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Maxime d’Ornano, le « Breton » qui a conquis le FC Rouen

Après une première expérience à la tête du Stade Briochin, Maxime d'Ornano va retrouver le National avec les « Diables Rouges » ; un retour en troisième division dix ans après pour le club rouennais.

Après une première expérience à la tête du Stade Briochin, Maxime d'Ornano va retrouver le National avec les « Diables Rouges » ; un retour en troisième division dix ans après pour le club rouennais.

C’est avec toute la retenue qui le caractérise mais avec une immense joie au cœur que Maxime d’Ornano a investi en vainqueur le Stade Robert-Diochon, le 13 mai. Après un succès étriqué à Evreux (2-1), l’entraîneur du FCR et ses joueurs ont été accueillis à leur retour par des supporters en folie, malgré l’heure tardive, pour fêter en grande pompe la montée en National. L’occasion pour les partenaires de Clément Bassin de constater, s’ils l’ignoraient encore, combien la ferveur n’a jamais fléchi dans la capitale normande malgré des désillusions en pagaille. Toute cette communion euphorisante, le technicien rouennais aurait toutefois pu ne jamais la connaître.

"On était super assidus avec mon cousin, on ne loupait aucun entraînement, aucun match. Le virus m'avait piqué"

Entre Maxime d’Ornano et le football, l’histoire a mis du temps à s’écrire. "Je n’ai commencé le foot qu’à 11 ans, lorsqu’on a déménagé à la Ferté-Bernard (Sarthe) avec ma famille", confie celui qui a vu le jour à Ollioules, dans le Var. "Quand on habitait à Toulon, le Sporting devait évoluer en D2 et mon père voulait que je m’inscrive au foot mais moi, je n’en avais pas envie". C’est finalement Julien, le cousin de l’actuel coach des « Diables Rouges », qui obtient gain de cause en réussissant à lui faire enfiler sa première paire de crampons. Le coup de foudre se veut alors quasi-immédiat. "Le football est devenu pour moi une passion quand j’ai rejoint mon premier club à la Ferté-Bernard", se souvient Maxime d’Ornano. "On était super assidus avec mon cousin, on ne loupait aucun entraînement, aucun match. Le virus m’avait piqué".

L’enfant qui n’avait aucun attrait pour le ballon rond cultive alors rapidement une passion pour l’Olympique de Marseille, son club de cœur, et sa vie se tapisse soudain aux couleurs du football. Les murs de sa chambre sont envahis de posters de ses joueurs préférés, le magazine Onze Mondial s’invite chaque mois dans sa boîte aux lettres et un beau jour, le jeune Maxime décide de prendre son envol. "Mon cousin me propose de postuler au sport-étude de Sablé-sur-Sarthe. Lui n’a pas été retenu, moi si. Là-bas, avec un collègue, on nous inscrit à l’INF Clairefontaine. C’est comme ça que je me suis lancé".

Partenaire de Didier Drogba au Mans

Pendant trois ans, Maxime d’Ornano voyage alors entre Le Mans, où résident toujours ses parents, et Clairefontaine, où il devient interne. Lors de sa troisième année dans les Yvelines, il prend vite conscience qu’aucun club de première division ne jettera son dévolu sur lui. Direction alors le MUC 72 (l’ancienne appellation du Mans FC, alors pensionnaire de D2). Du haut de ses 16 ans, il intègre rapidement la réserve (en CFA2). Il y noue alors des amitiés avec des joueurs qui se feront bientôt un nom dans le monde du football comme Laurent Bonnart et surtout Didier Drogba.

"Je rêvais d'être professionnel (...) Je n'étais sûrement pas assez performant, je devais avoir des manques"

"J’ai gardé contact avec tous mes anciens coéquipiers du Mans. Avec Laurent Bonnard qui a fait une belle carrière à Marseille et à Monaco, on s’appelle régulièrement. J’ai aussi vu Didier Drogba avant de signer à Rouen, on a échangé, ça faisait un petit moment qu’on ne s’était pas vu". Ce passage manceau marque néanmoins la fin de ses derniers espoirs de passer « pro ». En 1999, il n’est pas conservé. "Je rêvais d’être professionnel mais il y en a beaucoup comme moi et finalement peu d’élus pour 1 000 raisons. En ce qui me concerne, je n’étais sûrement pas assez performant, je devais avoir des manques. C’est comme ça, il faut s’épanouir autrement".

Au FCR, certains se plaisent aujourd’hui à surnommer Maxime d’Ornano « Le Breton ». Si l’entraîneur porte aujourd’hui ce sobriquet, c’est évidemment parce que la Bretagne est vite devenue une terre d’attache, autant pour ses parents que pour lui. "Après mon passage au Mans, j’ai atterri en DH à l’US Lannion", retrace-t-il. Le jeune footballeur trouve rapidement son équilibre. C’est même à Lannion qu’il rencontre son épouse et que naissent ses deux enfants. Côté terrain, il décroche un emploi-jeune au sein du Lannion FC nouvellement créé, puis c’est au Stade Briochin, avec une mission passionnante en emploi-jeune à Plessala (un club de district), que le milieu défensif prend vraiment goût à entraîner. "Là-bas, je m’occupais de tout, mais surtout des seniors. Je jouais en CFA 2 et parallèlement, j’avais deux séances à animer. Tout de suite, j’ai adoré et pourtant, je n’avais que 20 ans".

Il quitte le Stade Briochin à cinq journées de la fin

S’il continue à jouer au football en Bretagne, il s’offre une pige d’une saison en… Normandie, du côté de l’US Avranches (2005-2006) avant de revenir à Lannion finir sa carrière comme joueur-entraîneur. "On a connu quelques promotions, on a même failli monter en CFA avec un budget de 300 000 €", relate-t-il avec le sourire. "Parallèlement, j’ai continué à me former. A Plessala, j’avais eu mon Brevet d’Etat, à Lannion mon DES". C’est ainsi qu’il finit par répondre à l’appel de son ancien partenaire du Stade Briochin : Guillaume Allanou, devenu président, lequel lui propose de prendre la succession de Sylvain Didot. La suite pour le natif d’Ollioules ? Une montée en National au bout de trois ans (durant l’exercice 2019-2020) suivie d’un maintien maîtrisé au troisième échelon avant de se retirer subitement. "On est à cinq matches de la fin, on joue contre Bastia et je décide de stopper. J’ai besoin de contrôler tout ce que je fais et je sentais que là, j’étais moins à l’aise. Pour moi, c’était le moment de partir, ça pouvait paraître surprenant parce qu’on était troisième".

"La famille, c'est tellement important pour l'épanouissement personnel, je ne la remercierai jamais assez"

On est alors en avril 2021 et huit mois plus tard, Maxime d’Ornano se remet en selle au FCR où il débarque avec une réputation de gagneur. Il ne va mettre que 18 mois à concrétiser des débuts prometteurs en réitérant l’exploit briochin de monter en troisième division. Aurait-il imaginé un jour devenir l’entraîneur principal d’un club de football où la passion est à ce point débordante ? "Lorsque j’étais entraîneur à Lannion, nous avons eu la B de Rouen dans notre groupe une année et on était venu jouer à Diochon", rembobine le coach. "A l’époque, je m’étais dit : « Wahou, ici, c’est un gros club ». En plus, mon adjoint (Erwan Douarin) était normand et il nous avait raconté l’histoire de Rouen quand on était venu les jouer".

Si tout n’a pas toujours été rose sur les bords de Seine où il a débarqué seul, notamment lors des décès successifs de sa maman et du président Maximilien de Wailly, Maxime d’Ornano a trouvé une deuxième famille en Normandie avec "la confiance du président Charles Maarek", "un staff exceptionnel", et "une ambiance grandiose". Sans oublier bien sûr les siens restés en Bretagne qui lui permettent de garder un équilibre parfait. "Ma famille me soutient au quotidien, elle est dans la partie cachée mais elle est là. La famille, c’est tellement important pour l’épanouissement personnel, je ne la remercierai jamais assez". Pour « Le Breton », l’excitante saison de la confirmation se profile en National à la tête des « Diables Rouges ». "Désormais, j’ai appris à connaître le club. Il n’était pas à sa place. Et il y a encore plein de choses à y faire", conclut, en guise de promesse, celui qui a désormais été plus qu’adopté en Normandie.

> N1. J1 - Dijon / FC Rouen, vendredi 11 août à 19 H 30 au Stade Gaston-Gérard.

Aurélien Renault

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