Les cinq points de pénalité infligés par la DNCG
"On ira en référé devant le Tribunal administratif"
En commission d'appel, vendredi, la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion) a confirmé la sanction qu'elle avait prononcée en première instance au FCR : cinq points de pénalité. En cause ? Des différences importantes entre les comptes estimés pour l'exercice 2022-2023 lors du passage au mois de juin et les comptes arrêtés présentés au gendarme financier du football français durant l'audition des dirigeants rouennais fin novembre. La DNCG pointe notamment un « écart entre les créances estimées et les créances définitives de 913 000 € » ! Par ailleurs, selon ce même rapport, sur les 736 000 € à recouvrir encore aujourd'hui, 335 000 € le sont sur les sociétés du président Charles Maarek. Pour l'organisme de la FFF, c'est l'une des raisons qui conduisent le club normand à se trouver « en grande difficulté financière ».
Une vision de la situation économique des « Diables Rouges » que ne partage pas Charles Maarek. "Certes, il y a des discordances avec le prévisionnel d'atterrissage présenté devant la DNCG mais mes bilans sont conformes aux règles de la comptabilité française", promet le président rouennais, mettant en avant des capitaux propres supérieurs à 400 000 €. Au regard du niveau de créances du FCR et argumentant que certaines d'entres elles « ne sont pas justifiées au bilan du 30 juin 2023 », la DNCG considère, à l'inverse, que ces capitaux propres sont négatifs. "Mon commissaire aux comptes, qui a validé mes bilans, est tombé de sa chaise", lâche le dirigeant seinomarin qui annonce son intention de saisir le CNOSF. "On ira en référé devant le Tribunal administratif (TA) si besoin", ajoute-t-il.
"La question centrale que va devoir trancher le TA : est-ce que la DNCG peut avoir une réglementation comptable au-dessus de la réglementation française ?", interroge Charles Maarek, convaincu d'être dans son bon droit. Quelle que soit la décision du Tribunal administratif, le patron des « Diables Rouges » le garantit : "Le club n'a pas de dettes mais des retards de paiement à cause de problèmes de trésorerie. Ce n'est pas du tout la même chose. Quand j'entends que le club aurait 2 M€ de dette, c'est n'importe quoi... D'ici fin janvier, tout le monde va constater une nette amélioration. Mes détracteurs vont bien voir que si la mer a été agitée, tout va vite rentrer dans l'ordre. Au 30 juin, il n'y aura aucun souci devant la DNCG. Il y aura ce qu'il faut, avec ou sans moi".
Son avenir à la tête du FC Rouen
"Beaucoup de gens m'ont approché (pour racheter le club)"
"Avec ou sans moi". A travers cette phrase, Charles Maarek, actionnaire ultra-majoritaire au sein de la SAS (il possède plus de 75% des parts), laisse entendre qu'il pourrait passer la main. C'est le souhait des groupes de supporters (Kop Lenoble, Fédération des Culs Rouges, Rouen Fans). En colère (et c'est un euphémisme) contre le président du FCR depuis que les sanctions de la DNCG ont été révélées, ils ont appelé, dans un communiqué commun, à « sa démission immédiate » et à « la cession de ses titres aux autres actionnaires »*. "Mes détracteurs veulent mon départ. Peut-être qu'ils l'auront mais je ne le ferai pas pour eux". Plusieurs investisseurs seraient déjà venus aux renseignements pour racheter le club rouennais. "Il y a beaucoup de gens qui m'ont approché", confirme Charles Maarek qui n'exclut pas la possibilité de garder un rôle prépondérant même dans le cas où il ne serait plus majoritaire à l'actionnariat.
"Le problème pour mes détracteurs, c'est que beaucoup de ces gens veulent que je reste aux manettes", assure-t-il. "Je ne m'interdis rien mais je veux laisser les comptes propres et le club dans une belle situation sportive". Toutefois, pour que cette vente se réalise, le dirigeant normand invite les supporters et ses détracteurs "à se calmer un peu, dans l'intérêt général". "Ce n'est pas avec une telle tension que ça va donner envie à d'éventuels candidats de reprendre le club. Il faut apaiser le climat pour que les négociations avancent dans la sérénité. On n'est pas obligé de partir en vacances ensemble mais on partage la même passion. La différence, c'est qu'ils ont mis beaucoup moins d'argent que moi. Qu'ils me respectent au moins pour ça qu'ils respectent les règles du droit français".
*Contactée, la Fédération des Culs Rouges n'a pas souhaité communiquer pour le moment.
Le mercato d'hiver
"Farès Ghedjemis ? C'est bien avancé mais tant que rien n'est signé"
Même si Charles Maarek répète à qui veut bien l'entendre que le FCR "n'est pas en danger", certains joueurs devraient être transférés en janvier. "Quand on a des offres intéressantes, il faut se poser les bonnes questions", justifie-t-il. Parmi les candidats au départ, un nom revient avec insistance, celui de Farès Ghedjemis. "C'est bien avancé mais tant que rien n'est pas signé". Frosinone, 13e de Série A italienne, apparaît comme le candidat le plus sérieux pour l'accueillir. "Mais il y a d'autres clubs, en France comme à l'étranger qui veulent rafler la mise". Pilier de la défense des « Diables Rouges », Sofyane Bouzamoucha pourrait également faire ses valises. Des écuries de Ligue 2 seraient intéressées. "C'est peut-être une fausse piste. Et malgré nos cinq points retirés, on a envie de jouer un rôle dans la seconde partie de saison".
Surtout qu'aucun de ces départs ne sera remplacé ; la DNCG ayant aussi prononcé « une interdiction de recrutement ». "Même pas des prêts gratuits alors qu'on est en dessous de notre encadrement de la masse salariale (1 952 000 € pour l'exercice 2023-2024)", déplore le président rouennais. "Quand je vois que des clubs comme Sochaux ou d'autres annoncent des pertes et peuvent tout de même recruter, je me dis qu'il y a des décisions à deux vitesses, à dix vitesses même". Pour autant, Charles Maarek estime que le FCR a suffisamment de ressources en interne pour pallier ces éventuelles pertes. "Devant, on a Mohamed Ouadah, Hicham Benkaïd qui n'ont pratiquement pas joué sur la première partie de saison (respectivement trois et dix apparitions). Ils ont tous les deux connu la Ligue 2. Zana Allée va revenir ainsi que Adon Gomis derrière au printemps (victime d’une rupture des ligaments croisés antérieurs en août) ". Alors qu'il considère qu'elles mettent des bâtons dans les roues du FCR, le président normand verrait bien son club faire un joli pied de nez aux instances. "On peut aller loin en Coupe de France (déplacement à Louhans-Cuiseaux, N3, en 1/32e de finale, dimanche 7 janvier) et on n'est qu'à cinq points de la deuxième place (lire encadré ci-dessous). Au fond de nous, on ne joue pas la montée mais je pense que ces événements ont donné aux joueurs, au staff et au président une force incroyable pour que le FC Rouen soit une grande surprise des six prochains mois".
Le FC Rouen ne veut pas rejouer son match contre Villefranche
En plus de sa pénalité de cinq points, le FC Rouen pourrait en perdre un sixième pour une tout autre raison. Pour avoir aligné un joueur sous licence amateur ; ce qui est interdit en National 1, le FC Villefranche-Beaujolais a vu trois de ses résultats annulés dont le nul à Diochon (J13. 1-1, le 10 novembre). La FFF a indiqué que ces rencontres seraient à rejouer. Une décision que ne goûte guère Charles Maarek. "Pour la Fédé, c'est une erreur de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes mais ce n'est pas mon problème. Moi, quand je commets des erreurs administratives, je suis puni". Conséquence, le président des « Diables Rouges » indique qu'il va faire appel (également concernée, l'US Avranches, battue par le FCVB, va procéder d'une manière identique). "Si on ne nous donne pas gain de cause, j'irai devant le CNOSF et le Tribunal administratif", prévient-il.
Si certains voix mettent en avant que son club va récupérer une recette à domicile supplémentaire et potentiellement deux unités de plus au classement en cas de victoire, Charles Maarek ne l'entend pas de cette oreille. "On a tout à perdre. On n'a rien demandé à personne. Ce que je veux, ce sont les trois points sur tapis vert", lance le dirigeant normand qui pointe un problème d'inéquité sportive dans cette histoire. "Si on se qualifie en 16e de finale de la Coupe de France (les autres équipes impliquées sont, elles, toutes éliminées), on est sûr de jouer ce match contre Villefranche en semaine ; ce qui risque de perturber mon calendrier alors qu'on sera, possiblement, toujours en course pour la montée".