Quel rapport entretenez-vous avec la Coupe de France ?
"C'est une compétition qui n'est pas rationnelle. Elle est tellement aléatoire. Ça se joue sur rien. C'est pourquoi elle génère de telles émotions. Tout le monde peut battre tout le monde. Et je sais de quoi je parle car je me suis fait virer de Dieppe entre autres parce que je me suis fait éliminer à deux reprises par des clubs de R2. Comme quoi, il n'y a pas de recette magique. Il faut déjà avoir un bon groupe de joueurs et puis un petit pourcentage de chance comme on l'a eu à Gravelines(1). C'est pourquoi je dis toujours aux joueurs qu'il faut profiter des années où ça te sourit et tout donner, peu importe si tu affrontes Paris, Marseille… Tu ne sais jamais ce qu'il peut se passer. Contre Angers, tu peux marquer un but extraordinaire au bout de 10' et derrière, tenir le match. Ce n'est pas irréalisable".
La victoire 3-0 contre le FC Metz au tour précédent synonyme de qualification pour les 1/16e de finale constitue-t-elle votre plus grande émotion en tant qu'entraîneur ?
"En terme de communion avec les joueurs et le public, c'est incontestablement ma plus grande joie. Par rapport à un championnat où tout se construit sur du long terme, week-end après week-end, la coupe, c'est un one-shot. Ça passe ou ça casse. C'est pourquoi la coupe est si magique, si particulière. Eliminer un club de Ligue 1, qui plus est avec la manière en gagnant 3-0, dans un stade plein..., c'est particulièrement jouissif. Bon, j'ai attendu qu'on marque le troisième but pour en profiter (88')".
Pour les observateurs qui ont l'habitude de vous suivre tout au long de la saison (le FCR est leader dans sa poule en N2) et au regard de votre parcours dans cette Coupe de France(2), on a presque envie de dire que cette qualification aux dépens de Metz ne constitue même pas une surprise…
"Non, pas du tout. C'est un véritable exploit qu'il ne faut surtout pas banaliser. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Ça faisait 50 ans qu'un club de quatrième division n'avait pas battu une Ligue 1 par trois buts d'écart. Ceux qui prétendent que notre qualification est normale se trompent. C'est l'inverse qui l'aurait été. Et si on s'incline 3-0 contre Angers, là ça sera normal. Qu'on ne se trompe pas d'analyse. Contre Metz, on a livré un très gros match. Maintenant, reste à savoir si on sera capables de répéter ce type de prestation face à Angers".
Avec la réception du SCO en 1/16e de finale, on a envie de dire que l'obstacle apparaît encore plus relevé par rapport à celui que pouvait incarner le FC Metz…
"C'est certain. Sans faire injure à Metz, Angers est un standing au-dessus. C'est une formation solide avec un entraîneur rigoureux (Stéphane Moulin). Tant sur le plan individuel que collectif, ils possèdent des qualités supérieures. Les Angevins ont été classés deuxièmes de Ligue 1 (au soir de la 12e journée, début novembre). Ils ont fourni des grosses prestations : 0-0 contre Monaco, 1-1 face à Nice. Contre Marseille, ils perdent 2-0 mais ils ont dominé tout le match. Malgré tout, au coup d'envoi, ça restera du 50-50. On rentrera à 0-0. A nous de saisir notre chance si Angers nous en laisse une".
Vous n'avez eu que deux semaines pour préparer ce grand rendez-vous avec une rencontre de championnat entre les deux (succès 2-1 sur la pelouse des Gobelins)...
"C'est vrai qu'on a eu beaucoup moins de temps pour préparer ce 1/16e de finale. Mais avec Arnaud (Margueritte, le directeur sportif) et Benoît (Bizet, l'analyste vidéo), on a quand même regardé sept-huit matches à la vidéo ; ce qui te permet de voir quasiment tous les joueurs de l'effectif, dans différents contextes, domicile, extérieur, avec le ballon, sans, d'analyser les coups de pieds arrêtés… Malheureusement, compte tenu de nos calendriers respectifs, on n'a pas pu les superviser en direct. C'est dommage car à la TV, il y a des choses que tu ne vois pas".
Quel impact, négatif ou positif, peut avoir cette aventure en Coupe de France sur votre parcours en championnat ?
"Je pense que ce parcours en Coupe de France génère une vraie dynamique positive. Ça permet à l'ensemble du groupe, les 26-27 mecs à ma disposition de rester acteur. Tant qu'on sera qualifiés en coupe, ils se sentiront tous concernés et ils feront les efforts à l'entraînement pour essayer de gratter une place pour le match, celui que l'on dispute devant 10 000 spectateurs. Je ne pense pas que si on allait plus loin en coupe, ça nous pénaliserait en championnat. Après, quand tu es éliminé, tu ne sais jamais comment ça va réagir. Mais je ne crois pas qu'on aura une grosse baisse de régime. On a un groupe costaud. Peut-être qu'il y aura une petite décompression. C'est le danger qui nous guette. C'est pourquoi si on pouvait aller en finale (éclat de rire)".
> Coupe de France. 1/16e de finale - FC Rouen (N2) / Angers (L1), dimanche 19 janvier à 17 h 15 au Stade Robert-Diochon.
(1)Mené 2-1 par Gravelines (R1), le FC Rouen avait égalisé à la 94' par l'intermédiaire d'Abdeljalil Salhoune avant de s'imposer 3-2 durant la prolongation.
(2)Le FC Rouen a également éliminé l'US Avranches, à l'époque leader de N1, au 6e tour (2-0) puis Orléans, pensionnaire de L2, au 8e (1-0).
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