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Au FC Rouen, le président Iwan Postel va devoir apprendre la patience

En réaction aux menaces du président Iwan Postel sur l'avenir de Maxime d'Ornano, les supporters rouennais ont déployé une banderole de soutien à leur entraîneur lors du dernier match de championnat. ©Damien Deslandes

En réaction aux menaces du président Iwan Postel sur l'avenir de Maxime d'Ornano, les supporters rouennais ont déployé une banderole de soutien à leur entraîneur lors du dernier match de championnat. ©Damien Deslandes

"Comment peut-on remettre en cause Maxime d'Ornano ? La saison dernière, il a permis à ce club d'atteindre les quarts de finale de la Coupe de France et sans les cinq points de pénalité infligés à son équipe(1), il aurait joué la montée jusqu'au bout". A la fin de sa conférence de presse, il y a une semaine, après le match nul de sa formation face au FCR (0-0), sans qu'aucun journaliste ne lui pose la question, Karim Mokkedem a pris la défense de Maxime d'Ornano. Pourquoi un tel soutien de la part de l'entraîneur du FC Sochaux ? Tout simplement parce que son homologue rouennais a été tancé publiquement à la suite de la défaite des « Diables Rouges », vendredi soir, sur la pelouse du FC Villefranche-Beaujolais (J9. 2-1), lanterne rouge au coup d'envoi. Des critiques qui ne sont pas venues des médias, ni des supporters ou des partenaires du club mais ni plus ni moins que d'Iwan Postel.

Dans une lettre ouverte publiée sur les réseaux sociaux ce week-end, le président du FCR a sorti la sulfateuse. Journalistes, joueurs, staff technique... Tout le monde en a pris pour son grade. "Je m'en prends aussi à moi", précise-t-il. L'une des raisons de son courroux ? Les deux jours off accordés par Maxime d'Ornano à son groupe au lendemain ce fameux revers en terre rhodanienne. « Après la défaite, qu'est-ce que je vois ? Aujourd'hui, samedi, demain, dimanche, tout le monde est tranquille à la maison comme si rien ne s'était passé. On a une revanche à prendre mercredi contre le FC Sochaux, et au lieu de se préparer, on se repose encore. La rigueur est totalement absente, et ce n'est pas en continuant comme ça qu'on avancera », peut-on notamment lire.

"Au lieu de se préparer, on se repose encore. La rigueur est totalement absente, et ce n'est pas comme ça qu'on avancera"

Iwan Postel

Si l'on peut comprendre le raisonnement du bras droit de Tarkan Ser, l'homme d'affaires turc qui a racheté le club rouennais cet été, s'entraîner plus n'a jamais constitué un gage de résultats. Ça serait trop facile. On peut même relever qu'au cours d'une semaine à trois matches, le repos, la récupération et la régénération mentale auprès de sa famille et de ses proches, surtout après une désillusion sportive, sont considérés par certains techniciens tout aussi importants qu'une ou deux séances supplémentaires ajoutées à la dernière minute au planning. Au-delà de cette réflexion, c'est la méthode qui interpelle. De mémoire, on ne se souvient pas avoir entendu un président cibler ainsi son coach à la vue de tous. Mais Iwan Postel n'est pas tout à fait un dirigeant comme un autre. Dans un milieu du foot aseptisé dont il découvre les codes, ce citoyen du monde, né aux Pays-Bas, passé par Monaco, résidant à Istanbul, détonne par son franc-parler, ses propositions fantasques (le changement de barème de points) et ses ambitions qui paraissent complètement démesurées alors que le FCR semble, avant tout, avoir besoin de stabilité, à tous les niveaux.

Le 12e homme au soutien de Maxime d'Ornano

Pourtant, il se murmure dans les travées de Diochon que le poste Maxime d'Ornano serait en danger. Certes, le bilan comptable des « Diables Rouges » depuis le coup d'envoi du championnat n'est guère reluisant (14e/17 avec 9 points, 1V-6N-3D). L'entraîneur rouennais est le premier à en convenir : "Si on est factuel, on n'a gagné qu'un seul match". "On est un enfermé dans une spirale négative", ajoute Mustapha Benzia, l'un des cadres du vestiaire. "Je comprends le président, le propriétaire qui a racheté le club. Ils ont mis de l'argent(2), ils veulent des résultats, ils sont ambitieux. C'est très bien. Moi aussi, je le suis. Mais dans le football, ça ne se passe pas ainsi, sinon le PSG aurait déjà remporté plusieurs fois la Ligue des Champions". Qui plus est, s'il y a bien un coach qui mérite qu'on lui accorde un minimum de crédit, c'est bien Maxime d'Ornano.

"Je pense que dans 90% des clubs, il (Maxime d'Ornano) ne serait plus l'entraîneur"

Iwan Postel

Quand il a été nommé en décembre 2021, le FCR pointait en 10e position... de sa poule de N2 avec seulement cinq points d'avance sur la zone rouge. Pratiquement trois ans plus tard, le club rouennais a connu la joie d'une montée en National, une division qu'il n'avait plus fréquentée depuis 2013, une 7e place dans ce championnat sans oublier un quart de finale de Coupe de France au cours d'une formidable épopée en accrochant Toulouse et Monaco, deux pensionnaires de Ligue 1 à son tableau de chasse. Le tout dans un contexte pesant sur le plan économique (avec des retards de salaires concernant l'ensemble de l'effectif et du staff) et dans des conditions d'entraînement indigne du haut niveau. Par ailleurs, certaines circonstances atténuantes expliquent, à notre avis, ce parcours pour le moment mitigé. Sans revenir sur la menace du dépôt de bilan qui a plané au-dessus du FCR jusqu'à la mi-juillet ; ce qui a tronqué une partie de la préparation estivale, Maxime d'Ornano a vu s'envoler, depuis le début de l'année 2024, la plupart du temps pour des raisons économiques, des éléments du calibre de Christopher Ibayi (AC Ajaccio), Farès Ghedjemis (Frosinone en Italie), Sofyane Bouzamoucha (Servette de Genève en Suisse), Damien Loppy (Vizela au Portugal), Lamine Sy (retour de prêt à Caen) alors qu'Amédé Kabongo n'est pas encore opérationnel après sa rupture du tendon d'Achille survenue en janvier. Excusez du peu.

Et force est de constater que les recrues, même si certaines sont extrêmement prometteuses à l'image d'Ichem Ferrah, n'ont pas compensé tous ces départs. Alors, bien sûr, le technicien normand a contribué à ce recrutement ; un mercato réalisé avec la contrainte d'une mesure d'encadrement de la masse salariale, toujours en vigueur. Des considérations qui importent visiblement peu à Iwan Postel. Interrogé par nos confrères de Paris-Normandie avant la réception du FC Sochaux sur l'avenir de son entraîneur, le président rouennais a lâché : "Je pense que dans 90% des clubs, il ne serait plus l'entraîneur". Vous reconnaîtrez qu'on a déjà connu climat plus propice à la performance. Dans ce contexte qu'il qualifie lui-même de "pesant", Maxime d'Ornano peut au moins compter sur le soutien des supporters. Loin d'être anodin chez les « Diables Rouges ». Tout en scandant son prénom, une banderole a été déployé au bas de la tribune Lenoble lors de la dernière journée de National : « Maxime, 100 matchs au FCR et plein d'autres à venir ». Le message est clair. "Je les remercie pour l'affection qu'il me porte. C'est touchant", n'a pas caché le principal intéressé. Quand on sait l'importance qu'il tient au FCR, attention à ce que la direction ne se mette pas à dos le 12e homme avec une décision qu'il pourrait estimer intempestive. Surtout que licencier son entraîneur n'a jamais constitué un gage d'amélioration des résultats pour la suite. Ça fait longtemps que cette « recette magique » a été éprouvée.

(1)La saison dernière, le FC Rouen a écopé d'une sanction de cinq points de la part de la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion) pour des différences importantes entre les comptes estimés pour l'exercice 2022-2023 lors du passage au mois de juin et les comptes arrêtés présentés au gendarme financier du football français durant l'audition qui a eu lieu fin novembre.

(2)A travers principalement deux augmentations de capital de 2,2 M€ et 500 0000 € plus un contrat de sponsoring d'une valeur de 400 000 € à l'année.

> N1. J11 - Dijon (9e - 12 points) / FC Rouen (14e - 9 points), vendredi 1er novembre à 19 H 30 au Stade Gaston-Gérard.

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