'amertume, Jaja espère écrire une toute autre histoire en mai prochain.
Aurélien RENAULT