Un petit gars de l'Est issu d'une famille de sportifs
"On est plus ou moins une famille sportive, c’est un peu inné chez nous"
Hicham Benkaïd a beau avoir fait essentiellement parler de lui dans le Loiret à l'US Orléans et plus récemment en Bretagne sous le maillot du Stade Briochin, c'est bien à Strasbourg qu'il a vu le jour et les premiers ballons dans lesquels il a tapé étaient donc alsaciens. Quand on lui évoque ses jeunes années, l'attaquant parle avec émotion du FCOSK (Football Club Olympique Strasbourg Koenigshoffen 1906). Vous ne connaissez pas ce club ? Il était pourtant 1/16e de finaliste de la dernière Coupe de France. "C’est un club centenaire qui a une grande histoire", raconte le nouveau Rouennais. "Quand j’étais là-bas, on faisait tous les ans une fête avec un club allemand qui était en lien avec notre club. Il y a pleins de grands joueurs qui ont joué là-bas, Pierre Jacky, Marc Keller..."
Le football, c'est une affaire de famille chez les Benkaïd. Pas sûr que la nouvelle recrue du FCR en serait là aujourd'hui sans son entourage. "J’ai trois frères dans la famille et ils ont tous fait du football sauf l’ainé qui lui a fait de l’athlétisme. On est plus ou moins une famille sportive, c’est un peu inné chez nous".
Un joueur fin techniquement façonné par le futsal
"Le futsal m’a beaucoup aidé dans ma formation, ça m’a vraiment apporté techniquement, j’ai beaucoup progressé"
Le Franco-Marocain a connu pas mal de réussite sur herbe mais c'est en futsal qu'il aurait pu faire carrière. Fin techniquement, adroit dans les petits espaces et extrêmement précis devant les cages, Hicham Benkaïd avait tout pour briller dans la discipline. Après un passage par le club de football de Saint-Dié, il a l'espace d'un moment pris la décision d'une équipe strasbourgeoise de futsal. "J’ai tenté l’aventure et, en six mois, ça allait tellement vite puisqu’on a fait la montée", rembobine le joueur. "Dans la foulée, j’ai fait des pré-sélections pour l’équipe de France, après j’ai été sélectionné. J’ai continué le futsal pendant un an". Pris dans l'engrenage de la discipline, Hicham Benkaïd a multiplié les voyages avec la sélection entre 2011 et 2012, les matches amicaux et a même pris part à des éliminatoires pour les championnats européens.
En parallèle néanmoins, le natif de Strasbourg n'avait pas lâché le foot à 11 puisqu'il continuait à jouer pour un club de DH. Et au moment où il a fallu faire un choix, c'est le futsal qu'il a dû mettre de côté. Comme le découvriront d'ici quelques semaines les supporters rouennais, le passage en salle du joueur se ressent dans son jeu. "Le futsal m’a beaucoup aidé dans ma formation, ça m’a vraiment apporté techniquement, j’ai beaucoup progressé. Mais le championnat n’était pas assez développé en France, pas assez structuré. Je sentais que j'avais encore un coup à jouer dans le football". Vu la suite de son voyage, il est évident qu'Hicham Benkaïd a fait le bon choix.
Le pic de sa carrière : la Ligue 2 avec Orléans
"Un jour, Didier Nicole m’appelle et me dit qu’il faut que je vienne à Orléans. Et ça se fait naturellement"
En Normandie, l'entraîneur Damien Ott est particulièrement estimé. Celui qui entraîne actuellement l'US Avranches après un premier passage entre 2015 et 2018 s'est d'abord fait remarquer au SR Colmar. Saviez-vous seulement qu'il avait eu sous ses ordres un certain Hicham Benkaïd ? Les deux hommes ont en effet un passé en commun. "C’est quelqu’un que je garde dans mon cœur", glisse le Franco-Marocain qui aura une nouvelle fois l'occasion de croiser son ex-coach cette saison. Alors que Colmar a offert à l'attaquant ses premiers pas en National et ses tous premiers faits d'armes, c'est néanmoins sous un autre maillot que Benkaïd a connu le sommet de sa carrière.
Alors que le SRC a connu des difficultés financières, le néo-Rouennais a eu l'opportunité de signer professionnel en août 2016 nul par ailleurs qu'au RC Strasbourg, alors de retour en Ligue 2, mais il y a très peu joué (une minute). Suffisamment toutefois pour être considéré champion de Ligue 2, excusez du peu. C'est finalement à l'US Orléans, en L2 puis en National, que le joueur aujourd'hui âgé de 33 ans a connu ses meilleures heures. "Un jour, Didier Nicole m’appelle et me dit qu’il faut que je vienne à Orléans. Et ça se fait naturellement parce que je l’avais déjà connu à Colmar pendant 6 mois et c’est comme ça que je me suis retrouvé là-bas, j’y ai vécu cinq belles années". Cinq belles années hélas marquées par une descente (année du Covid) mais au cours desquelles l'Alsacien aura trouvé le moyen d'inscrire 17 buts et de distribuer 11 passes décisives.
La renaissance briochine
"Je suis revenu avec les crocs, j’avais envie de faire un rappel du joueur que j’étais. J’ai pris une revanche sur le terrain"
Comme beaucoup de footballeurs, Hicham Benkaïd est passé par des moments plus difficiles. Sa saison 2020/21 a ainsi été quasiment blanche. "J'ai été un an sans jouer", se remémore le joueur. "J’avais eu une rupture de l’aponévrose plantaire sous le pied, un truc très fragile et compliqué à soigner. Quand on était en Ligue 2 avec Orléans, l’année du Covid et que l’on jouait le maintien, ils m’ont fait infiltration sur infiltration et j’ai bousillé mon aponévrose à jouer dessus. J’ai dû aller à Barcelone me soigner". Bien que revenu en forme en 2021/22, le Franco-Marocain n'a pas vu son contrat renouvelé, à son grand étonnement.
La saison 2022/23, la dernière en date, a alors commencé...sans lui. Et alors que peu croyaient encore en lui, le Stade Briochin, en difficulté en National sur le plan offensif, lui a offert de signer en décembre dernier. "Je n’étais pas trop chaud au début parce qu’ils étaient derniers avec 4/5 points", ne cache-t-il pas. "Au final, ça m’a fait le plus grand bien, là-bas on m’a toujours dit « il faut jouer »". Hicham Benkaïd, aux côtés du Concarnois Fahd El Khoumisti et de l'Avranchinais Goduine Koyalipou, a alors été la sensation de la phase retour. Son bilan parle pour lui : 12 buts en 20 matches dont celui qui lui a valu de recevoir le trophée du plus beau de la saison - et qui a vu l'auteur de ces lignes en perdre sa voix. "Je suis revenu avec les crocs, j’avais envie de faire un rappel du joueur que j’étais. J’ai pris une revanche sur le terrain". Une sacrée force de caractère.
Le FCR : une question d'affect et d'impressions positives
"Je sais qu’ils ont connu des galères mais qu'ils remontent. Beaucoup m’ont dit que c’était un très bon choix, que j’allais m’éclater là-bas"
C'est donc au FC Rouen que la carrière d'Hicham Benkaïd va se poursuivre. À 33 ans, l'attaquant en a encore sous la semelle mais alors que le marché estival se veut attentiste, notamment en raison des décisions de la DNCG qui ont rendu l'avenir de beaucoup de footballeurs de National très obscur, l'ex-Orléanais a signé très tôt pour les « Diables Rouges ». "Il y a plein de gens qui étaient surpris de ma signature parce qu'ils pensent que c’était un peu précipité", raconte l'attaquant. "Moi je préfère signer dans un club qui me veut vraiment Je sais que c’est un club qui a une ferveur, pour moi c’est une grande ville de foot. C’est cette vision là que j’avais de ce club. Je sais qu’ils ont connu des galères mais qu'ils remontent. Beaucoup m’ont dit que c’était un très bon choix, que j’allais m’éclater là-bas".
Et justement, celui qui a grande hâte de découvrir la ferveur de Diochon n'est pas arrivé en Normandie par hasard. Le dénominateur commun du joueur et de son club est évidemment Maxime d'Ornano, l'ancien coach briochin qui n'a pas perdu de vue son ancien port d'attache la saison dernière. "Il m’a dit qu’il avait regardé tous nos matches. Je ne le connais pas trop mais on m’a dit que c’est quelqu’un qui aime pratiquer un bon football", se réjouit Hicham Benkaïd. S'il a marché sur l'eau ces derniers mois, le Franco-Marocain préfère cependant "faire reset" et se préparer à toute autre chose. Une saison ne fait jamais l'autre, et ça, le nouvel attaquant du FC Rouen le sait sans doute mieux que personne.
Aurélien Renault