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Au FC Rouen, l'enfer des coulisses et le paradis du terrain forment un mélange singulier

Alors que la tempête souffle fort en coulisses au FC Rouen, le milieu de terrain Mustapha Benzia préfère se focaliser sur le terrain. ©Damien Deslandes

Alors que la tempête souffle fort en coulisses au FC Rouen, le milieu de terrain Mustapha Benzia préfère se focaliser sur le terrain. ©Damien Deslandes

A Rouen, ils sont des centaines de fidèles, des milliers même, à avoir le cœur très lourd à l'approche des fêtes. Leur équipe préférée à beau occuper sportivement la deuxième place du National après 16 premiers matches épatants, les déboires administratifs et financiers qui ont brutalement ressurgi ces dernières semaines noircissent inévitablement le tableau. Si l'on ne sait pas de quoi l'avenir est fait pour le club seinomarin, les informations dont nous disposons confirment que l'avenir à court et moyen terme du FCR s'est de nouveau obscurci. Dans un tel contexte, comment se positionner pour dresser le bilan des cinq premiers mois de compétition ? "On est conscients de nos forces, on a un groupe soudé, on a de la qualité et on travaille bien", assure Mustapha Benzia en ne ciblant que le sportif. "Depuis le premier jour, on est ensemble, on a fait pas mal de séances dans des conditions compliquées, mais on prend du plaisir ensemble et on est récompensés".

Difficile de remettre en cause l'analyse de l'ancien Ossélien. Sur les 16 premières journées, les « Diables Rouges » ont compilé sept victoires, pour autant de nuls et seulement deux défaites, dont une dans les derniers instants chez l'implacable leader qu'est le Red Star (J5. 3-2, le 11 septembre). Il est par ailleurs toujours en lice en Coupe de France. "Si on nous avait dit avant le début de la saison qu'on disposerait d'un tel bilan avant les fêtes, on aurait tout de suite signé", glisse le milieu de terrain. Dans la manière comme dans les résultats, le collectif rouennais carbure à plein régime et l'entraîneur Maxime d'Ornano est à la tête d'une formation équilibrée, bien construite et qu'il sait parfaitement adapter aux circonstances. Seulement, la réalité pétillante du terrain masque une situation plus sombre et autrement plus complexe.

"on a fait pas mal de séances dans des conditions compliquées, mais on prend du plaisir ensemble et on est récompensés"

Mustapha Benzia

Même si la Fédération française se garde pour l'heure de l'officialiser dans le classement du National qu'elle propose, le FCR ne dispose non pas de 28 mais 22 unités au compteur. En raison d'un bilan financier jugé non-conforme à ce que ses dirigeants avaient présenté quelques mois plus tôt, le club normand a ainsi vu une perte de cinq points fermes infligée par la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) confirmée en appel le 15 décembre. En plus de cela, en raison d'un imbroglio autour de la licence d'un joueur de Villefranche, les Caladois reviendront à Diochon en 2024 pour un match « à rejouer » qui s'était conclu sur le score de 1-1, le 10 novembre. Si l'occasion sera donnée aux partenaires de Clément Bassin de remporter cette confrontation, pour l'heure, cela leur vaut bel et bien la perte d'un point sec. "Je ne sais pas trop comment me positionner là-dessus", reconnaît Maxime d'Ornano qui n'avait pas franchement besoin de perdre d'autres unités en cours de route. "Il y a la possibilité que Villefranche le gagne et on aura beau le commenter, c'est une décision qu'on subira".

Quelle équipe conduira Maxime d'Ornano en 2024 ?

Le cas Villefranche, en tout état de cause, ne pèse pas bien lourd face à la sanction ordonnée par la DNCG. Celle-ci s'articule pour l'heure autour d'une perte de points ajoutée à une interdiction de recruter. Néanmoins, l'état des finances interroge les fans jusqu'aux joueurs et le FCR pourrait faire face à des conséquences bien plus graves ces prochaines semaines si le président Charles Maarek et ceux qui l'entourent ne trouvent pas au plus vite de quoi remplir les caisses. Evidemment, Mustapha Benzia et ses coéquipiers ainsi que le staff ne peuvent pas esquiver de tels déboires administratifs. "On est perturbés et ça fait mal sur le moment", reconnaît ainsi Maxime d'Ornano qui s'apprête à fêter ses deux ans au club. "Mais les joueurs switchent vite, ils viennent à l'entraînement, ils sont là pour être ensemble, pour gagner ensemble et je le répète, mais je crois que c'est la plus belle satisfaction".

"On est prêts à perdre des éléments, on le savait, mais l'interdiction de recruter s'ajoute et c'est là que ça complique les choses"

Maxime D'ornano

Que ce soit au regard de son classement purement sportif (deuxième place derrière le Red Star) ou du jeu qu'il déploie, le FC Rouen aurait été dans la course pour l'accession en Ligue 2 sans ces graves perturbations venues des coulisses. Et l'équipe si fringante depuis des semaines devrait avoir un visage bien différent lors de la reprise en 2024. Pour libérer de la masse salariale, certains joueurs (Sofyane Bouzamoucha ?) pourraient être encouragés à quitter le navire alors que les agents de la pépite Farès Ghedjemis et le club étudient la possibilité pour l'ex-Havrais de rejoindre un club professionnel contre une indemnité qui ne ferait évidemment pas de mal aux comptes. On parle ainsi d'un intérêt prononcé du pensionnaire de Serie A italienne Frosinone.

"Avec nos bons résultats, des joueurs sont mis en valeur et c'est logique", analyse à froid Maxime d'Ornano. "Quand un joueur est visible, il est forcément contacté, c'est le jeu [...] On est prêts à perdre des éléments, on le savait, mais l'interdiction de recruter s'ajoute et c'est là que ça complique les choses". Pour continuer à empiler les points, les « Diables Rouges » devront certainement s'appuyer sur des retours de blessure ou l'apport des « seconds couteaux ». Dans ce sens, le but victorieux inscrit par le super-sub Damien Loppy à Niort (2-1) pourrait valoir cher alors que l'ancien du Grand-Quevilly FC, qui n'avait jamais marqué en National, pourrait fatalement jouer un plus grand rôle l'année prochaine. Toujours est-il qu'avec le calme qui le caractérise, Maxime d'Ornano est prêt à affronter les prochains mois sans trop d'amertume. "La colère, ça ne sert à rien", glisse-t-il avec sagesse. "Comme tout le monde, on subit et nous, on essaie de se concentrer sur le terrain, on essaie vraiment de faire abstraction", conclut Mustapha Benzia qui, comme n'importe quel supporter du FCR, va inévitablement croiser les doigts lors des semaines à venir, décisives à plus d'un titre pour la vie du club normand.

Aurélien RENAULT

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