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Maxime d'Ornano : "J'ai ressenti comme un décalage entre les ambitions des dirigeants et la situation du club"

Maxime d'Ornano est resté quasiment trois ans à la tête du FC Rouen, contribuant notamment à l'accession en National et au quart de finale de la Coupe de France. ©Damien Deslandes

Maxime d'Ornano est resté quasiment trois ans à la tête du FC Rouen, contribuant notamment à l'accession en National et au quart de finale de la Coupe de France. ©Damien Deslandes

A quoi ressemble votre quotidien depuis votre départ du banc du FC Rouen, au début du mois de novembre ?

"Quand j'étais en poste à Rouen, ma famille habitait toujours à Lannion (Côtes-d'Armor). Du coup, je suis rentré chez moi pour me ressourcer, cela m'a permis de prendre du temps, pour les miens comme pour moi. Durant cette période, j'ai pu continuer ma formation au BEPF (Brevet d'entraîneur professionel de football), au rythme d'une semaine par mois. Par cet intermédiaire notamment, je suis resté le nez dans le foot. J'ai aussi été en immersion à Brest (L1) pendant deux jours. C'est Julien Lachuer (membre du staff d'Eric Roy), avec qui je passe le BEPF (Brevet d'entraîneur professionnel de football), qui m'a gentiment invité. J'ai été superbement bien accueilli par un club très familial. Et je regarde beaucoup de matchs, tout ce que je peux. Je vais dans les stades, à Brest, à Guingamp, à la TV aussi bien sûr, la Ligue 2, la Ligue 1... Les matchs du FCR également. Mon week-end est rythmé par les matchs. Le quotidien de coach me manque".

Comment avez-vous vécu votre éviction du FC Rouen ?

"Le président (Iwan Postel) m'a stipulé la fin de mon aventure après la défaite à Dijon (J11. 1-0). Dans la foulée, je suis parti au Servette de Genève dans le cadre de mon stage à l'étranger pour l'obtention du BEPF. Ce sont des choses qui font partie du foot. J'ai pris cette décision avec professionnalisme et philosophie. En tant qu'entraîneur, tu es soumis aux choix de tes dirigeants et il faut avoir la capacité de les accepter. Tu ne peux pas, sous prétexte que tu n'es plus en poste, te fermer dans un mutisme. Comme je l'ai dit un peu plus tôt, quand tu es démis de tes fonctions, l'idée, c'est de se ressourcer, de se régénérer et d'embrayer surtout. Analyser la situation avec lucidité et se tourner rapidement vers l'avant. Cela me donne encore plus d'envie et de détermination pour relever de nouveaux défis avec un nouveau club". 

"En tant qu'entraîneur, tu es soumis aux choix de tes dirigeants et il faut avoir la capacité de les accepter"

Quelques jours avant votre mise à l'écart de vos responsabilités d'entraîneur, le président Iwan Postel s'était fendu d'une lettre ouverte diffusée sur les réseaux sociaux où il vous remettait en cause. Avez-vous rapidement senti que cette saison serait votre dernière à la tête des « Diables Rouges » ?

"Ce qui est important, c'est de refaire le film de la saison. Notre présence en National n'a été validée qu'autour du 10 juillet après le rachat du club. On ne commence l'entraînement qu'à ce moment-là. La préparation prend un peu de retard, on annule un match amical (face à l'Argentine olympique)... On doit démarrer notre recrutement sans gros moyens, avec un nombre restreint de contrats fédéraux, des joueurs amateurs, des prêts... Autour du noyau qui était resté, on a fait un peu comme on a pu. Ce ne fut pas une période facile. On a ces premiers résultats (avant son éviction, le FCR pointait en 14e position sur 17 engagés, avec un bilan d'une victoire, six nuls pour quatre défaites). Nos dirigeants étaient animés d'une grosse ambition. J'ai ressenti comme un décalage avec la situation du club. Evidemment qu'on ne gagnait pas assez mais il nous fallait du temps. On avait des jeunes joueurs. Maintenant, notre classement ne m'inquiétait pas. Nos contenus étaient cohérents et l'adhésion des joueurs. Et surtout l'idée était de renforcer l'équipe à la trêve si la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion) nous autorisait à recruter. De plus, le championnat de N1 est particulier et très compact, une série positive de trois-quatre matchs te ramène rapidement dans les hautes sphères du classement. Je voyais cette saison différemment de la dernière avec une montée en puissance progressive".

Compte tenu des résultats que vous aviez obtenu au cours des trois années précédentes, avec notamment une montée en National en 2023 et un quart de finale de Coupe de France en février 2024, estimez-vous que vous auriez dû bénéficier de plus de temps ?

"Je ne vois pas les choses de cette manière. L'objectif, c'était de gagner des matches, de garder notre ligne directrice. J'aspirais à apporter du calme à un groupe qui avait vécu des choses exceptionnelles la saison d'avant et qui se trouvait, à l'instant T, un peu plus en difficulté. Pour cela, il faut du temps... Mais on connaît les règles du jeu".

Que retenez-vous de votre passage à la tête du FC Rouen ?

"Dans ce club, il y a de l'engouement, de la ferveur, avec des supporters incroyables"

"J'ai passé trois années exceptionnelles. J'ai kiffé. Dans ce club, il y a de l'engouement, de la ferveur, avec des supporters incroyables. J'en profite d'ailleurs pour les remercier. L'extra-sportif ? Tant qu'on me laisse bosser, il n'y a pas spécialement de problème. C'est vrai qu'il y a eu cette saison rocambolesque (2023-2024)* mais au final, ce qu'on retient, ce sont les émotions générées. C'est pour ça qu'on joue au foot. Je n'ai aucun regret, on s'est éclaté... Je le répétais souvent aux joueurs : « Quand on sera vieux et qu'on se retournera, ce sont les bons moments qu'on retiendra »".

Avez-vous déjà eu la possibilité de rebondir depuis votre départ des « Diables Rouges » ?

"J'ai été contacté par des clubs de Ligue 2 et de National. Mais le fait que je n'ai pas encore le diplôme a représenté un frein car les dirigeants auraient été sujet à des amendes (12 500 €/match en L2, 7 500 €/match en N1). Au FCR, je bénéficiais d'une dérogation accordée par la FFF grâce à l'accession en N1. Quand tu es sollicité, ça montre que ton travail ne passe pas inaperçu. Et je vous assure que je n'ai pas envie de rester trop longtemps sans activité. Je vis, je mange et je respire foot".

On imagine que vous souhaitez trouver un nouveau projet dès la saison prochaine...

"Ma formation se termine le 14 mai. Je suis disponible (sourire). Je cherche un projet qui me donne envie. Bien sûr, j'aspire à progresser dans ma carrière, à exercer au plus haut niveau possible mais je ne réfléchis pas forcément en termes de niveau. Quand Bastia ou Le Mans se sont retrouvés en N3, les coachs choisis ont rejoint un projet ambitieux, avec des personnes qui parlent foot. C'est ça qui me motive".

> N1. J30 - Quevilly-Rouen Métropole (12e - 31 points) / FC Rouen (8e - 37 points), vendredi 18 avril à 19 H 30 au Stade Robert-Diochon.

*La saison dernière, le FCR a écopé d'une sanction de cinq points de la part de la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion) pour des différences importantes entre les comptes estimés pour l'exercice 2022-2023 lors du passage au mois de juin et les comptes arrêtés présentés au gendarme financier du football français durant l'audition qui a eu lieu fin novembre. Menacé d'un nouveau dépôt de bilan à la fin de cette saison, le club rouennais a été racheté par Tarkan Ser. Depuis son arrivée, l'homme d'affaires turc aurait injecté près de 6 M€ dans les caisses des « Diables Rouges ».

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