Ils sont cinq. Cinq rescapés de la précédente épopée en Coupe de France du FCR. Il y a quatre ans, après avoir notamment sorti l'US Avranches (N1), Orléans (L2) et surtout Metz (L1), Valentin Sanson, Clément Bassin, Mustapha Benzia, Omar Bezzekhami, Abdeljalil Salhoune et leurs coéquipiers de l'époque avaient atteint les 1/16e de finale. Ce parcours s'était terminé contre une formation d'Angers (L1) "qui nous avait pris très au sérieux", se souvient Valentin Sanson, marqué à plus d'un titre par cet exercice 2019-2020. "Avant l'arrêt des compétitions à cause du Covid, on vivait une super aventure sportive et humaine. On avait un groupe très solidaire, on s'appréciait énormément sur et en dehors du terrain. Ça se ressentait". Dans sa poule de N2, le club rouennais avait pendant longtemps effectué la course en tête avant de s'écrouler à la suite de son élimination en coupe. "Le retour sur terre avait été difficile".
Une saison qui n'est pas sans rappeler celle que sont en train de connaître les hommes de Maxime d'Ornano, promus en National. A l'issue de la phase aller, les « Diables Rouges » occupent le 6e rang, à quatre longueurs de la 2e place synonyme de montée à l'échelon supérieur, en dépit d'une pénalité de cinq points infligée par la DNCG ; le gendarme financier du football français ayant pointé, entre autres, « un écart entre les créances estimées et les créances définitives de 913 000 € » ! "L'une de nos grandes forces, c'est la résilience. Malgré tout ce qu'on a subi sur le plan extra-sportif, on arrive toujours à rebondir. On ne lâche jamais. On dégage une grande force collective. C'est grâce à elle qu'on a des résultats", estime le défenseur central.
"L'une de nos grandes forces, c'est la résilience. Malgré tout ce qu'on a subi, on arrive toujours à rebondir"
Pour preuve, depuis que les difficultés financières du club présidé par Charles Maarek ont été étalées au grand jour, les partenaires de Clément Bassin ont enchaîné cinq victoires consécutives toutes compétitions confondues. Toutefois, il est vrai qu'au FCR, la vie ne ressemble en rien à un long fleuve tranquille en dehors du rectangle vert. Dernier épisode en date avec cette polémique autour du montant des places pour le 1/16e de finale contre Toulouse. Confrontés à une politique tarifaire jugée délirante (75 € en tribune Horlaville, 50 € en Lenoble, 35 € en Zénith et 25 € en pourtour), le Kop Lenoble et les Rouen Fans, les principaux groupes de supporters, boycottent cette confrontation ; une décision confirmée en dépit du mea-culpa de Charles Maarek en milieu de semaine, accompagné d'une diminution des prix (de l'ordre de 10 à 30 € en fonction des billets). Dans ce contexte de conflit entre les fans et le président, et alors qu'à l'ordinaire, le stade aurait affiché guichets fermés depuis plusieurs jours déjà avec la perspective d'accueillir 10 000 spectateurs, on ne sait pas combien de personnes se rendront à Diochon, dimanche ?
Une affiche de gala contre le Téfécé, le tenant du titre
"On ne va pas se mentir, si on veut créer un exploit, il faut que le stade soit plein", lance Valentin Sanson. "Malheureusement, si ça sonne creux, notre tâche sera nettement plus compliquée. Contre une belle équipe de Ligue 1, on sait très bien qu'on va souffrir mais quand tu sens que derrière toi, tu as 10 000 supporters qui t'encouragent, ça te pousse à puiser des ressources au fond de toi. On a besoin d'eux. A chaque fois qu'on a été mis en difficulté cette saison, leur soutien nous a permis de nous surpasser. On est un club de National avec un public de Ligue 1. Et puis des affiches de Coupe de France comme celle-ci sont rares. Quand tu es un joueur amateur, ce genre de rendez-vous, tu les comptes sur les doigts de la main". Malgré la force de conviction du discours du n°26 des « Diables Rouges », pas certain que cet appel au peuple rouennais soit entendu.
"Il faudra éviter de commettre la moindre erreur. On est parfaitement conscient qu'on la paiera cash"
Toute cette histoire ferait presque oublier qu'il y a un match à disputer, et pas face à n'importe qui puisque c'est le tenant du titre, le Téfécé qui se présente à Diochon. "C'est une affiche de gala. Affirmer le contraire serait manquer de respect à notre adversaire. On est fier de recevoir un club de Ligue 1, qualifié pour l'Europa League (avec un barrage contre les Portugais de Benfica, mi-février). C'est une équipe joueuse avec de super joueurs". Une formation toulousaine, actuellement à la lutte pour son maintien en première division (14e avec un seul point d'avance sur la zone rouge), qui vient de recruter Yannis Gboho. L'ex-attaquant du Cercle Bruges possède la particularité d'avoir été formé, en partie, au FCR (entre 2013 et 2016).
Pourtant, nonobstant les deux divisions qui le séparent des « Violets », on se prête à croire que le collectif de Maxime d'Ornano a tous les ingrédients pour bousculer la hiérarchie, et ce, en dépit du récent transfert de Christopher Ibayi à l'AC Ajaccio (32 buts en 48 apparitions avec les « Diables Rouges »). "La clé ? Il faudra éviter de commettre la moindre erreur. Face à de tels joueurs, on est parfaitement conscient qu'on la paiera cash. On doit rester concentré de la première à la dernière minute, ne rien donner à notre adversaire et essayer d'être performant sur le peu de situations qu'on obtiendra", livre comme recette l'ancien Ebroïcien. Une chose est sûre, en cas d'exploit, qu'ils soient à Diochon, devant leur TV ou à écouter leur radio, les supporters rouennais seront fou de joie.
> Coupe de France. 1/16e - FC Rouen (N1) / Toulouse (L1), dimanche 21 janvier à 17 H 30 au Stade Robert-Diochon.